SLECG d’Aboubacar Soumah : les dessous d’une grève inopportune !
La frange du SLECG (Syndicat libre des enseignants et chercheurs de Guinée) dirigée par Aboubacar Soumah a lancé, à partir de ce jeudi 9 janvier 2020, un mot d’ordre de grève générale et illimitée sur toute l’étendue du territoire national.
Bien que le droit de grève soit explicitement reconnu par la Constitution guinéenne, tous les observateurs sérieux s’accordent à dire que le contexte sociopolitique qui prévaut actuellement dans le pays n’est pas du tout propice à un mouvement de grève dans un secteur aussi névralgique que celui de l’Education.
Il y a un an, l’on s’en souvient, tous les Guinéens patriotes avaient applaudi des deux mains la signature d’un accord entre le SLECG d’Aboubacar Soumah et le gouvernement pour suspendre une grève qui, pendant trois mois, avait paralysé le secteur éducatif guinéen, au grand dam des élèves. Les deux parties s’étaient mises d’accord sur un certain nombre de points, à savoir : la libération des enseignants grévistes ; le dégel des salaires ; la mise en place d’une commission pour assainir le fichier de l’Education nationale. Pr Bano Barry a été nommé à la tête de ladite commission composée paritairement des représentants du SLECG et de ceux du MENA (ministère d’Education nationale et de l’Alphabétisation). Les opérations d’assainissement menées à travers le pays auront permis, dans une certaine mesure, d’éliminer des fictifs pour améliorer les conditions de vie et de travail des vrais enseignants en situation de classe.
Mais curieusement, pour des raisons qui lui sont propres, Aboubacar Soumah a cru devoir rejeter les conclusions auxquelles les tavaux de la commission BANO ont abouti. Et prétextant d’un extrait du discours à la nation du chef de l’Etat sur l’Education, le secrétaire général du SLECG, avec l’aval de certains de ses camarades jusqu’au-boutistes, a projeté une grève générale à partir de ce jeudi 9 janvier 2020.
Une aventure dans laquelle il n’est pas suivi par les figures emblématiques de son mouvement que sont Oumar Tounkara (secrétaire général adjoint du SLECG), Mohamed Bangoura (communication) et Abdoulaye Sylla. Par conséquent, par une décision rendue publique hier mercredi, ces trois syndicalistes cités plus haut ont été exclus du SLECG par Aboubacar Soumah. Ce qui fait dire à certains, non sans raison, que cette frange du SLECG tend vers l’implosion à cause de la position inflexible que compte tenir son secrétaire général contre l’avis de ceux qui étaient présentés jusqu’ici comme ses plus proches collaborateurs. De là à faire passer désormais camarade Soumah pour ‘’un petit dictateur’’ qui veut à tout prix monopoliser la parole et se poser en unique donneur d’ordre et de leçons au SLECG, il y a un pas que beaucoup ont déjà franchi avec empressement. Sans oublier qu’au niveau de la mouvance présidentielle, nombreux sont ceux qui le considèrent, à tort ou à raison, comme une marionnette, un pion entre les mains d’Abdourahamane Sano de la PCUD et des opposants radicaux au régime Condé (Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré, etc), lesquels sont aujourd’hui les principaux décideurs au sein du FNDC. C’est tout dire.
Ibrahima Sory CISSE