Mamadou Baadiko Bah président de L’Union des forces démocratiques (Ufd), qui fut témoin de la lutte de la Zanu, alors étudiant à Paris dans les années 70, jette un pavé dans la marre de la « dynastie » des Mugabe, qui sont une illustration honnie des dirigeants africains ayant participé à la lutte pour la libération de leurs pays du joug colonial, avant de revêtir des costumes de « dictateurs sanguinaires et corrompus ».
Le leader de l’Ufd que nous avons joint à partir de Douala, au Cameroun, passe aussi en revue, dans cet entretien, entre autres la tragédie libyenne, ce pays du nord du continent, livré à des factions armées, où des noirs africains sont réduits en esclavage, par des réseaux de passeurs clandestins et le bras de fer entre le gouvernement et le syndicat de l’éducation, qui paralyse les milieux scolaires depuis le 13 novembre.
L’affaire Mugabe n’est d’ailleurs pas un cas isolé, sur le continent où les chefs d’État qui ont le plus souvent combattu de manière farouche le colon blanc, une fois au pouvoir, deviennent des autocrates, corrompus qui étouffent les libertés de leurs peuples. On l’a vécu avec Sékou Touré, Nino Viera de la Guinee-Bissau, Eduardo Dos Santos d’Angola, et Jacob Zuma n’est pas en reste, bien que son pays soit quand même une démocratie. Vous qui avez vécu les années de l’Afrique des indépendances, est-ce que vos espérances ne sont finalement pas déçus avec le recul?
Vous donnez là de très bons exemples de dirigeants africains qui ont certes participé à la lutte pour la libération de leur pays du joug colonial mais qui, après se sont transformés en dictateurs sanguinaires et le plus souvent en rapaces corrompus, insatiables quand il s’agit de voler les richesses de leur pays. La cruelle vérité est là. Le PAIGC, est une bande de prédateurs dont beaucoup sont engagés dans le trafic international de drogue. Le MPLA est une caste de profiteurs ayant eu à sa tête Eduardo Dos Santos dont la famille est la plus riche d’Afrique avec une fortune qui se compte en milliards de dollars, pendant que l’écrasante majorité de la population vit dans la misère!
Jacob ZUMA, militant nationaliste, compagnon de détention de Nelson MANDELA est archi connu pour sa corruption débridée et son excentrisme, avec des centaines de plaintes sur le dos! Mais vous avez oublié de citer les dirigeants algériens du FLN (Front de Libération Nationale) qui, eux aussi, dans le cadre du parti presque unique, ont constitué une caste de mandarins indéboulonnables au pouvoir, au nom de la contribution à la lutte de libération. Vous avez vu la situation du « Libérateur », l’autre Dinosaure, Abdel Aziz Bouteflika, impotent accroché au pouvoir. Rien de différent de Mugabe. Sans oublier l’Ougandais Yoweri MUSEVI, autre disciple du Président Julius NYERERE, arrivé au pouvoir par les armes en 1986 et qui, lui aussi s’éternise au pouvoir.
Récemment il a été cité par la justice américaine dans une affaire de corruption impliquant une société minière chinoise ! Devant ce spectacle de la trahison des intérêts des peuples africains, je ne suis pas déçu, mais révolté. Mais heureusement qu’il y a des raisons de ne pas désespérer des Africains : nous avons eu quand même les capitaines Jerry RAWLINGS du Ghana et Thomas SANKARA du Burkina Faso qui, malgré quelques erreurs, ont donné le bon exemple. Sankara a été le premier dirigeant africain à avoir déclaré son patrimoine, il y a maintenant plus de 35 ans. Par comparaison, en Guinée, plus de 7 ans après, on cherche encore comment appliquer un texte pourtant limpide contenu dans la Constitution de 2010 sur la déclaration de patrimoine des dirigeants!
Ceci dit, je me pose depuis toujours cette question lancinante : Nelson Mandela, chef historique de l’ANC a été un dirigeant presque exemplaire. Est-ce que l’ANC de son vivant pouvait se transformer en classe dominante, privilégiée et corrompue, comme c’est le cas maintenant ? Patrice LUMUMBA assassiné par les occidentaux en 1961, s’il était resté au pouvoir, aurait-t-il pu se transformer en ce prédateur criminel nommé MOBUTU Sese Seko ? Est-ce que le PAIGC se serait comporté de la même façon si Amilcar CABRAL, son premier président n’avait pas été éliminé en Guinée le 20 janvier 1973, avant l’indépendance?
