Hier vendredi 25 avril 2018, après deux jours de garde à vue à Nanterre, près de Paris, l’homme d’affaires français Vincent Bolloré a été inculpé par la justice de son pays pour « corruption d’agent étranger », de « complicité d’abus de confiance » et de « faux et usage de faux ». Cela fait suite à l’enquête sur l’obtention par son groupe de concessions portuaires en Guinée et au Togo. On lui reprocherait en effet d’avoir obtenu les concessions du port de Conakry et de celui de Lomé en contrepartie de services rendus aux dirigeants locaux via sa filiale Havas.
Mais depuis cette inculpation du milliardaire breton, une certaine presse internationale, des réseaux d’affairistes, ainsi que des hommes politiques occidentaux se sont engagés, tête baissée, dans une vaste campagne de lynchage médiatique et de dénigrement contre deux dirigeants africains dont le seul crime est d’avoir négocié, en toute souveraineté, des contrats en faveur de leurs pays.
Pour le cas spécifique de la Guinée, il faut noter que Vincent Bolloré a été mis en examen dans le cadre d’une enquête portant sur la concession du terminal à conteneurs du port de Conakry.
Quelques mois après sa prise de fonctions en tant que premier président démocratiquement élu de la Guinée indépendante, le Professeur Alpha Condé a décidé de mettre de l’ordre dans tous les secteurs de la vie nationale où des contrats fantaisistes ou mal ficelés avaient été signés. C’est dans ce cadre précis qu’il a ainsi pris un décret pour retirer à Getma, filiale de Necotrans, la concession du port du Conakry. Pour les nouvelles autorités, ce retrait était d’autant plus justifié que Necotrans n’aurait pas, à leurs yeux, honoré ses engagements. Certains investissements et la formation du personnel local auraient pris du retard. Par la suite, on le sait, ledit terminal à conteneur du port de Conakry sera récupéré par le groupe Bolloré, avec des engagements clairs et avantageux pour les deux parties. Comme il fallait s’y attendre, Necotrans a, pour sa part, dénoncé ce qu’elle qualifie d’éviction arbitraire et a décidé d’attaquer en justice le groupe Bolloré et l’Etat guinéen. La suite, on la connaît.
Avec l’inculpation de Vincent Bolloré, en lien avec la concession du port autonome de Conakry, certains esprits malintentionnés (notamment dans la presse internationale ainsi que dans les milieux d’affaires et politiques d’Europe), font croire, avec une bonne dose de mauvaise foi, que le soutien du milliardaire français aura été décisif dans la brillante élection du professeur Alpha Condé en 2010.
Pour tous ceux qui connaissent l’homme et le combat qu’il a courageusement mené pendant une quarantaine d’années pour l’instauration d’une véritable démocratie dans son pays, ce serait vraiment désobligeant, voire irrévérencieux de penser que le professeur Alpha Condé doit sa victoire électorale de 2010 à une ‘’main extérieure’’.
Fondateur du RPG, le Pr. Alpha Condé fait partie du cercle très restreint des grands leaders panafricanistes qui ont toujours eu horreur des diktats de l’Occident. Ce qui lui vaut quelquefois une certaine hostilité de ce côté-là. Mais nul ne peut empêcher le soleil de se lever. La blanche colombe n’a aucune crainte d’être atteinte par le crachat d’un crapaud.
Ibrahima Sory CISSE