A la découverte de la pierre magique, au port négrier de Faringhia, à Boffa
Dans la localité de Faringhia, située à 32 kilomètres du chef-lieu de la préfecture de Boffa, existe une mythique pierre qui, tel un navire, assurait, jusqu’à une époque relativement récente, la mobilité sur un bras de mer, au port négrier de ladite localité.
Comme vous pouvez le constater sur la photo, c’est une pierre à trois pieds (pattes) qui avait une grande portée au temps de l’esclavagisme et peu après l’abolition de l’esclavage.
En ce sens qu’elle permettait de maîtriser les *esclaves qui étaient perçus comme récalcitrants, et qui ne voudraient pas être déportés dans les champs de canne à sucre, en Caroline du Sud.
Selon les témoignages à notre possession, chaque fois qu’on faisait asseoir ces robustes *esclaves sur la pierre, comme hypnotisés, ils étaient tout de suite maîtrisés. Alors, la pierre magique était considérée comme un tranquillisant qu’on mettait sur eux.
Ainsi, elle les transportait du petit bras de mer au large de la mer où les attendaient des caravelles qui les transportaient en fin en haute mer, auprès des bateaux qui devaient les transporter au Sénégal d’où ils partaient pour l’Amérique.
Selon nos informateurs, la pierre a continué à prêter ses services même après l’abolition de l’esclavage. Mais elle ne servait plus qu’à assurer la traversée entre Faringhia, Baralandé, Soumbouyadi, Gbassaya, entre autres. Et, facilitera de rallier des localités comme Toukérén, Koukoubouyi et Boffa-centre.
Mais aujourd’hui, la pierre est immobilisée. Une malheureuse situation occasionnée par le fait qu’on ait grillé l’arachide dessus, dit-on.
Dans la même localité de Faringhia, existe une autre pierre qui servait de tablette magique pour Niara Bely, et qui avait le pouvoir de prédire l’avenir. Nos informateurs la localisant dans un bosquet où la négrière utilisait les bonnes dames pour faire le savon noir qu’elle envoyait également en Caroline du Sud.
C’est pourquoi à Boffa, lorsque vous refusez une ustensile à une dame, elle vous dira : « N’tan lu ! Khali Niara Bely worowore yofunè ». Littéralement, cela signifie : « Laisse-moi ! Même Niara Bely a prêté le *woroworé (sorte de bassine dans laquelle on fabrique le savon noir).
Par Mady BANGOURA