Cheikh Anta Diop est né le 29 décembre 1923 dans le village de Caytou situé dans la région de Diourbel (en pays Baol-Cayor), près de la ville de Bambey à environ 150 km de Dakar, au Sénégal.
Son père, (le Jeune) Massamba Sassoum Diop est décédé peu de temps après sa naissance. Sa mère, Magatte Diop, vécut jusqu’en 1984.
Cheikh Anta Diop épousera en 1953, à Paris, une Française, Louise Marie Maes, diplômée d’Études supérieures en Histoire et Géographie. Quatre fils naîtront de cette union.
Cheikh Anta Diop décède le 7 février 1986 ; il repose, selon sa volonté, à Caytou, auprès de son grand-père (le Grand) Massamba Sassoum Diop, fondateur du village.
1927 – 1937 : A l’âge de quatre-cinq ans il est envoyé à l’école coranique. Il est ensuite scolarisé à l’école française : l’École Régionale de Diourbel. En 1937, il obtient son certificat d’études primaires.
1938 – 1945 : Études secondaires à Dakar et Saint-Louis. Il obtient, en 1945, ses baccalauréats (« brevet de capacité colonial correspondant au baccalauréat ») en mathématiques et en philosophie.
Durant ces années passées au lycée, il élabore un alphabet conçu pour transcrire toute langue africaine et il entreprend également la rédaction d’une histoire du Sénégal. Dans cette même période apparaissent ses premières réflexions qui plus tard déboucheront sur son projet de renaissance culturelle et d’indépendance politique de l’Afrique noire. Il se destine néanmoins à un métier scientifique appréhendé comme un devoir de découverte et d’invention vis-à-vis de l’humanité.
1946 : Arrivée à Paris au cours de l’année 1946. Il s’inscrit en classe de Mathématiques Supérieures, son but étant de devenir ingénieur en aéronautique. En attente de la rentrée de l’année 1946-1947, il s’inscrit en Faculté des Lettres de la Sorbonne en philosophie. Il suit, en particulier, l’enseignement de Gaston Bachelard.
A son initiative est créée l’Association des Étudiants Africains de Paris dont le premier président est Cheikh Fall. Amadou Mahtar M’Bow en deviendra quelques années plus tard le président.
1947 : Cheikh Anta Diop poursuit, parallèlement à ses études, ses recherches linguistiques sur le wolof et le sérère, langues parlées au Sénégal. Il entre en relation avec Henri Lhote (le découvreur des fresques du Tassili, au Sahara).
1948 : Il achève sa licence de philosophie et s’inscrit en Faculté des Sciences. Il publie sa première étude de linguistique, Étude linguistique ouolove – Origine de la langue et de la race valaf, dans la revue « Présence Africaine » créée par le grand homme de culture Alioune Diop en 1947, qui fondera la maison d’édition Présence Africaine puis la Société Africaine de Culture (SAC). La même année, Cheikh Anta Diop publie, dans un numéro spécial de la revue « Le Musée Vivant », un article intitulé Quand pourra-t-on parler d’une renaissance africaine ? en partie consacré à la question de l’utilisation et du développement des langues africaines, et dans lequel Cheikh Anta Diop propose pour la première fois de bâtir les humanités africaines à partir de l’Égypte ancienne.
1949 : Il fait inscrire sur les registres de la Sorbonne le sujet de thèse de doctorat ès-Lettres qu’il se propose de traiter, sous la direction du professeur Gaston Bachelard, et qui s’intitule « L’avenir culturel de la pensée africaine ».
1950 : Il obtient les deux certificats de chimie : chimie générale et chimie appliquée.
Il prend la décision d’intégrer en juillet 1950 le RDA (Rassemblement Démocratique Africain) alors dirigé par Félix Houphouët-Boigny, tout en rappelant fermement à la direction du RDA son devoir de ne pas faillir à sa mission historique : celle d’une véritable libération du continent africain.
Retour au Sénégal pendant l’hivernage (juillet-août) de l’année 1950. Il donne, à Dakar et Saint-Louis, plusieurs conférences dont la presse se fait l’écho :
— « Un enseignement est-il possible en Afrique dans la langue maternelle ? »,
— « Nécessité et possibilité d’un enseignement dans la langue maternelle en Afrique »,
— « Les fondements culturels d’une civilisation africaine moderne ».
Au cours de ce même séjour, il propose, avec des notables, dans une lettre adressée aux autorités de l’AOF (Afrique Occidentale Française), un plan de reboisement du pays afin de faire face au danger de la sécheresse.
1951 : Inscription sur les registres de la faculté de son sujet de thèse secondaire « Qu’étaient les Égyptiens prédynastiques », sous la direction du professeur Marcel Griaule.
Il devient le secrétaire général de l’Association des Étudiants du RDA (AERDA), à Paris.
Il donne plusieurs conférences :
— « L’origine du wolof et du peuple qui parle cette langue », organisée à Paris au Musée de l’Homme par la Société des Africanistes, dont le secrétaire général est à l’époque Marcel Griaule.
— « Les fondements culturels d’une civilisation africaine moderne », organisée par l’Association des Étudiants africains de Paris,
— « Objectifs d’une politique africaine efficiente », également organisée par l’Association des Étudiants africains de Paris.
Il organise, dans le cadre de l’AERDA, le premier congrès panafricain politique d’étudiants d’après-guerre, du 4 au 8 juillet 1951. La WASU (West African Student Union) participe à ce congrès.
1952 : C’est dans le bulletin mensuel de l’AERDA, « La Voix de l’Afrique noire » de février 1952, dans un article intitulé « Vers une idéologie politique africaine », que Cheikh Anta Diop pose pour la première fois en Afrique francophone, sous leurs multiples aspects, culturels, économiques, sociaux, etc., les principes de l’indépendance nationale et de la constitution d’une fédération d’États démocratiques africains, à l’échelle continentale.
1953 : Dans le bulletin mensuel de l’AERDA, « La Voix de l’Afrique noire » de mai-juin 1953, il publie l’article « La lutte en Afrique noire ». Il quitte le secrétariat général de l’AERDA.
1954 : Nations nègres et Culture — De l’antiquité nègre égyptienne aux problèmes culturels de l’Afrique noire d’aujourd’hui paraît aux Éditions Présence Africaine. Ce livre est en fait le texte des thèses principale et secondaire destinées à être soutenues en Sorbonne en vue de l’obtention du doctorat d’État ès Lettres ; mais aucun jury ne put être formé. A propos de cette œuvre maîtresse de Cheikh Anta Diop, Aimé Césaire écrit : « … Nations nègres et Culture — [livre] le plus audacieux qu’un Nègre ait jusqu’ici écrit et qui comptera à n’en pas douter dans le réveil de l’Afrique » (Discours sur le Colonialisme, Paris, Présence Africaine, 1955).