Tentative de réponses à un frère, expliquer le pourquoi de ces incessantes manifs violentes devenues cycliques et endémiques en Guinée ?
Très cher frère et ami Lazare Bangoura (journaliste au Parlement guinéen ), pour la présente ou du moins la dernière (puisse Dieu accepter qu’il en soit ainsi!) objet d’échanges amicaux élargis aux amis de nos pages Facebook, c’est la défiance permanente de certains citoyens à l’égard d’une Autorité plotico-Administrative établie. Sans doute, même si ce sont eux qui passaient de l’autre côté, c’est-à-dire les contestataires d’aujourd’hui, invariablement, ce serait la même réaction ! L’attitude et le sort tout scellé de mon ancien parti RPG Arc-en-ciel en est l’illustration parfaite. Il a été très confus dans cette affaire cette fois-ci, pour s’être avoir ouvertement à sa dernière assemblée générale, rendu solidaire du mouvement du 28 juillet 2022, à son siège, avant de s’y désolidariser à la dernière minute par le courage du Secrétaire Permanent et ensuite le Secrétaire Général sur les ondes d’une radio de la place à la dernière minute à cause du désaveu massif de la base).
Il est très clair, il s’agit toujours de défiance de l’autorité ce qui ne peut être toléré par aucun État. Très malheureusement, on ne tire jamais les leçons du passé ! Le Président Colonel Mamady DOUMBOUYA à beau les porter dans son coeur, si ses premières amours développent une telle attitude attentatoire à la sécurité intérieure de l’État qu’il incarne aujourd’hui, le divorce sera brutal et c’est ce à quoi on assiste maintenant.
Sinon, il m’a été donné de constater agréablement, qu’en Guinée, dans le soucis du respect constant et du maintien de la quiétude sociale, ceci, à l’instar de toute société organisée que le Parquet reste dans les limites de sa fonction répressive. Mais Ici, outre cette fonction éminemment répressive valablement assumée, il arrive qu’il se donne lui-même (le Ministère public ), un visage humain pour s’arroger le droit de faire dans la prévention afin d’eviter d’eventuels troubles à l’ordre public mais en vain!
Ainsi, régulièrement, par des communications publiques et par voie médiatique, sous forme de conseils et de sensibilisations, le parquet va jusqu’à expliquer la procédure qui sied en la matière. Ce n’est pas son rôle! Le principe voudrait qu’il ne soit interpellé que lorsqu’il y’a violation de troubles à l’ordre public (la paix, la tranquillité publique et la quiétude sociale atteintes). Bref! une fois l’infraction commise et constatée par les Officiers de Police Judiciaire (OPJ) et l’auteur interpellé ou pas, il declenche automatiquement l’action publique contre le ou les délinquants (c’est-à-dire celui ou ceux qui commet(tent) ou omet(tent) un fait juridique).
En effet, tous ceux qui ont suivi en fac de Droit, leur cours de Contentieux Administratifs, le savent. Il est indéniable que si la loi confère à un ou des citoyens d’exprimer leur mécontentement par rapport à la conduite des affaires publiques, cela eu égard aux dispositions pertinentes de la loi fondamentale (Charte de la Transition actuellement ) qui consacrent les libertés individuelles et collectives en termes de mouvements dans le temps et dans l’espace, une fois que l’exercice de ces droits doivent s’opérer sur un espace public qui appartient à tous, il est encadré. L’autorité détentrice du pouvoir de police administrative a aussi des prérogatives de puissance publique pour l’encadrer et juger de l’opportunité de son exercice, si elles (les libertés individuelles et collectives dans leurs jouissances ) ont le fâcheux potentiel de porter entraves à celles d’autres citoyens non concernés. En France, par exemple, si on permet volontiers à certains groupes de citoyens de manifester, ceux fichés (par les services compétents ) comme des groupes extrémistes à caractère identitaire, sont en permanence interdits.
L’autorité detentrice de la police-administrative, dis-je, dispose effectivement d’une myriade d’options pour reglementer cet exercice en période normale (car les periodes exceptionnelles constituent un autre regime et tel n’est pas encore le cas même si c’est une Transition politique ). En cas de menaces réelles et le cas échéant, elle peut aller jusqu’à l’interdiction pure et simple de la manif. Mais la loi exige qu’elle doit en motiver la réponse.
Ici, le hic, c’est toujours cette suspicion de malveillance des demandeurs de manifs et leur refus de passer outre, précisément par la force, en arguant qu’ils ne sont tenus qu’à informer l’autorité concernée pour exercer leurs droits et cela, continue à être entretenu par des juristes non des moindres!
