Libération des détenus politiques : un sujet qui passionne et divise !
Avant et après la présidentielle du 18 octobre, remportée par le président sortant, Pr. Alpha Condé, des opposants politiques et des activistes de la société civile ont été interpellés aussi bien à Conakry qu’à l’intérieur du pays, pour diverses raisons (troubles à l’ordre public, incitation à la violence, atteinte à la sûreté de l’Etat, détention d’armes de guerre, propos haineux et séditieux par voie de presse ou sur les réseaux sociaux, etc.). Parmi les plus célèbres de ces détenus, l’on peut citer notamment Chérif Bah (UFDG), Ousmane Gaoual Diallo (UFDG), Abdoulaye Bah (UFDG), Celllou Baldé (UFDG), Fonikè Menguè (FNDC), Etienne Soropogui (Nos Valeurs communes), Ismaël Condé (UFDG), Souleymane Condé (FNDC), Madic 100 Frontières (UFDG). Roger Bamba qui faisait partie du lot est décédé le 17 décembre dernier au CHU d’Ignace Deen. Un décès qui, il faut le reconnaître, a suscité une vive émotion au sein de l’opinion nationale et internationale.
Pour certains Guinéens, dans un souci d’apaisement de la situation sociopolitique qui reste quelque peu tendue dans le pays, il faut libérer tous les détenus politiques ou organiser dans les meilleurs délais un procès juste et équitable pour séparer le bon grain de l’ivraie dans cette affaire. C’est la demande formulée également par certains partenaires traditionnels de la Guinée (France, Union européenne, Etats-Unis, etc.).
Pour d’autres Guinéens, par contre, il faut laisser la justice faire sereinement son travail pour condamner in fine les coupables et libérer ceux qui n’ont pas été retenus dans les liens de la culpabilité. Les yeux restent donc tournés vers la justice qui a là une belle occasion de donner au monde entier la preuve de son indépendance mise en doute par une bonne frange de la population.
Comme on le voit donc, la libération des détenus politiques constitue aujourd’hui un sujet qui passionne et divise en Guinée. Espérons que les bonnes décisions seront prises par les autorités judiciaires pour punir ceux qui méritent d’être punis conformément à la loi et libérer toutes celles et tous ceux qui, certainement, ont dû se retrouver au mauvais endroit au mauvais moment. Mais agir autrement, dans l’un ou l’autre cas, ce serait encourager l’impunité ou ternir davantage l’image de notre pays à l’international dans le domaine spécifique des droits de l’homme et des libertés fondamentales.
Pour beaucoup d’observateurs avertis, le professeur Alpha Condé, fraîchement élu pour son premier mandat au compte de la 4ème République, ne se fera pas prier pour prendre ou faire prendre des mesures concourant à redorer le blason de la justice dans son pays. Il a promis de gouverner autrement pour faire de la Guinée un pays émergent dans l’intérêt de tous ses fils.
Mohamed Diallo