CENI: à quoi jouent les commissaires issus de l’opposition ?
Les années et les élections passent mais se ressemblent étrangement à la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Il est clairement indiqué qu’une fois à la CENI, le commissaire doit agir en toute indépendance vis-à-vis de sa structure d’origine (partis politiques de la mouvance ou de l’opposition, organisations de la société civile, administration).
Mais il est regrettable de constater que certains commissaires continuent de donner la triste impression qu’ils agissent sous influence ou qu’ils obéissent à l’œil et au doigt aux formations politiques dont ils issus.
Hier mercredi 8 juillet, dans une déclaration commune transmise à la presse, les commissaires de la CENI issus de l’opposition ont émis des réserves sur le chronogramme électoral à dérouler au compte de la prochaine élection présidentielle. Ils ont énuméré huit (8) points qui, à leurs yeux, constitueraient des faiblesses susceptibles de remettre en cause le processus électoral.
Il faut rappeler qu’en prélude au double scrutin législatif et référendaire du 22 Mars 2020, le Premier ministre, Dr Ibrahima Kassory Fofana, sur instruction du président de la République, chef de l’Etat, avait mené des consultations nationales autour d’un certain nombre de sujets d’intérêt national (conditions d’organisation des législatives, le changement constitutionnel, etc). Mais pour des raisons qui lui sont propres, l’aile dure de l’opposition politique, incarnée par l’UFDG de Cellou Dalein Diallo et l’UFR de Sidya Touré, n’a pas voulu y répondre favorablement. Et comme si tout cela ne suffisait pas, pendant que le processus battait son plein, les commissaires de la CENI issus des rangs de l’opposition ont unilatéralement suspendu leur participation aux travaux de l’institution chargée d’organiser des élections en Guinée. Une suspension qui n’a pas empêché la tenue des législatives couplées avec le référendum. Le 22 Mars 2020, malgré des menaces du FNDC et des violences enregistrées dans certains fiefs de l’opposition, les Guinéens, dans leur majorité, se sont rendus aux urnes pour ce double scrutin législatif et référendaire, avec la suite que l’on sait. Le ‘’oui’’ l’a largement emporté au référendum. Le RPG Arc-en-ciel a raflé 79 des 114 sièges à pourvoir à l’assemblée nationale.
Le 17 avril, alors que l’on s’y attendait le moins, Me Amadou Salif Kébé, alors président de la CENI, est décédé à Conakry des suites de covid-19. Quelques semaines plus tard, Kabinet CISSE sera porté à la présidence de l’institution suite à une élection libre et transparente.
Beaucoup ont pensé alors, naïvement peut-être, que l’opposition allait enfin revenir à de meilleurs sentiments. Mais hélas, il aura fallu une simple proposition de date (18 Octobre 2020) pour la tenue du premier tour de la prochaine présidentielle pour que les polémiques et les controverses repartent de plus belle. Les leaders politiques de l’opposition ont recommencé à s’en prendre, comme ils savent le faire, à la CENI et à son président.
Ce début de fronde des commissaires issus de l’opposition fait dire à bon nombre d’observateurs, non sans raison, que Cellou Dalein et ses camarades ne deviendront conciliants, indulgents ou compréhensifs que lorsqu’ils auront eux-mêmes choisi un homme ou une femme pour présider la CENI.
Mohamed Diallo