Lundi 22 janvier, George Weah est devenu le 24e président libérien. Une accession au pouvoir qui est l’aboutissement d’un destin hors-norme. Reportage à Gibraltar, le bidonville de son enfance, sur les traces de son ancienne maison, de son terrain de football ou à la rencontre des habitants, dont les espoirs sont immenses.
Lundi 22 janvier, George Weah est devenu le 24 ème président libérien. Une accession au pouvoir qui est l’aboutissement d’un destin hors-norme. Élevé dans un bidonville de Monrovia et sorti de la pauvreté grâce à son jeu de jambe, l’ancien ballon d’or a fait de ses origines modestes un des principaux arguments de campagne.
Notre envoyée spéciale s’est rendue à Gibraltar, le quartier d’où est originaire George Weah, et où les espoirs sont immenses.
1. Gibraltar, le bidonville de son enfance
Situé en bordure de la lagune, à Monrovia, Gibraltar est le bidonville dans lequel George Weah a passé son enfance. Aujourd’hui, 85 000 personnes habitent des maisons en tôle dans ce quartier précaire. Élevé par sa grand-mère, le nouveau président libérien a rapidement dû faire des petits métiers pour survivre.
2. La maison des Weah
George Weah a grandi dans cette maison (verte, à droite) du quartier de Gibraltar, où vit toujours une partie de sa famille. Après Samuel Doe, il n’est que le deuxième président du pays à ne pas appartenir à l’élite politique, économique et intellectuelle libérienne, constituée de descendants d’esclaves afro-américains.
3. Son terrain de quartier
C’est le football qui a permis à Weah de sortir de la pauvreté. Sur ce terrain du quartier voisin de Clara Town, il a disputé de nombreux matchs, avant d’être repéré et de partir à l’étranger. L’attaquant a d’abord joué au Cameroun avant de gagner l’Europe, à 22 ans, où il a été une des stars de Monaco, du Paris Saint-Germain puis de l’AC Milan dans les années 1990. En 1995, il est sacré Ballon d’or, récompense suprême du football mondial.
4. Son ancien entraîneur
Haj Massaquoi a 66 ans. Il était l’un des entraîneurs du Fefeh United Sports Association, le club de football de Clara Town où George Weah a joué.
Comme la plupart des habitants du bidonville, il a voté George Weah le 26 décembre dernier. « Je suis très fier de lui. Ici, on n’a rien mais on a créé un président. Il y a une part de lui dans chacun de nous et nous sommes tous un peu lui. »
5. Le Congress for Democratic Change (CDC)
Après avoir mis un terme à sa carrière sportive en 2003, George Weah se lance dans la politique. En 2004, il fonde son parti, le Congress for Democratic Change (CDC) et, un an plus tard, est candidat à l’élection présidentielle. Comme en 2011 où il tente d’être élu à la vice-présidence, il perd face au ticket conduit par Ellen Johnson Sirleaf, première femme présidente en Afrique.
6. « Avec lui comme président, je suis sûr que la vie sera plus facile »
George Weah est très populaire dans les milieux pauvres, où se trouve la majorité de son électorat. En 2014, il est ainsi facilement élu sénateur du comté de Montserrado, où se trouve la capitale.
« Avec lui comme président, je suis sûr que la vie sera plus facile. Depuis qu’il est sénateur, il a déjà construit une école publique et un hôpital ici. Il n’y avait que des établissements privés avant, beaucoup trop chers pour nous », dit Musah, 27 ans.
7. Son ancienne école
L’école dans laquelle le président libérien a fait ses classes, petit, a été repeinte, mais ses équipements sont rudimentaires. Depuis l’entrée en politique de George Weah, ses adversaires pointent son faible niveau d’éducation, mettant en doute sa capacité à gérer un État. Pour tenter de mettre fin à ces critiques, l’ancien footballeur a pris des cours dans des écoles privées américaines.
8. L’espoir des habitants
« Lui sait ce que c’est que d’avoir faim. » Philippe a 52 ans, il est né à Clara Town et est aujourd’hui plein d’espoir. Mais il ne sait arrêter la liste des « priorités » pour le président : « mettre fin à la corruption, faire baisser le chômage, construire des routes, améliorer le système de santé… ».
9. Jour d’investiture
Investi le 22 janvier devant des dizaines de milliers de personnes, le nouveau président libérien a conclu des alliances sulfureuses pour accéder au plus haut niveau de l’État. Il a notamment été élu grâce aux voix des partisans de Charles Taylor grâce au ticket conclut avec l’ex-femme de l’ancien président : Jewel Howard-Taylor. La nouvelle vice-présidente, politique confirmée, pourrait avoir une forte influence sur George Weah, selon plusieurs observateurs.
10. L’insalubrité omniprésente
Comme à Gibraltar, les infrastructures de base font cruellement défaut au Liberia. Même dans la capitale, la plupart des quartiers n’ont ni électricité ni eau courante.