Est-ce que le MPLA serait devenu ce ramassis de voleurs-jouisseurs impénitents, si Agostino NETO, son premier président n’était pas mort prématurément juste après l’indépendance le 10 septembre 1979? Est-ce que le Président NKRUMAH, selon moi, le plus grand chef d’Etat de l’Afrique du XXème siècle, aurait fini par dévier de sa route de bâtisseur infatigable, d’unificateur de l’Afrique et de champion du progrès des peuples africains ? Sur ce dernier point je réponds sans hésiter: Non.
La question que vous soulevez est donc très pertinente. Après 60 ans d’indépendance nominale, la majorité des Etats africains sont en faillite, en régression continue et même en dislocation pour certains. Quand on observe tous ces Etats dont vous parlez, les peuples africains doivent se poser la question du modèle institutionnel le mieux à même de les sortir du sous-développement, de la misère et même de l’esclavage.
Il est évident dans tous ces Etats où sévissent des dirigeants arrivés au pouvoir par la lutte armée ou par des coups de force armés ou électoraux, c’est la faillite totale. Les anciens libérateurs se comportent ensuite comme en territoire conquis. Ils se maintiennent par la répression, la corruption et les élections truquées. Ils n’ont de comptes à rendre à personne. Pire, c’est une caste privilégiée qui se reproduit naturellement sous la forme de clans familiaux et qui confisque le pouvoir de génération en génération. On observe le même phénomène dans les anciens pays communistes. Après la chute du système totalitaire, c’est une oligarchie composée de la Nomenklatura de l’ancien système qui s’installe aux commandes.
Leurs enfants occupent tous les postes du Parti-Etat, de la haute administration, des forces de sécurité et des affaires. Dans leurs relations avec nous, ils privilégient les Etats fonctionnant sur leur modèle dictatorial et corrompu. Tant que les pays africains ne vont pas se doter d’institutions fortes avec de véritables Etats de droit, les élites continueront leur œuvre destructrice. On ne peut pas compter sur la bonne volonté et la conscience des dirigeants africains. Il faut que nos peuples s’éveillent et apprennent à lutter efficacement contre ces dirigeants qui finissent par renier leurs engagements. C’est le lieu de regretter qu’en Guinée, il n’ ya aucun espace pour ce genre de débats qui nous auraient permis d’aller de l’avant et de sortir de la stagnation, de la misère et de la désunion. Au contraire, malgré la liberté d’expression qui est effective vaille que vaille, ce qui domine, ce sont les slogans creux, les invectives, les insultes et les manœuvres politiciennes au jour le jour.
Certains observateurs pensent que l’union africaine est une institution au service des « autocrates » du continent. Ils en veulent pour preuve la réaction de l’UA sur la crise zimbabwéenne, qui avait carrément pris fait et cause pour Robert Mugabe. Partagez-vous cet avis ?
Avec beaucoup de peines (à cause de l’opposition farouche des anciennes puissances coloniales), le Président Kwame NRUMAH, appuyé par quelques autres collègues, a réussi à mettre en place en mai 1963, l’Organisation de l’Unité Africaine. Mais depuis sa chute en février 1966, l’OUA en est restée aux rencontres formelles annuelles. Le seul acquis positif qu’on peut mettre au crédit de l’organisation, a été la décolonisation presque complète de l’Afrique – à l’exception du Sahara Occidental et des Iles d’Afrique orientale. Pour le reste, l’OUA devenue Union Africaine sous l’impulsion du Colonel Khadaffi de Libye est restée une assemblée léthargique où les seules questions que l’on évite d’évoquer, ce sont les véritables problèmes des peuples africains : misère, sous-développement, chauvinisme, chômage, dictatures, violations des droits humains. Donc rien ne m’étonne personnellement sur ces louvoiements de l’Union Africaine face à la joie du peuple du Zimbabwe débarrassé de Mugabe…par un coup d’Etat en bonne et due forme. Dans sa forme actuelle, l’U.A. reste un syndicat de chefs d’Etats défendant bec et ongles leur pouvoir. Mais pour ne pas être partial et même ingrat, il faut reconnaître que l’U.A. et la CEDEAO s’étaient impliquées dans la résolution de la crise guinéenne en 2009/2010 après le coup d’Etat du 22 décembre 2009 qui a porté le Capitaine Moussa Dadis CAMARA du CNDD au pouvoir.
