Au moment où ces lignes sont écrites, la barre des 1300 cas confirmés de covid-19 était dépassée en Guinée. Pour la seule journée du mercredi 29 avril, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSS) a comptabilisé 111 nouveaux cas. Une situation qui devrait interpeller tous les Guinéens, de quelque bord politique ou confessionnel qu’ils soient.
Pour inverser cette tendance, il va falloir qu’à tous les niveaux, les gens acceptent de faire une prise de conscience, avant qu’ils ne soient trop tard.
Le gouvernement se doit d’être intransigeant et ferme sur le respect scrupuleux des mesures barrières par les populations des centres urbains et des campagnes. Il a aussi l’obligation de faire respecter l’interdiction du voyage de personnes en provenance ou à destination de Conakry qui, on le sait, est l’épicentre de la maladie en Guinée. Mais il suffirait de se rendre à Coyah ou à Dubrréka, pour constater, avec amertume, la non-observation de cette décision prise il y a quelques semaines par les plus hautes autorités du pays. La corruption et l’impunité aidant, nombreux sont les voyageurs qui réussissent à passer entre les mailles des barrages érigés pour la circonstance par les forces de défense et de sécurité. Le cas de cette femme testée positive au covid-19 à Conakry et qui s’est retrouvée par la suite à Kankan en est une parfaite mais inquiétante illustration. Durant tout ce long trajet (662 km), elle a certainement dû contaminer d’autres personnes, consciemment ou inconsciemment. L’on apprend aussi, avec effarement, que beaucoup de malades du covid-19 sont dans la nature à travers le pays.
D’où le rôle prépondérant que doit jouer l’Etat dans la prise en charge, sans délai et dans les règles de l’art, de toutes les personnes testées positives au coronavirus. Ce serait un grand risque de les laisser se déplacer à leur guise pour propager la maladie. Toute chose qui devra nécessiter la mise à disposition des hôpitaux, des centres de santé appropriés et des hôtels pour accueillir ces malades dont le nombre ne fait que grimper de jour en jour.
Pendant ce mois saint de Ramadan, malgré la fermeture des mosquées décidée par les autorités, certains citoyens se permettent de prier en groupes à domicile ou dans le quartier, avec tous les risques que cela comporte. Sans oublier ceux qui refusent d’appliquer strictement la règle de distanciation ou de porter dans l’espace public un masque.
Comme pour le cas d’Ebola, il y a des esprits obtus qui se plaisent aujourd’hui à propager des rumeurs hallucinantes sur la pandémie de coronavirus qui continue de faire des ravages insoupçonnés aux quatre coins du monde. Les plus illuminés vont jusqu’à nier carrément l’existence de cette terrible maladie. Vivement une prise de conscience !
Fanta Camara