Manifestations politiques en Guinée : à qui profitent les tueries ?
Malgré les injonctions du gouvernement, des militants du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) ont tenu à en découdre avec les forces de l’ordre les 22 et 23 juillet dans la commune de Ratoma, considérée à juste titre comme le fief de l’UFDG (principal parti d’opposition en Guinée). Selon diverses sources, l’on a enregistré malheureusement un cas de mort par balle (un élève) et des blessés plus ou moins graves.
Mais la pertinente question que tout observateur sensé serait tenté de se poser est de savoir à qui profitent vraiment ces tueries récurrentes dans les manifestations sociopolitiques en Guinée. Les responsables de la Sécurité déclarent invariablement que leurs agents ne vont jamais sur le terrain d’intervention avec des armes létales mais plutôt avec des armes conventionnelles.
Quant au FNDC et à l’opposition politique, ils pointent systématiquement la responsabilité des forces de sécurité (gendarmes et policiers) dans la mort de manifestants. Ce qui fait dire aux partisans du pouvoir, que le FNDC, à l’image de certains partis politiques qui en sont membres, donne de plus en plus la triste et mauvaise impression de vouloir s’arroger le droit de faire de la mort de jeunes manifestants un fonds de commerce, au grand dam de leurs parents. Le reggae-man Elie Kamano, pour justifier sa démission de cette plateforme composée de partis politiques et d’organisations de la société civile, n’a pas pris de gants pour dénoncer le comportement des leaders (politiques comme de la société) qui, dans leur majorité, préfèrent le plus souvent rester à domicile pour inciter les enfants d’autrui à descendre dans la rue pour affronter les forces de l’ordre. Des affrontements au cours desquels l’on déplore hélas des cas de morts. Et ce sont ces morts dont semble se servir le FNDC pour faire passer le régime Condé pour un régime répressif et totalitaire dont les agents ont la gâchette facile. Pendant que les parents pleurent chaudement et sincèrement leurs enfants tués pendant les manifestations, les responsables du FNDC pensent à leur tour à projeter de nouvelles marches dans les mêmes conditions, tout en se refusant à tirer les échecs ou les couacs constatés lors des précédentes manifestations de rue.
De l’avis de tous les observateurs sérieux, les leaders du FNDC devraient entendre la voix de la raison en mettant beaucoup d’eau dans leur vin et en prenant le chemin menant à la table du dialogue sincère et franc pour sortir notre pays de l’impasse sociopolitique dans lequel il se trouve depuis un certain temps.
Fanta Camara