Par contre le président ivoirien Dr Alhassane Ouattara avait lui, appelé Mugabe à sauver la face, en rendant le tablier. Il a rappelé dans la foulée que le monde a changé, et que ce qui était possible avant, ne l’était plus aujourd’hui avec l’ouverture d’esprit des populations. Voilà une réaction qui prenait le contrepied de celle du président de l’UA. Pourquoi cette divergence de vue M. Bah?
Je ne saurais vous le dire. Mais je crois que dans cette affaire, chacun voit midi à sa porte ! Les problèmes de politique intérieure dictent toujours les prises de position à l’extérieur.
Nous allons à présent demander vos impressions sur la crise libyenne, et ces marchés aux esclaves où sont vendus des subsahariens, révélés au grand jour par un documentaire de la chaîne d’information en continu CNN. Quelle est votre lecture de cette tragédie ?
Depuis que l’ancien président français Nicolas SARKOZY a décidé de régler des comptes personnels avec le Colonel KADDAFFI, ce pays est déchiré par une guerre civile sans fin. Entre les clans, les milices, les groupes armés et les factions de toutes sortes, personne n’arrive à se retrouver. Mais encore une fois, pour revenir à cette question de l’esclavage, c’est maintenant que beaucoup de gens découvrent le penchant esclavagiste des Arabes à l’égard des Noirs. Il est établi que le premier trafic négrier n’a pas été celui du Commerce triangulaire à travers l’Atlantique, mais bien du Sahara et d’Afrique orientale par les Arabes qui ravitaillaient ainsi le Golfe arabo-persique. Une des bases les plus tristement célèbre de ce trafic qui ne s’est arrêté qu’avec la colonisation européenne, est Zanzibar. Même le patois appelé Swahili – créole des langues Bantu et Arabe, est né de ce trafic ignoble. Vous connaissez la Mauritanie où sévit l’esclavage des Nègres que l’on dilue dans une habile confusion sémantique entre « esclave » et « servant », tout en réprimant durement tous ceux qui, faits à l’appui, dénoncent l’esclavage. Vous avez bien suivi les traitements inhumains et barbares infligés aux migrants africains et asiatiques en Arabie et dans les Etats du Golfe. C’est donc une culture. Hélas, il faut s’en souvenir. Figurez-vous que le Président Kwame NKRUMAH n’avait pas hésité à le rappeler à son ami Gamal Abdel Nasser, alors même qu’il était marié à une Egyptienne ! Malheureusement donc, dans cette affaire il n’ ya rien de nouveau pour qui veut bien se pencher sur la réalité et l’Histoire. Dans toutes nos relations avec les Arabes dont beaucoup au Maghreb refusent de se reconnaître Africains, nous devons avoir en tête ce lourd héritage culturel. Ce qu’on voit en Libye n’en n’est que l’illustration la plus récente. C’est la faillite de 60 ans d’indépendance qui nous ramène à ce point qu’on croyait à jamais révolu. Les indignations et les condamnations n’y changeront rien. Il faut résoudre le problème à sa source. Parlant de nos relations avec nos frères du Maghreb, il faut se souvenir du grand révolutionnaire marocain, Mehdi Ben BARKA, panafricaniste convaincu, assassiné en octobre 1965 à Paris par le Roi Hassan II, en complicité active avec les services secrets français et américains. Il a énormément œuvré pour combler le fossé entre l’Afrique noire et le Maghreb.
L’immigration est devenue une des plaies du continent. Malheureusement les pays africains n’ont pas l’air d’appréhender la problématique?
