C’est un doyen de la presse guinéenne, il est surtout patron du groupe Lynx/lance et Lynx Fm. Diallo Souleymane est aussi le représentant de Reporters sans frontières en Guinée.
Ce lundi, il est monté au créneau pour, d’abord, réagir suite à la sortie du Chef de l’Etat qui l’accuse à mots couverts, dit-on, d’être le «mauvais complice» de RSF dans le classement de notre pays qui occupe cette année une place inconfortable en matière de liberté de la presse. Puis, expliquer ce passage de la Guinée de la 101è à la 104è place.
D’entrée de jeu, le doyen Diallo Souleymane, comme on le nomme dans le milieu de la presse, a indiqué qu’il ne parlait pas au nom de RSF, mais à titre personnel.
Pour le Chef de l’Etat et la Haute Autorité de la Communication (Hac), aucun journaliste n’est en prison sous la troisième République. Cet argument est même devenu le refrain de courtisans du rang de l’actuel ministre de la Communication, Rachid N’Diaye.
Là-dessus, Diallo Souleymane est ferme : «ce sont des balivernes», dit-il. En guise d’exemple, il cite le cas de l’Administrateur général du groupe Gangan, Aboubacar Camara. Selon lui, ce journaliste a bel et bien été emprisonné alors qu’on parlait officiellement de garde-à-vue.
D’ailleurs, mentionne-t-il, « la loi guinéenne n’accepte pas qu’un journaliste soit emprisonné». Il fait ainsi allusion à la loi L002, qui dépénalise les délits de presse. La loi est plus âgée que l’actuel régime.
Parmi les mauvaises images ayant valu à la Guinée cette dégringolade dans le classement de Reporters sans frontières, figure cette bastonnade à ciel ouvert de dizaines de journalistes à l’Eco 3 de Matam.
Selon la version que le président Condé ne cesse de mettre en avant dans cette affaire, des journalistes ont craché sur les gendarmes. C’est ce qui aurait énervé et poussé ces derniers à malmener ces journalistes comme des sous humains, et à endommager leurs matériels de travail.
«Comment quelqu’un qui a un dictaphone peut-il cracher sur un autre qui a une Kalachnikov?» S’interroge Diallo Souleymane. A mon sens, a aussi dit le doyen, la presse guinéenne fait ce qu’elle peut, dans des conditions extrêmement difficiles.
Thierno Amadou M’Bonet Camara