Ainsi donc, le(s) citoyen(s) ou requérants refusent generalement et éperdument de faire valoir leurs droits aux recours et se trouvent face aux dépositaires de la puissance publique, traditionnellement chargés dans tout État, à faire respecter la plénitude et l’effectivité de son autorité sur les personnes physique et morale se trouvant sur le territoire national sous son contrôle. Chaque fois que l’Etat agit dans ce registre, c’est par la force et toute résistance, entraînera une valse ou chaîne d’usage crescendo de la force publique. Et dans ce scénario souvent apocalyptique, fait de désolations en tout genre et son cortège de malheur, ce sont souvent de pauvres innocents qui paient le prix fort. Loin de moi, toute apologie de la violence, mais, nous devons changer nos façons de faire car dans ces zones de violence, d’autres citoyen n’ont rien à voir avec ces situations mais paient se trouvent pris dans le piège de l’engrenage avec leur pauvre famille. À la place de vrais auteurs ( jeunes, parfois des enfants comme révélés par d’incessants constats, de vrais combattants rompus à la guérilla urbaine sous forme « d’intifada » à la guineenne ) !
Le Docteur Faya Milimono, Président du Parti Bloc Libéral (BL) en est un parangon et un symbole parfait d’experience reussie et à capitaliser en l’usage des voies de recours. Parce qu’il n’échappe à personne, qu’il obtint la reconnaissance administrative (agrément ) de son parti politique, suite au refus du Ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation (MATD) d’alors, et pris le dessus suite à un long combat juridico-administratif. Je ne me lasserai pas de l’évoquer ici, car aujourd’hui même, dans une émission de grande écoute d’une radio locale de Conakry, il a encore été plus éloquent que moi, en invitant ses anciens camarades à quitter immédiatement la rue et leur a prié gentiment de faire usage de leurs voies de recours auprès des institutions habilitées de la République. Pour lui : « Une démocratie ne s’écrit pas dans la rue, mais plutôt, se construit devant les institutions habilités de la nation (République dans notre cas) » fin de citation !
Par ailleurs, en matière pénale, l’histoire nous révèle quelques hauts faits ou jurisprudences : l’introduction des caméras dans les salles d’audiences par le procès des gangs en 1994, par le célèbre juge et avocat feu Doura Cherif ( Paix à son âme ) suivie de l’acceptation d’avocats étrangers par le Juge Mamadou Sylla (SYMA) ancien dernier Premier Président de la Cour Suprême de Guinée, lors du fameux procès du Ministère public contre le President Professeur Alpha Condé et qui profite à tous aujourd’hui.
Personnellement, je pense que dans notre système de gouvernance actuel, les décisions furent-elles du CNRD ne sont pas paroles d’évangile ou de dogmes qui ne peuvent pas être attaquées. En règle générale, même certains décrets du Président de la République sont attaquables devant les juridictions. Et le Président du BL de dire que la démocratie s’écrit dans les recours et lui-même, doit l’agrément de son parti effectivement, suite à une Ordonnance de la Chambre Administrative de la Cour Suprême de Guinée.
Changeons de paradigmes pour donner une raison d’être à nos institutions. Demain, ceux qui manifestent aujourd’hui, une fois à la tête de l’Etat, reproduront les mêmes réflexes. Je suis profondément attaché au dialogue qui est une des vertus cardinales d’une démocratie. Dialoguer, c’est déjà être en contradiction, et cela l’essence et le fondement d’une démocratie vraie. Mais trouvons les formules et les procédures les mieux appropriées pour l’instaurer. C’est déjà vicié de l’imposer par la contrainte de la rue ou autre voie de faits. L’expérience nous a prouvés que toutes les sessions du dialogue qui se sont tenues étaient des jeux de dupes. Cette fois-ci, creons nous-mêmes les conditions les plus optimales qui favorisera un dialogue franc interguinéen qui jettera durablement les bases d’un nouveau deal pour un nouveau départ!
Trop c’est trop, les violences doivent immédiatement cesser!
Enfin, c’est à juste titre qu’un grand homme politique très attaché à la paix disait : » qu’un roc, quelque soit sa compacité, sa dureté et sa résistance, finit par être troué et perforé par des gouttes d’eau !
Rien n’est perdu à condition que la paix reste maître mot!
Cessons d’être les agneaux sacrificiels de certaines causes en réalité, déjà perdues, depuis belle lurette.
Puisse Dieu guider et éclairer nos pas ! Amen!
Par SOULEYMANE DOUMBOUYA