Le limogeage de Boubacar Sow, l’ancien président du Conseil d’Administration de la SOGEAC, sonne comme un acte de trop à l’antipode de la volonté du Président Alpha Condé à vaincre le phénomène de la corruption dans le pays.
Toutes les informations reçues sur ce dossier qui restera aussi longtemps dans les mémoires, confortées par la version des faits du partant à ce poste, ne laissent pour le moment aucun doute, que l’acte présidentiel pris ouvre un boulevard à tous les excès dans la gestion de l’aéroport par son premier responsable.
Pour être plus clair, le pêché qui a été fatal pour Boubacar Sow, aurait été, de s’être autorisé en sa qualité de Président du CA de l’aéroport, alors fondé de ce pouvoir, à fouiner dans la gestion de son directeur qui semble désormais exempt du devoir de rendre compte de sa gestion.
Après des tentatives, nous avons enfin pu rencontrer ce Président déchu du CA, limogé le 19 avril dernier pour faute lourde.
Assis dans son salon, entouré de ses amis avec qui il tue le temps, donc se relaxe-t-il, en parlant de tout, mais a priori de football et de faits divers de façon déconcertante, Boubacar Sow, en le faisant basculer sur le sujet concernant son limogeage dont il n’aime pas discuter, se dit plutôt préoccupé par la gestion peu catholique de l’aéroport aux conséquences regrettables, nous-disait-il avec une mine qui change.
Nous lui avons tout de même arraché des mots. C’était il y a des jours à son domicile, le soir de sa première sortie médiatique chez nos confrères d’Espace FM.
Lisez !
« Quand on est arrivé en juin 2011 à la tête de la SOGEAC, nous avons mis des outils de gestion en place. Un comité de pilotage et un autre de suivi budgétaire pour alerter la direction sur des éventuels dérapages. Le comité de suivi a constaté qu’il y avait des dérapages, donc des détournements. Nous avons mandaté deux cabinets dont FFA pour procéder à un audit. Ceux-ci ont déposé le rapport d’audit qui accablait fortement le directeur général Woulaba Kabassan Keïta. Il lui a été reproché des dépenses non autorisées, des passations de marchés floues et d’un dépassement de l’ordre de 4 milliards de francs guinéens. Je lui ai adressé une lettre pour s’expliquer. Mais n’étant pas convaincu de sa réponse, nous l’avons convoqué à un conseil d’administration extraordinaire vers la fin de l’année dernière. La SOGEAC est partenaire aux aéroports de Paris qui sont cotés en bourse. Lors d’une rencontre entre le Chef de l’Etat et la directrice de l’Agence française de développement, celle-ci a évoqué le sujet au président. Un conseil d’administration ordinaire a été convoqué au mois d’avril à Paris pour l’adoption des états financiers. La directrice de l’AFD, m’a demandé que le point relatif à l’audit, figure dans l’ordre du jour. Mais le ministre des Transports Oyé Guilavogui, s’est opposé à l’inclusion de ce point tandis que la partie B, c’est-à-dire nos partenaires, qui détiennent 49% des parts de la société.
Moi je lui ai répondu que je n’ai ni la prétention, ni le pouvoir de refuser l’insertion d’un point à l’ordre du jour demandé par un partenaire…
C’est à notre arrivée à Paris à 06h du matin pendant que je me reposais dans ma chambre, je reçois un coup de fil du Directeur Général des Aéroports de Paris, qui m’annonce un décret m’enlevant de mon poste et laissant le directeur général de la SOGEAC qui a fait disparaître les traces de 4 milliards GNF, libre. Ils motivent mon limogeage pour faute lourde. C’est incompréhensible pour moi. Ils font du chasseur, le gibier », a-t-il regretté.
ML Cissé