Dans le décompte des votes en sa faveur, le Maroc note onze absents de poids. Parmi ces onze fédérations africaines à n’avoir pas voté pour la candidature « du continent » : la Guinée. Le président de la Fédération guinéenne de foot assure pourtant à Jeune Afrique avoir voté pour le Maroc.
Au Maroc, on s’émeut : ce 13 juin à Moscou, lors du vote pour décerner l’accueil de la Coupe du monde 2026, Antonio Souaré, président de la Fédération guinéenne de football, a voté en faveur de la candidature « United » – qui rassemble le Canada, les États-Unis et le Mexique – et non pour le royaume.
Antonio Souaré était pourtant présenté depuis mars 2018 par la presse guinéenne comme « ambassadeur » de la candidature marocaine. Le président de la fédération avait en effet rencontré l’ambassadeur marocain en Guinée Driss Isbayene le 8 mars. Tous s’attendaient donc à ce que le Guinéen vote pour le royaume, mais qu’il fasse en outre sa promotion en amont du scrutin. Un espoir également alimenté par le fait que Conakry compte parmi les alliés traditionnels de Rabat en Afrique, aux côtés du Mali, du Sénégal et du Gabon, qui, tous trois, ont bien offert leur voix au Maroc.
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Sur les résultats officiels publiés par la Fédération internationale de football association (FIFA) pourtant, il est bien indiqué que la Guinée a voté « United Bid ». « Je n’ai pas voté pour la candidature United », assure pourtant à Jeune Afrique Antonio Souaré, qui estime « qu’il doit s’agir d’une erreur », « peut-être d’ordre technique », et présente ce qui a été sa signature en ligne pour ces dernières semaines : une portrait de lui à côté du logo de la candidature marocaine. Des propos qu’il a aussi tenus à nos confrères du site guinéen guinee7.com.
À Conakry, on s’étonne visiblement. Une source au gouvernement guinéen, qui rappelle que les fédérations de football sont indépendantes des gouvernements, assure à JA que le vote attribué à Souaré a « surpris », « d’autant plus que la Guinée a pour habitude de voter en faveur de la candidature africaine » lors de pareils événements.
Soutien de l’UA et de la Ligue arabe
Comme en miroir, des internautes brésiliens s’étonnent de voir que le président de la Fédération brésilienne de football, Antonio Carlos Nunes, a voté pour le Maroc alors que le Brésil avait promis sa voix aux Américains.
De manière générale, si les pays d’Amérique du Sud et d’Asie ont massivement apporté leurs voix à la candidature nord-américaine, les nations de la Ligue arabe, de Djibouti au Soudan en passant par les Comores et Oman, ont globalement voté en faveur de Rabat. A une exception : l’Arabie saoudite, alliée traditionnelle des États-Unis, s’est en revanche montrée très active pour soutenir le dossier « United« , entraînant avec elle les Émirats arabes unis. Le patron du football saoudien, Turki al Cheikh, n’a pas caché son activisme pro-United.
Les pays de l’Union africaine, institution que Rabat a réintégré en 2017 ont également été nombreux à soutenir Rabat, jusqu’à des pays proches des États-Unis, comme le Rwanda ou l’Éthiopie. Le Ghana, qui avait très tôt annoncé sa volonté de « voter Maroc » n’a finalement pas pu tenir sa promesse : la veille du scrutin, un scandale de corruption a amené la fédération de football à geler ses activités