Mais comment voulez-vous que les dirigeants africains qui ont mené leurs peuples à la ruine, à la misère extrême, au désespoir et à la fuite vers l’enfer, puissent appréhender la solution à la catastrophe dont ils sont responsables ? Leur seule réponse est de s’en servir comme prétexte pour demander de l’argent à l’Europe. Ils n’ont pas d’autres préoccupations.
Mais dans l’analyse de ce fléau, il faut aller plus loin. L’esclavage des Noirs aux Amériques n’a pu se faire que parce qu’il y avait des rois nègres qui se faisaient la guerre et capturaient des esclaves – leurs frères et sœurs – qu’ils livraient aux les négriers européens en échange d’alcools, de pacotille, etc. C’est dire donc que des Africains sont partie prenante des crimes commis contre leurs peuples. Dans un document non encore publié, j’ai attiré l’attention sur la présence en Guinée par exemple de milliers de passeurs, agents recruteurs de ces réseaux d’esclavage. Ces criminels ne se cachent même pas. Ce sont des rabatteurs qui sont là pour tromper des jeunes dans le désespoir pour les embarquer dans cette folle aventure qui finit le plus souvent dans l’esclavage ou au fond de la Méditerranée. Ils agissent au grand jour et n’importe qui peut les contacter. Le plus grave c’est que ce sont ces bandes criminelles organisées qui financent le terrorisme dans la région ouest-africaine. Et c’est très rentable et moins risqué pour eux que le trafic de drogue ou de médicaments frelatés ! On commencera à prendre nos gouvernements au sérieux sur cette question de trafics d’êtres humains, lorsqu’ils vont démanteler et mettre hors d’état de nuire, ces réseaux du crime organisé, pas avant.
La Guinée est de nouveau en proie à des agitations dans les écoles, avec cette grève qualifiée de « sauvage » par le président de la République, en personne. Etant un fin connaisseur du système éducatif guinéen, à votre avis, la confrontation avec les mouvements syndicaux, voie choisie par le gouvernement, est-elle la réponse appropriée à cette crise ?
La crise qui du système éducatif guinéen est à la fois la cause et la conséquence de la crise générale qui secoue toute la société guinéenne depuis des décennies. Les maux dont souffre l’éducation sont profonds et bien connus. On cherche des solutions à coup de Commissions et d’Etats généraux, mais la crise persiste. Et ce n’est pas demain que ça changera car l’éducation souffre d’une gangrène sèche qui ne peut pas être guérie avec des réformettes! Je n’arrête pas de le dire- y compris aux plus hautes autorités de notre pays. On ne peut pas faire des omelettes sans casser des œufs. Tout le monde est d’accord pour changer, mais ceux qui profitent de ce système ne sont absolument pas prêts à renoncer à leurs privilèges. On va tourner en rond, effleurer tous les problèmes, mais sans en guérir définitivement un seul. Il devient évident tous les jours que pour sortir du système actuel, il faudra rien de moins qu’une véritable une véritable révolution – pacifique on l’espère – un électrochoc, qu’on le veuille ou non. Les maux de l’éducation, c’est comme tous les autres secteurs de la société guinéenne : ce sera changer ou mourir. Regarder par exemple le nouveau ministre de l’Education Nationale, M. Ibrahima Khalil KONATE. Il a fait preuve de courage à son poste. En appliquant les instructions reçues de sa hiérarchie, il a essayé de toucher même à des intouchables. En 2017, il a réussi à nous produire le bac le plus sérieux depuis longtemps ! Mais justement, c’est là où le bât blesse ! Il s’est fait énormément d’ennemis car il a mis fin au commerce très lucratif des notes aux examens…Je l’ai même appelé en octobre pour le féliciter. En plaisantant, je lui ai demandé s’il n’avait pas peur de recevoir une balle dans la tête! Dans le contexte guinéen hélas, ce n’était qu’une demie plaisanterie ; vos lecteurs savent de quoi je parle…Les attaques personnelles dont est l’objet ce ministre à l’occasion de cette nouvelle grève, ne me surprennent pas.
