Pourra-t-on connaître un jour toute la vérité sur la tragédie du 28 septembre 2009 qui a fait 157 morts au stade de Conakry ? Bien malin qui y répondra. Déjà, entre l’opposant Sidya Touré et le ministre d’Etat de l’Industrie Tibou Kamara, le désamour a pris un tournant plus sérieux. Selon les révélations du second dans l’émission les Grandes Gueules de la radio Espace FM, c’est le premier qui l’a cité dans sa déposition à la justice, soutenant que c’est son téléphone que Dadis, ex-chef de la junte a utilisé pour lui demander de reporter la manifestation du 28 septembre 2009. Mieux, Tibou Kamara soutient que Sidya a déclaré que celui qui a soufflé des mots à l’oreille de l’ex-capitaine, le 28 septembre au petit matin était encore lui. Extraits…
« Dans notre pays, depuis des années, certains ont décidé de faire du mensonge et d’autres, de combattre l’injustice et essayer de rétablir autant que possible la vérité. Comme j’aime à le rappeler, Paul Valéry a dit que l’histoire ne justifie pas ce que l’on veut. C’est l’occasion d’ailleurs de dire que l’un des problèmes que notre pays rencontre, c’est que ceux qui ont le plus à se reprocher, qui en ont le plus sur la conscience, sont les premiers à jeter la pierre contre les autres et ceux qui n’ont jamais rien fait, sont ceux qui savent et qui n’ont rien fait pour le pays. Moi je ne me reproche pas d’avoir servi ce pays, d’avoir été à des fonctions à des moments critiques de l’histoire de notre pays, puisque je l’ai fait dans le cadre de mes mandats et de mes attributions, je l’assume pleinement. Mais je n’accepte pas que selon les intérêts politiques ou les sentiments et ressentiments, que certains éprouvent, qu’on veuille refaire une lecture de l’histoire après l’avoir écrite. Ceux qui ont des problèmes avec la vérité ou ceux qui sont habitués au mensonge en passant qu’il suffit d’affirmer pour que ça soit vrai, chaque fois lorsqu’il s’agit du pays et de moi, surtout que nous sommes des acteurs et des témoins de cette histoire, nous nous ferons à la fois le devoir et le plaisir de les remettre à leur place et rétablir la vérité que très peu de gens connaissent, c’est pourquoi d’ailleurs assez souvent, dans ce pays, le mensonge prospère.
S’il n’y avait pas eu cette déposition de Sidya, jamais je ne serais intéressé de près ou de loin à cette affaire du 28 septembre
Le 28 septembre, je n’ai pas été mêlé à ces événements, je vais vous dire aujourd’hui la raison pour laquelle j’ai été appelé à la justice, la seule et unique raison. Je rappelle au passage qu’il y a eu l’audition de nombreux acteurs qui ont été témoins et qui ont vécu dans leur chair et leur âme ces événements. Les éléments des forces de défense et de sécurité, il y a eu même des enquêtes internationales d’ONG indépendantes qui sont supposées avoir fait un travail plus ou moins objectif. Aucune des institutions nationales et internationales, aucune des personnalités clé qui ont témoigné ne m’a cité ou n’a fait la moindre allusion à moi. C’est dans sa déposition à lui que Monsieur Sidya Touré a fait allusion à moi et a proféré des accusations et c’est sur la base uniquement de ses affirmations que la justice a estimé que celui qui a été mis en cause ait le droit de se défendre. C’est comme vous la presse, lorsque quelqu’un accuse, vous faites l’effort d’aller vers celui qui est accusé, pour avoir sa version des faits. Autrement dit, s’il n’y avait pas eu cette déposition de Sidya, jamais je ne serais intéressé de près ou de loin à cette affaire du 28 septembre. C’est dans sa déposition qu’il a parlé de Tibou Kamara parce comme vous l’avez dit 2010 n’est pas loin et tout le monde sait la frustration et la haine que Sidya éprouve depuis ce destin présidentiel supposé, qui selon lui, a été entravé par moi en 2010. Cela aussi, on peut l’expliquer parce qu’il y a des témoins qui sont en vie. Donc le conflit de Tibou avec Monsieur Sidya est lié au sentiment et ressentiment de ses partisans que c’est un Tibou Kamara au tournant de 2010, qui a été là pour freiner son ambition présidentielle et retarder son accession au pouvoir qui de plus en plus s’y éloigne comme de sa jeunesse. Il m’accuse d’avoir rétabli des résultats qui avaient été changés en sa faveur.
Sidya Touré prétend avoir entendu quelqu’un qui serait à côté de Dadis, qu’il croit être moi, lui souffler des mots à l’oreille
SIdya a prétendu que c’est sur mon téléphone que Dadis Camara l’a appelé sans en situer le contexte et donner les raisons, mais ce n’est pas grave. Ce qui est le plus grave, Sidya Touré prétend avoir entendu quelqu’un qui serait à côté de Dadis, qu’il croit être moi, lui souffler des mots à l’oreille. Je rappelle que ce dont on parle, c’est le 27 septembre, donc on n’était même pas dans le 28 septembre et on était loin d’imaginer que le lendemain, la Guinée aurait connu la plus grande tragédie de son histoire. Donc monsieur Sidya Touré à part le fait qui est constant, a fait un commentaire personnel en disant qu’il estime à partir du moment où mon téléphone à servi de contact entre Dadis et lui, et que j’étais à ses côtés sans savoir s’il y en avait d’autres, que nécessairement, ça c’est une conclusion personnelle à lui, j’ai dû contribuer à radicaliser Dadis et l’inciter à la violence. Je suis un homme que tout le monde connaît, il n’y a rien dans ma vie que je pourrais faire et que je ne peux pas assumer. Tout ce que je fais, je l’assumerai, je me suis fait cette promesse personnelle mais je me suis fait également la promesse de ne jamais laisser prospérer le mensonge, de ne jamais laisser l’histoire se déformer, une histoire que je connais, parce que combien de personnes ont péri dans ce pays à cause du mensonge et de la difficulté à établir la vérité les concernant ou à leur rendre justice lorsqu’ils sont victimes de discrimination et d’injustice. Donc je le dis solennellement que je n’ai rien à voir avec le 28 septembre sauf le témoignage de Monsieur Sidya Touré ».
Décryptage : Thierno Sadou Diallo
in mediaguinee.org