Après trois ans de bras de fer avec la Direction de l’UFDG, un parti qu’il a créé avec d’autres compatriotes après son départ de l’UFD de feu Pr. Alfa Sow, l’ancien ministre de la Réconciliation nationale, Bah Oury, va devoir abandonner son ‘’bébé’’ pour créer un nouveau parti politique et se présenter à la présidentielle de 2020. Il a fait cette annonce la semaine dernière. Pour les fins connaisseurs du microcosme politique guinéen, cette candidature annoncée de Bah Oury ne sera pas sans conséquences politiques pour l’UFDG de Cellou Dalein Diallo, principal parti de l’opposition.
Il faut reconnaître que Bah Oury est tout sauf un novice en politique. Après s’être fait connaître sur le terrain de la défense des droits de l’homme au début des années 90, il se révélera comme un jeune loup politique aux dents bien acérées au sein de l’Union des forces démocratiques (UFD) que dirigeait à l’époque feu Pr. Alfa Sow (directeur de campagne d’Alpha Condé lors de la présidentielle de 1998).
Pour cause de divergences de vues, l’enfant de Pita quittera l’UFD pour créer dans la foulée, avec d’autres compatriotes, l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG). Tout en gardant le poste de secrétaire général, il acceptera volontiers, par la suite, de céder la présidence du parti au doyen Bâ Mamadou (paix à son âme), au lendemain de l’éviction de ce dernier de l’UPR, un parti né de la fusion de sa formation politique, l’UNR, avec le PRP de feu Siradiou Diallo. La suite, on la connaît.
En novembre 2007, Cellou Dalein Diallo, après avoir échoué son OPA sur l’UPR de Bah Ousmane, a été porté à la tête de l’UFDG avec la bénédiction de Bâ Mamadou et de Bah Oury. Ce dernier était alors à des années-lumière de penser que neuf ans après, il se verrait évincé, comme un malpropre, du parti qu’il a créé et ouvert à l’ancien Premier ministre de Conté.
En 2016, Bah Oury a en effet été déchu de son poste de 1er vice-président de l’UFDG pour sa supposée proximité avec le pouvoir d’Alpha Condé qui, quelque temps plus tôt, l’avait gracié dans l’affaire dite ‘’Attaque du domicile du chef de l’Etat’’ à Kipé (dans la nuit du 18 au 19 juillet 2011).
Aujourd’hui, c’est la mort dans l’âme que Bah Oury se voit dans l’obligation de tourner la page UFDG au profit de son rival Cellou Dalein Diallo et d’annoncer sa candidature à la prochaine présidentielle sous le label d’un autre parti politique.
Mais ayant toujours de nombreux partisans au sein de l’UFDG, le chef de file de l’opposition aurait tort de penser qu’une éventuelle candidature de son ancien collaborateur à la présidentielle de 2020 lui sera profitable. La ‘’menace Bah Oury’’ est loin d’être écartée.
IBRAHIMA SORY CISSE