Guinée : pourquoi une 4ème République…
Au lendemain de la disparition du général-président Lansana Conté en 2008, le capitaine Moussa Dadis Camara et ses compagnons du CNDD se sont emparés du pouvoir, au nez et à la barbe de toutes celles et de tous ceux qui caressaient l’espoir de voir la transition s’opérer par la voie constitutionnelle. La suite, on la connaît. Un Conseil national de transition (CNT), faisant office de parlement et sans consultation du peuple souverain, a proposé et fait promulguer une nouvelle Constitution pour permettre d’organiser des élections.
Aujourd’hui, force est de constater que cette constitution fait l’objet de beaucoup de critiques au sein de la société guinéenne. Ils sont en effet de plus en plus nombreux ceux qui se prononcent ouvertement et en toute objectivité pour une nouvelle constitution, instituant du coup une Quatrième République à même de prendre en compte toutes les légitimes préoccupations des populations des centres urbains et des campagnes.
Comme indiqué plus haut, cette constitution en vigueur n’aura été concoctée que par les membres du CNT mis en place sous la transition militaire, sans que le peuple n’ait son mot à dire. De l’avis de tous les spécialistes du droit, il aurait fallu un référendum pour donner l’opportunité et la possibilité au peuple de se prononcer librement sur un sujet aussi important que celui traitant de la Loi fondamentale qui le régit.
A deux ans de la fin du deuxième mandat du Pr. Alpha Condé, le débat sur l’opportunité ou non d’une 4ème République (avec une nouvelle Constitution) fait rage dans le pays. Toutes les occasions sont bonnes pour prendre position par rapport à ce sujet. Le 8 mars dernier, à l’occasion de la célébration de la Journée internationale des droits des femmes, des pancartes ont été librement brandies sur l’esplanade du palais du peuple pour appeler clairement à la mise en place d’une nouvelle Constitution pour la Guinée. Pour ces porteuses de pancartes et bon nombre de leurs compatriotes, l’impérieuse nécessité s’impose désormais de remplacer la constitution promulguée et entrée en vigueur sous la transition, avec la bénédiction d’un président intérimaire et d’un conseil transitoire. Sur les ondes des radios, les plateaux de télévision, les sites d’information, ou dans les colonnes des journaux, des personnalités politiques ou indépendantes n’hésitent plus aussi à dire ‘’oui’’ à l’avènement d’une 4ème République en Guinée.
Sous tous les cieux, on le sait, le changement de constitution se fait obligatoirement avec l’onction du peuple par voie référendaire. La Guinée ne saurait donc faire exception dans l’application de ce que l’on pourrait appeler à juste titre une règle universelle.
Le Gouvernement n’aura finalement d’autre choix que d’organiser, dans les formes et les conditions prévues par les textes de lois, un référendum transparent de bout en bout pour départager les partisans et les contempteurs d’une 4èmeRépublique.
Les deux camps seraient donc bien inspirés d’affûter leurs armes et autres arguments juridiques dans l’attente de l’organisation d’un référendum qui, pour les observateurs avertis, devient inéluctable en République de Guinée.
Ibrahima Sory CISSE