Quelques bribes d’histoire des Îles de Loos
En 1810, les anglais abordèrent les îles de Loos pour s’en servir comme point d’appui dans leur chasse aux négriers. En témoigne le banc de Crawford qui est un banc de sable situé au nord de l’île de Roume, visible à marée basse, qui doit son nom à un négrier réfractaire, capturé par les anglais et pendu dans l’île.
En 1818, les Îles de Loos ont été vendues par le chef Baga du village de Kaporo, Bale Demba, au gouverneur de la Sierra Leone, C. MCarthy à titre de reconnaissance aux expatriés antillais et anciens soldats des territoires anglais de l’Afrique de l’Ouest.
Le Libéria et la Sierra Leone furent des colonies de rapatriement des esclaves libérés, tandis que le reste de la Guinée qui s’étendait de Boké passant par Boffa (Rio pongo), Dubreka, Coyah, Kindia, Conakry, Forecayah, formant limite avec la Sierra Leone, se trouvait encore sous la puissance coloniale anglaise.
En 1855, les missionnaires venant des Antilles débarquèrent à Boffa – Rio Pongo (qui signifie en portugais rivière de boue) où ils construisirent la première église chrétienne dans le village de Fallanghia en 1856 (c’est l’Eglise Ste James qui existe encore). Dans les îles de Loos, à Fotoba, l’Eglise Saint Jean le Divin fut construite en 1870 et la cathédrale Toussaint de Conakry en 1902. Toutes les églises sont anglicanes.
La présence anglaise est encore vivante dans la culture et dans le langage des Soussous de cette partie de basse Guinée : pour exemple des mots soussous avec leur correspondance en anglais : plati / plat ; winderi / window, makiti / market ; lampu seli/ shade lamp, biskiti/biscuit ; etc., mais aussi des noms de famille évocateurs : Wright, Thompson, Macaulay, Lucas, Hervey, Maddy, Sawyers, Williams, etc… qui sont encore présents dans les îles de Loos, et partout en Guinée.
Selon les historiens, l’île de Roume avait servi à rassembler les esclaves avant de les expédier en Amérique, trajet le plus court à travers l’océan atlantique pour atteindre les côtes américaines (Conakry / New York se fait en 6 heures avec l’avènement des aéronefs). Plus tard, cette même île avait été utilisée comme un enclos pour interner les esclaves pris des portugais, d’abord par les anglais en 1813 (ceux-ci avaient établi un fortin encore visible sur Roume, envahi maintenant par les racines d’un fromager) puis par les français en 1833 jusqu’à l’abolition de l’esclavage par la France en 1948.
En 1904, l’archipel des îles de Loos, naguère possession anglaise, devint française suite à la signature d’un traité entre la France et l’Angleterre cédant les îles de Loos aux français après le partage, en 1845, du continent africain entre les puissances coloniales portugaise, française et anglaise.
Sous l’administration française, l’anglais fut supprimé dans les écoles et remplacé par la langue française, des églises furent fermées, les archives saisies, détruites ou brûlées. Une prison où sont incarcérés des prisonniers des territoires de l’Afrique Occidentale Française fut construite en 1906 à Fotoba puis fermée en 1956 grâce à l’intervention de l’Union Insulaire auprès des gouvernements britanniques et français. En effet, comme les cellules de ce pénitencier (ou prison) ne fermaient pas bien, certains prisonniers arrivaient à s’enfuir et les insulaires craignaient pour leur sécurité.