SALE TEMPS POUR LA LIBERTÉ DE LA PRESSE EN GUINÉE
Depuis vendredi dernier, la presse guinéenne est à la croisée des chemins à travers le musèlement des Groupes Fréquence Médias (GFM) et DJOMA qui connaissent un brouillage inédit de leurs ondes par le colonel Mamadi Doumbouya et ses sbires résolus à étouffer toutes les voix dissonantes du pays qui s’élèveraient pour dénoncer leur gestion unilatérale et autoritaire de la transition.
Le cynisme et l’irresponsabilité de la junte guinéenne sont sans limites lorsqu’il s’agit de détricoter méthodiquement tous nos maigres acquis démocratiques puisque de telles entraves à la liberté de presse sont devenues si courantes que le vrai danger qui nous guette serait de tendre vers leur banalisation pure et simple.
Ce matin, loin de ma Guinée natale, j’ai été sevré de l’une de mes émissions préférées de talkshow me permettant de prendre la température de notre enfer commun avant de vaquer à mes occupations du jour.
Qui aurait cru que Ousmane Gaoual Diallo, ministre des postes, télécommunications et de l’économie numérique, pouvait, sans scrupule, ni vergogne, se prêter à cette ignominie hors paire.
Je comprends mes compatriotes qui émettent de sérieuses réserves quant à l’engagement de toutes et tous dans l’espace public.
Les agissements d’individus comme Gaoual et tant d’autres devenus complices de la dictature renforcent leur conviction profonde de l’insincérité et l’opportunisme de l’engagement des acteurs de la société civile et politique et accentuent davantage la crise de confiance qui s’est installée.
Qui aurait imaginé une seule seconde qu’après le 05 septembre 2021, Mamadi Doumbouya pouvait se métamorphoser de la sorte et renier tous ses engagements de manière aussi flagrante ?
Honnêtement, ma révolte, mon indignation, mon amertume sont si profondes que l’idée de tout arrêter et prendre le large me traverse bien souvent l’esprit.
Qu’a -t-on bien pu faire au bon Dieu pour mériter un tel sort ? Qu’ont pu bien faire nos aïeux au Seigneur de Jésus et du Prophète Mahomet (PSL) pour mériter une telle humiliation de manière permanente depuis 65 ans?
Je tiens à exprimer mon soutien inconditionnel et sans faille aux responsables et à tout le personnel des Groupes Fréquence Médias (GFM) et DJOMA ainsi qu’à tous les journalistes guinéens confrontés à ces agissements d’un autre âge à qui je me permettrais quelques modestes conseils.
Les dictatures, on leur crache dessus, on les abat, vous devriez parfaitement l’assimiler à présent. Ne reculez plus jamais devant un groupe de despotes et d’arrivistes.
Ne cédez à aucune intimidation et harcèlement de quelque nature que ce soit. Vous devriez rester une presse au service exclusif du peuple et non aux ordres d’un groupe d’affairistes et d’une mafia engluée dans une corruption sans précédent et une répression sanglante de plus en plus grandissante.
Votre noble mission qui est d’informer, de sensibiliser, de conscientiser et d’alerter la masse populaire sur la gestion de la cité, vous protègera suffisamment contre les représailles des adeptes de la dictature.
La liberté de la presse indépendante a un prix et ce prix, soyez prêts à le payer, comme l’ont déjà fait nombre de nos compatriotes.
Ne comptez pas sur la Haute Autorité de Communication (HAC), un autre appendice de la junte, infectée et impuissante comme tant d’autres organes issus du coup d’état militaire du 05 septembre à l’entière dévotion de leur employeur la junte.
Unissez vos forces, adossez-vous à la loi et mobilisez-vous massivement contre ces cadres véreux et autres responsables sans scrupules aux ordres de ce clan mafieux et dangereux qui a décidé de faire taire vaille que vaille toutes les voix dissonantes du pays.
J’exhorte l’UTERLGUI, le Syndicat professionnel de la presse de Guinée (SPPG) et toutes les associations de presse, à tenir bon et à rester mobilisés devant l’injustice, l’arrogance, l’imposture et la forfaiture d’un système de gouvernance au crépuscule de sa fin .
SEKOU KOUNDOUNO
RESPONSABLE DES STRATÉGIES ET PLANIFICATION DU FNDC