Guinée : la marche irrésistible vers le référendum constitutionnel
Depuis un certain temps, le débat fait rage autour de l’actuelle Constitution guinéenne, entrée en vigueur en 2010. Une constitution qui, on le sait, a été concoctée par les membres du CNT mis en place sous la transition militaire, sans que le peuple n’ait son mot à dire. De l’avis de tous les spécialistes du droit, il aurait fallu un référendum pour donner l’opportunité et la possibilité au peuple de se prononcer librement sur un sujet aussi important que celui traitant de la Loi fondamentale qui le régit.
Aujourd’hui, nombreux sont les acteurs politiques et les activistes de la société civile qui croient dur comme fer que le président de la République, Pr. Alpha Condé, ambitionne de prolonger son bail au palais Sékhoutouréya, au terme de son second et dernier mandat constitutionnel. Il y a quelques semaines, le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) a été porté sur les fonts baptismaux au siège de la PCUD d’Abdourahamane SANO par des plateformes de la société civile et certains poids lourds de l’opposition (Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré, Dr Ousmane Kaba, etc.) pour faire barrage, pensent-ils, au projet dont on dit si cher aux proches du locataire du palais Sékhoutouréya.
Par contre, pour les chauds partisans du Professeur-Président, le but ultime d’une gouvernance est de trouver, dans la mesure du possible, une solution pérenne aux différents problèmes qui se posent aux populations dans leur vie quotidienne, au triple plan politique, économique et social. Ils soutiennent qu’en huit ans de gouvernance Alpha, bon nombre de ces problèmes d’intérêt national ont été pris en compte ou en voie de l’être : la construction des barrages hydroélectriques, des routes, des écoles, des hôpitaux, des hôtels de haut standing; la lutte contre la corruption ; la gratuité de la césarienne ; la réforme des forces de défense et de sécurité ; la création d’emplois pour les jeunes ; l’autonomisation des femmes ; le renforcement de la démocratie et des droits de l’homme. Au regard de ce qui précède donc, ces derniers pensent que leur champion pourrait logiquement continuer son bail pour achever les chantiers qu’il a ouverts mais dont la finition a été retardée soit par un cas de force majeure (épidémie Ebola) ou par les manifestations à répétition d’une opposition que feu Jean Marie Doré a qualifiée en son temps d’opposition la plus bête d’Afrique. De là à demander une nouvelle Constitution pour la Guinée, ouvrant du coup la possibilité d’un 3ème mandat pour le professeur Alpha CONDE, il y a un pas que beaucoup d’entre eux ont déjà franchi avec empressement.
Alors, pour départager les deux camps, le gouvernement n’aura d’autre choix que d’organiser, dans les formes et les conditions prévues par la loi, un référendum constitutionnel transparent. Une démarche qui aura l’avantage de mettre notre pays à l’abri des soubresauts inutiles et d’une instabilité qui ferait fuir les potentiels investisseurs. En tout temps et en tout lieu, la raison devrait l’emporter sur la passion.
Ibrahima Sory CISSE