Pas tout à fait au sens strict et archaïque du terme, mais au figuré, le président Lansana Conté, depuis les cieux, vit sa rédemption. Il en est tout heureux ! Jamais de sa vie, il ne s’imaginerait reconnu par le plus redoutable opposant à son régime – en consacrant des talents fabriqués de ses propres mains. Parce qu’en fait, nombre des cadres de l’actuelle gouvernance sont des transfuges du PUP. De quoi donc enchanter Lansana !
Conté aurait fait pareil !
Retour de la vieille garde ? La réponse est sans équivoque pour bien d’opinions. Même si ce qui est proposé n’est pas loin d’un copié-collé du style Conté, mais c’en est bien en quelque sorte une adaptation : l’essentiel de l’argumentaire politique d’acteurs d’aussi bien de l’opposition comme de l’actuelle majorité présidentielle, concentre Conté.
Ils sont des politiques s’adjugeant fièrement de ses actifs, l’aboutissement d’un pouvoir qui devrait être en principe, que la conséquence de sa formation politique : le Parti de l’Unité et du Progrès auquel ont appartenu Cellou Dalein Diallo, principal leader de l’opposition, Lansana Kouyaté ou encore Sidya Touré et le dernier promu Kassory Fofana. Tous, doivent incontestablement le prestige politique qui est le leur à Conté – Ils ont tous servi dans de différents gouvernements du militaire Lansana. Et par le fait des enjeux et du contexte, ils se sont constitués en formations politiques, à la suite du démantèlement du PUP pour en construire un dividende, un programme de société. A l’exception de quelques récentes figures, cette fabrique passe pour la mouture la plus prisée au sein de l’establishment politique.
Par ailleurs, on est bien aussi tenté de s’interroger sur l’apport additionnel de cadres comme Mouctar Diallo ou Aboubacar Sylla qui sont d’une relative représentativité, à moins que cela ne s’inscrive que dans une stratégie d’isolement du principal opposant Cellou. Ce qui ne serait pas tout à fait un pire casting même si cela ne saurait affecter l’électorat. Mieux, au contrario, c’est « la politique de mine de rien » qui aurait eu raison de l’engouement suscité près de militants qui comptaient capitaliser leur engagement à l’aune d’un remaniement.
Ces états aussi complexes et divers qu’ils soient, questionnent véritablement, la nature et le fonctionnement des structures qui composent et animent l’espace politique, mais et surtout la capacité pour ces structures à réfléchir des offres qui soient efficientes. Un idéal spécifiquement rendu difficile par l’absence d’un véritable marché politique informé, conscient et formé exit les enjeux uniquement liés à la seule conquête et la conservation du pouvoir politique. Mais en même temps, à voir l’intérêt et l’attention suscités par ce changement de gouvernement, on appréhende l’immensité des attentes des populations persuadées que le salut est strictement lié à une équipe de ministres politiques, alors que la véritable plus value escomptée tiendrait plutôt à une démarche intégrant tous les niveaux d’intervention y compris les secrétaires généraux et les chefs de cabinet pour une réussie coordination des actions publiques.
Kabinet Fofana