Les échecs au baccalauréat, à qui la faute ?
L’école est un centre d’instruction et d’éducation qui marche sur un véhicule à quatre roues.
1) L’école marche sur la roue des parents : Aujourd’hui, force est de reconnaître que les parents ont totalement démissionné. Rares sont les parents qui se préoccupent de l’éducation et de l’instruction que reçoivent leurs enfants. Ils ne viennent jamais vers les encadreurs pour s’enquérir du niveau de leurs enfants. Quand ils sont convoqués, ils se font toujours représenter par un membre de la famille car ils sont trop occupés pour s’occuper de leurs rejetons. Quand les enfants sont évalués, rares sont ceux qui viennent chercher les bulletins d’évaluation. Certains parents ne considèrent plus les encadreurs comme des partenaires mais plutôt comme des gardiens de leurs rejetons. Non, l’école n’est pas un garage ni un centre de gardiennage mais plutôt un milieu d’apprentissage. L’apprentissage a besoin de complicité entre parents et encadreurs.
2) L’école marche sur la roue de l’Etat : Certes, on ne vient pas dans l’enseignement pour devenir riche, mais on ne vient pas aussi dans l’enseignement pour ne pas pouvoir couvrir ses besoins primaires. Si l’argent fait partie des sources de motivation, alors l’enseignant doit être motivé par un bon salaire. Si n’enseigne pas qui le veut mais qui le peut, alors l’Etat doit mettre en place la politique de formation des formateurs pour booster le niveau des enseignants. Si le baccalauréat est un examen et non un concours, alors tous ceux qui ont 10 comme moyenne doivent avoir leur baccalauréat. L’état doit avoir la politique de qualification et de motivation.
3) L’école doit marcher sur la roue des enseignants : Si l’enseignement est un métier noble comme on le dit souvent, alors les enseignants doivent vivre dans la noblesse. Si l’enseignant est un cadre d’honneur comme on le dit souvent, alors l’enseignant doit vivre dans l’honneur.
Comment peut-on parler de noblesse et d’honneur quand de nos jours les gens ne viennent plus dans l’enseignement par passion mais par nécessité ?
Comment peut-on parler de noblesse et d’honneur quand de nos jours n’importe qui peut venir dans l’enseignement pour enseigner du n’importe quoi ?
Comment peut-on parler de noblesse et d’honneur quand certains sont capables de te demander si tu travailles ou si tu enseignes ? Comme si l’enseignement n’était pas un travail. La société n’est-elle pas injuste avec les enseignants ? Pourquoi quand on travaille sur les hommes on n’est pas considéré comme un travailleur ? Enseigner, c’est transformer l’homme.
Comment peut-on parler de noblesse et d’honneur quand les enseignants n’ont pas accès aux places d’honneur ?
En effet, je connais des milliers d’hommes qui travaillent et qui consacrent leur temps et leur énergie pour une seule structure ou société , mais je ne connais pas 7 enseignants qui consacrent leur temps et leur énergie pour une seule école. Un enseignant peut enseigner dans 4 à 5 écoles en même temps. Quand on ne peut pas vivre de son salaire, on vivra de ses salaires. Quand on ne peut pas vivre de son salaire, on sera partout, et quand on est partout on risque de n’être nulle part. Un homme dispersé ne peut pas donner le meilleur de lui-même. Très malheureusement, ce sont les tristes réalités de notre système éducatif. Il est difficile, voire impossible de contrôler un homme dont le salaire ne couvre pas ses besoins primaires.
4) L’école marche sur la roue des élèves : Si c’était un pourcentage à repartir, je collerai 70% de la cause des échecs aux élèves. Pour la réussite d’un homme, surtout d’un candidat au baccalauréat, les parents ne sont pas indispensables, les enseignants ne sont pas indispensables, l’Etat n’est pas indispensable, seul le candidat est indispensable. J’ai vu des candidats libres devenir premiers de la république, j’ai vu des candidats normaux qui ne viennent jamais à l’école devenir premiers de la république. J’ai vu des candidats qui vivent seuls sans leurs parents, devenir premiers de la république. Dans mon expérience d’enseignant, les meilleures places aux examens nationaux reviennent souvent aux meilleurs élèves. Je dirige une école où les meilleurs sont souvent parmi les 5 premiers de la république. A l’école, quand les choses se passent normalement sans aucune fraude, les meilleurs occuperont toujours la tête de liste. Etre meilleur, c’est accepter de se coucher après tous les autres, et s’efforcer de se réveiller avant tous les autres. La place au sommet de l’échelle ne se négocie pas, elle se mérite.
Aujourd’hui, les enfants sont plus attirés par l’agréable que par l’utile. Ils considèrent l’école comme un centre de loisir et de passe-temps et non comme un centre d’éducation et d’apprentissage. Rares sont les écoles qui font échouer les élèves dans les classes intermédiaires. Les élèves passent en classes supérieures sans aucun niveau. Si le passage était réglementé et difficile à obtenir pour toutes les classes comme ça en est pour les classes d’examen, on pouvait espérer se rapprocher considérablement de l’excellence. Aujourd’hui, les classes intermédiaires sont considérées comme les endroits où tout est permis sauf le sérieux. Quand un élève sait qu’il peut passer en classe supérieure sans aucun effort, il économisera son effort. Si les élèves peuvent passer massivement en terminale sans aucun niveau, alors qu’on ne soit pas étonné quand ils échouent massivement le baccalauréat. Vivement des mesures pour règlementer les passages dans les classes intermédiaires.
Pour finir, je pense et dis ceci : S’il est vrai que l’avenir d’une nation repose sur les épaules des enseignants, alors les expressions ‘’cadres d’honneur’’ et ‘’métiers nobles’’ ne doivent pas être de simples expressions, elles doivent être des expressions qui font vivre.
A l’image du serment d’Hippocrate pour les médecins, je recommande un serment HAWING pour les enseignants avant de commencer à exercer. Non ce n’est pas une prétention, mais j’aime avoir mon nom au centre de toutes mes idées. Un enseignant doit être un homme assermenté au service d’une nation pour transformer les hommes.
Hawing Guillaume, Enseignant.