La sortie du ministre de l’Information et de la Communication sur les ondes de la radio nationale ce jeudi, 22 août 2019, suscite des grincements de dents au sein de la presse privée. Amara Somparé s’est employé comme un beau diable dans l’émission Koloma Débat, à justifier l’usage de la loi sur la cybercriminalité contre des journalistes.
Pour Madame Diallo Asmaou Barry, présidente de l’Association des Professionnels Africains de la Communication (Apac), c’est décevant. Asmaou Barry dit ne pas s’opposer au principe que la loi sur la cybersécurité puisse s’appliquer à un journaliste lorsque ce dernier commet une infraction en tant que citoyen. «Mais tant que c’est par le biais d’un média que l’infraction présumée est commise, c’est la loi sur la liberté de la presse qui doit s’appliquer», dit-elle, d’un ton ferme.
«Je suis déçue que le ministre de la Communication ne condamne pas l’usage de la loi 037 sur la cybersécurité contre les journalistes au détriment de la loi sur la liberté de la presse. Ainsi, il encourage la violation des lois de la République, mais aussi à rendre inutile la Haute Autorité de la Communication (Hac). Cette institution qui est en principe chargée de réguler les médias et l’exercice du journalisme en Guinée. Ces derniers temps, plus personne ne fait recours à la HAC, qui, en principe a les prérogatives d’examiner un élément de presse mis en cause et sanctionner éventuellement le journaliste ou le média lorsqu’il y a un manquement avéré. Maintenant, dès qu’il y a une affaire impliquant la presse, on se précipite vers la DPJ (direction de la Police Judiciaire Ndl) et les tribunaux», s’offusque la présidente de l’APAC dans un entretien accordé à la rédaction de Guinee114.com.
Selon Asmaou Barry, le ministre Amara Somparé suit ainsi une ligne tracée par ses prédécesseurs à ce poste. «Ce régime a toujours eu des griefs contre la loi 002 sur la liberté de la presse. Les ministres de l’Information et de la Communication qui se sont succédé depuis 2014 ont toujours dénigré cette loi. On est allé jusqu’à demander qu’elle soit révisée à défaut d’être abrogée. Or, c’est l’un des acquis majeurs de la transition militaire de 2008-2010. C’est dans leur volonté d’emprisonner vaille que vaille les journalistes, qu’on est allé monter une autre loi contre les journalistes. Des lois taillées sur mesure», dénonce-t-elle.
S’adressant aux gouvernants, la présidente de l’APAC conclut en ces termes: «Mais qu’ils sachent que tant qu’il n’y a pas vote d’une nouvelle loi sur la presse en Guinée, la L002 reste la seule qui encadre l’exercice du métier de journaliste en Guinée. Et les juridictions ne doivent pas appliquer une autre lorsqu’il s’agit des délits de presse».
Rescapé N04