Le gouvernement fait beaucoup d’efforts pour sortir le système éducatif de la crise profonde dans laquelle il se débat. Mais ce qui me pose problème dans les réformes initiées, c’est la motivation exclusivement budgétaire des mesures prises. Ce sont les difficultés financières de l’Etat qui l’amène à chercher à réduire à tout prix le nombre de bacheliers, alors que normalement, c’est la recherche de la qualité qui devrait être le leitmotiv. C’est la même raison qui explique le serrage de vis sur le budget des examens, alors que c’était une énorme machine à corruption et à détournements. Donc pour l’instant ces grèves perlées et cette agitation me paraissent totalement inutiles car n’allant nullement dans le sens de la recherche des vraies solutions aux problèmes du système éducatif dont la finalité est de former la jeunesse à occuper la place de choix qui lui revient dans une société équilibrée et en progrès, avec l’égalité des chances pour tous.
Les enseignants réclament 8 millions de fg comme salaire de base. Est-ce que cela vous paraît raisonnable, vu l’état de nos finances, qui ne connaissent aucune embellie ?
Dites-moi : qu’est-ce qui vous paraît normal dans notre pays ? Sous le couvert du droit de grève, nous avons chaque année une interruption des cours d’au moins un mois, en plus des « vacances scolaires » qui ne durent jamais moins de 4 mois ! Pendant ce temps, tout le système éducatif déjà mourant est paralysé. Et de façon irresponsable, inconsciente et même criminelle, tout le monde est content, comme j’ai eu à le dire à une autre interview : les enseignants sont payés à ne rien faire et sont très contents; les enfants sont contents, car ils peuvent jouer et flâner au lieu d’aller à l’école. L’Etat est presque content, il n’a apparemment rien à perdre de la grève. Donc d’année en année, on travaille de moins en moins et on s’enfonce de plus en plus. On peut comprendre que devant ce spectacle de corruption endémique et d’enrichissement illicite à ciel ouvert, les enseignants réclament n’importe quel salaire, selon l’adage : « soyons raisonnables, demandons l’impossible !». Voilà où nous en sommes. Si on accède à une telle demande, qu’est ce qui empêcherait le corps médical de demander les mêmes avantages. Eux aussi sont utiles au pays, malgré tout ! Et les autres corps de métier ? Voulez-vous qu’à force de satisfaire des revendications déraisonnables, alors que l’Etat n’a pas ces ressources, on retombe dans l’emballement de la planche à billets et l’hyperinflation comme justement au Zimbabwe ? Avec cette spirale, le serpent va se mordre la queue. Croyez-moi, je suis le premier à demander l’amélioration de la condition des enseignants. Mais comme tous les citoyens, les enseignants ont des droits mais aussi des devoirs envers le pays. Ce système où chacun veut profiter au maximum pour un minimum d’efforts et de sacrifices, ne contribuera pas à sortir notre pays de la crise multiforme dans laquelle il se débat depuis 60 ans. Dans ce système décadent, les élites se battent chacun avec ses armes pour avoir sa part du gâteau alors que la calebasse est déjà presque vide ! C’est l’ensemble du système étatique guinéen qui doit être réformé en profondeur, si on veut sortir de ce système prédateur et corrompu qui laisse de côté les besoins essentiels des populations et les services publics indispensables.
Votre dernier mot ?
Je suis désolé qu’aujourd’hui, devant la détresse des peuples africains, 60 ans après les indépendances, nous autres qui avons connu tout cela, en soient réduits à appliquer le principe : « Vaincre ou témoigner ». Nous avons beau montrer, preuves à l’appui, les méfaits des élites africaines, prédatrices, inconscientes et criminelles, utilisant l’ethnicisme, la soumission aux intérêts extérieurs, la corruption, le non-respect du bien public, le mépris des intérêts du peuple, ça n’intéresse personne ! C’est comme hurler dans le désert. Même la jeunesse qui est la principale victime de cette situation est noyée dans ce système et n’a pas le temps de nous écouter. Mais tant que Dieu nous donnera des forces, nous continuerons à lutter pour montrer la voie de la vérité, la seule vers le salut. Nos frères eux des mouvements de libération quant à eux, avaient pour slogans : « La victoire ou la mort – La victoire est certaine ». Dommage que certains d’entre eux se soient reniés en tant que Combattants de la liberté.
Je vous remercie.
Entretien réalisé par
Mamadou Dian BALDE