Guinée : la société civile des imposteurs (Par Fodé Sylla)
Et voici que Monsieur Mamadou Aliou Barry y va aussi de son « Coming out » !
Le 4 août 2018, il a enfin révélé son appartenance à l’UFDG en adhérant officiellement à ce parti pour, dit-il, apporter sa contribution à l’accession de Cellou Dalein Diallo à la Présidence en 2020. Qu’on ne s’y trompe pas, contrairement à ce que Mamadou Aliou Barry affirme, ce n’est pas une « adhésion » mais plutôt la révélation de son militantisme dans ce parti. Cet ancien Président de l’Observatoire National de la Démocratie et des Droits de l’Homme (ONDH) de Guinée est également expert des questions de Démocratie et de Sécurité. A ce titre, il a été utilisé par les Nations-Unies pour la conception de la politique de réforme du secteur de la sécurité en Guinée. Avec cette révélation, il rejoint Mamadou Akoumba Diallo qui, en avril 2018, a lui aussi « découvert » à quel point les idéaux de l’UFDG se confondaient aux siens. Akoumba Diallo, l’expert du secteur minier, membre de l’ITIE Guinée et Consultant critique et impitoyable des médias guinéens sur les questions minières. Infatigable pourfendeur de la politique minière d’Alpha Condé. Avant eux, en 2014, après deux ans à la tête de l’Association des Jeunes Guinéens de France (AJGF), un autre activiste de la société civile a « choisi de militer au sein de ce parti », selon lui « pour les valeurs qu’il défend ». Il s’agit de Mamadou Boubacar DIALLO, vivant en France, devenu par la suite Secrétaire administratif de l’UFDG-France. Chers guinéens, voici, à travers ce petit échantillonnage, ce qu’est votre société civile. Celle de l’imposture et du mélange des genres. Et ce n’est pas fini. Fatou Baldé Yansané, Présidente de la Coalition des Femmes Leaders de Guinée est systématiquement acerbe vis-à-vis du pouvoir en place. Est-ce un hasard si elle est aussi l’épouse du Député Kalémodou Yansané, membre influent de l’UFDG et député du même parti à l’Assemblée nationale ? Quand ils ne sont pas inféodés à une formation politique, nos imposteurs de la société civile sont des recyclés de la vie politique. En effet, des anciens dignitaires qui ne supportent pas d’être retombés dans l’anonymat et qui cherchent un tremplin pour de nouvelles responsabilités politiques trouvent également refuge dans diverses structures appelées Organisations Non Gouvernementales ou Acteurs Non Etatiques. Abdourahme SANO Président de la PCUD et Sékou Kouréissy Condé à la tête de African Crisis Group sont tous les deux d’anciens ministres. Il en va de même des syndicats (qui sont également une composante de la société civile) qui ont à leur tête d’anciens ministres tels que Amadou Diallo de la CNTG ou Louis M’bemba Soumah de l’USTG. L’imposture de tous ces anciens ministres ou militants dissimulés, convertis ou reconvertis en activistes sociaux, c’est qu’ils se cachent derrière cette identité pour défendre soit les intérêts d’une formation politique, soit leurs propres intérêts. Pourtant, dans sa définition communément admise, la société civile est apolitique. Elle désigne l’ensemble des associations à caractère non-gouvernemental et à but non lucratif qui agissent comme groupes de pression pour influencer les politiques gouvernementales dans un sens favorable aux intérêts de ceux qu’elles représentent. Ces imposteurs trompent donc non seulement les membres de leurs structures respectives mais également les organisations internationales et les partenaires techniques et financiers du Gouvernement Guinéen. En effet, plusieurs organisations de la société civile sont utilisées par les branches des Nations Unies, l’AFD, la GIZ, l’USAID, l’Union Européenne, la Banque Mondiale et autres pour gérer, suivre ou évaluer des projets de coopération avec la Gouvernement Guinéen. La déclaration de Mamadou Aliou Barry lors de son adhésion est d’ailleurs très instructive en ce sens. Il assure vouloir aider l’UFDG à produire un « rapport très instructif » sur les violations des droits de l’homme dont font l’objet les militants de l’UFDG. Lui qui a longtemps travaillé comme expert des Nations Unies et autres institutions internationales a assurément les compétences pour concevoir ce type de rapport. Est-on sûr que les rapports qu’il a rédigés pendant qu’il se dissimulait sous son étiquette de Président de l’ONDH étaient débarrassés de toute considération partisane ? Par définition les projets financés par des organisations partenaires du Gouvernement Guinéen dans le cadre de la mise en œuvre de sa politiques mettent en jeu des intérêts financiers, économiques, sociaux et politiques trop importants pour que leurs succès soient menacés par des acteurs aux considérations partisanes.
Fodé Sylla *
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