Le 04 février 2016, notre confrère Mohamed Koula Diallo était abattu au siège de l’UFDG, dans l’exercice de ses fonctions. Après des enquêtes de près d’un an et demi et un procès en dents de scie de six mois, la justice guinéenne n’a pas su trouver le coupable de ce meurtre. En lieu et place, elle a condamné « un complice » : « Thianguel », poursuivi pour « complicité d’assassinat et complicité de tentative d’assassinat ». Il a été condamné à la « réclusion criminelle à perpétuité ». Si l’on n’était pas dans une histoire où un homme a perdu la vie, on aurait été amené à en rire. Puisque c’est la première fois qu’un supposé complice d’un acte peut être condamné sans avoir un coupable. Si « Thianguel » est coupable de complicité, de qui serait-il le complice ? Où est le coupable à qui il aurait apporté une aide pour commettre le crime jugé ?
Aujourd’hui, beaucoup de questions restent sans réponse pour la famille et les confrères de Mohamed Koula Diallo. Trois ans qu’il a été arraché à l’affection des siens et la justice semble avoir tourné cette page. D’autant plus que cela fait un an que les parties ont interjeté appel et qu’on attend toujours que le procès en deuxième instance soit programmé. Notre justice, malheureusement, manque à nouveau son rendez-vous avec l’histoire. Elle n’a pas su sécher nos larmes et permettre l’âme de Koula de reposer en paix. Cette date du 04 février rappelle le corps de notre ami qu’il ne peut jouir du repos qu’il mérite puisque son âme attend toujours que justice lui soit rendue. Les autorités politiques et les médias de notre pays ont le devoir impérieux de se mobiliser afin que la vérité éclate au grand jour. On ne peut pas tuer impunément. C’est le rôle régalien de l’Etat d’assurer la sécurité de ses citoyens et la justice de leur garantir réparation lorsque leurs droits sont violés.
Nous voulons, ici, exhorter le secteur des médias de resserrer les rangs, de se tenir debout comme un seul homme pour persévérer dans son rôle d’être la voix des sans voix. Dans cette affaire, l’interpellation de la justice par les journalistes ne doit faiblir pour garantir le repos de l’âme de Koula. Nous devons continuer à refuser en tous les cas de nous accommoder de cette injustice. Refusons d’accepter que notre frère soit assassiné une deuxième fois, comme l’avait si justement bien écrit Ibrahima S. Traoré au lendemain du verdict du juge Mangadouba Sow. Il est de la responsabilité des confrères de poursuivre la bataille pour une justice juste et équitable. La lutte doit aller jusqu’au bout pour ne pas encourager la récidive. Mohamed Koula Diallo doit être la dernière victime de la violence contre les journalistes.
Pour cela, la mobilisation et l’engagement des hommes et des femmes de médias est indispensable. Nous devons récuser l’omerta qui nous est imposée par la léthargie de notre société. Notre indignation est la meilleure manière de nous protéger. Nous nous devons de mener cette lutte jusqu’à l’ultime et équitable verdict que la justice nous doit. Nous le devons à Mohamed Koula, à son épouse, à ses enfants, à ses parents. Baptiser la Maison de la Presse par son nom doit être accompagné de notre volonté inlassable de journalistes à mener des investigations qui garantissent la vérité. Quelqu’un d’autre ne doit pas payer pour le crime qu’il n’aurait pas commis, en laissant les vrais coupables en liberté. Et si celui qui est condamné, a une quelconque responsabilité dans cette affaire, alors la justice doit nous en donner les preuves. La vérité, rien que la vérité et toute la vérité, c’est notre crédo.
En tout état de cause, Thiâ’nguel, qui est désigné par le tribunal comme le complice du meurtre, aurait décidé de porter le combat contre ce qu’il considère comme une injustice à son encontre. Désormais, il dit être prêt à faire face. Il souhaiterait que la vérité soit dite. Il affiche la ferme volonté de réclamer justice à la fois pour lui-même et par ricochet pour Elhadj Mohamed Koula Diallo.
Asmaou Barry et
Azoca Bah