Limitation des mandats présidentiels en Afrique : Non à la diversion et à l’amalgame !
La semaine dernière, il s’est tenu à Niamey, la capitale du Niger de Mahamadou Issoufou, un sommet sur le constitutionnalisme à l’initiative de NDI (National Democratic Institute). Un sommet au cours duquel, il a été principalement question de la limitation à deux des mandats présidentiels sur le continent africain.
Le président du pays hôte du sommet, Mahamadou Issoufou, par ailleurs président en exercice de la CEDEAO, a, dans son discours d’ouverture, tenu à saluer cette initiative du NDI d’organiser ce forum d’anciens chefs d’Etat et de Gouvernement consacré au constitutionnalisme pour la consolidation de la démocratie et le transfert pacifique du pouvoir en Afrique. C’était en présence d’anciens chefs d’Etat et de Gouvernement du continent : Nicéphore Soglo du Bénin ; Goodluck Jonathan du Nigeria, Amos Sawyer du Liberia, Catherine Samba-Panza de la Centrafrique.
Mais pour beaucoup d’observateurs avertis et attentifs de la scène sociopolitique africaine, cette initiative du NDI, aussi louable soit-elle, ne devrait pas servir d’alibi à certains pour faire de la diversion et de l’amalgame, au grand dam de ces Africains qui aspirent légitimement à un développement harmonieux de leur pays dans la sécurité et la stabilité.
Donc, au lieu de s’intéresser particulièrement à la limitation des mandats présidentiels sur le continent, pour des raisons tout à fait discutables, ces anciens chefs d’Etat et de Gouvernement ne feraient-ils pas œuvre utile en s’investissant sérieusement et de bonne foi dans la lutte contre des phénomènes qui, depuis un certain temps, sont en train de désagréger littéralement les nations africaines. Il s’agit par exemple du terrorisme, du fondamentalisme religieux, de la piraterie, de la désertification, du trafic d’êtres humains, de la migration illégale vers l’Europe.
Malgré la mise en place du G5 pour lutter contre les terroristes dans la bande sahélienne, l’on continue toujours de compter toutes les semaines de nombreuses morts parmi les civils et les militaires au Burkina Faso, au Niger et au Mali. Quid du Nigeria, le berceau de Boko Haram, cette secte islamiste qui a fini par transformer le bassin du lac Tchad en un terrifiant no man’s land. Pour parler de Goodluck Jonathan, il faut rappeler que c’est pendant son mandat à la tête du Nigeria que Boko Haram a enlevé des centaines de lycéennes dans le nord du pays, au nez et à la barbe des forces de défense et de sécurité.
Voilà autant de préoccupations sur lesquelles nos anciens chefs d’Etat et de gouvernement présents à Niamey auraient pu et dû se pencher pour apporter ou partager si possible leur expérience et leur expertise dans ces domaines précis. Au lieu de faire de la limitation des mandats présidentiels le seul et unique combat qui, à leurs yeux, vaudrait la peine d’être mené sur le continent africain. En Allemagne, la chancelière Angela Merkel n’est-elle pas à son quatrième mandat ? Qui, en Afrique ou ailleurs, a levé le petit doigt pour dénoncer cette ‘’longévité’’ au pouvoir ? A méditer… Non à la diversion et à l’amalgame !
Ibrahima Sory CISSE