Intégration sous-régionale: Et si la CEDEAO se remettait en cause ?
La pertinente question que beaucoup d’observateurs avertis se posent aujourd’hui est de savoir si la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest) ne s’achemine pas tout droit vers sa dislocation. Le week-end dernier, ce sont trois Etats membres (Mali, Burkina Faso, Niger) qui ont annoncé, avec effet immédiat, leur retrait de l’organisation.
Dans un communiqué rendu public dans la foulée de cette annonce, la Commission de la CEDEAO a indiqué qu’elle n’a pas encore reçu de notification formelle directe des trois États membres sur leur intention de se retirer de la Communauté, tout en précisant que selon les directives de la Conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement, elle travaille assidûment avec ces pays pour la restauration de l’ordre constitutionnel. Elle se dit par ailleurs déterminée à trouver une solution négociée à l’impasse politique au Burkina Faso, au Niger et au Mali.
Les juntes au pouvoir dans ces trois pays du Sahel regrettent le fait que l’organisation régionale se soit éloignée, selon eux, des idéaux des pères fondateurs de la CEDEAO et du panafricanisme. Pour eux, la CEDEAO serait sous influence de puissances étrangères, et serait devenue une menace pour ses Etats membres, ses populations dont elle est censée assurer le bonheur. Sans oublier la non-assistance de ces Etats dans le cadre de leur lutte existentielle contre le terrorisme.
À rappeler que c’est la Mauritanie qui a été le pays premier à claquer la porte de la CEDEAO. Et si le retrait de la troïka Mali-Burkina-Niger devenait définitif, la CEDEAO se retrouverait désormais avec 12 pays: Cap-Vert, Sénégal, Gambie, Guinée-Bissau, Guinée, Sierra-Leone, Liberia, Côte d’Ivoire, Ghana, Togo, Bénin, Nigeria.
Cette organisation sous-régionale a donc grand intérêt à se remettre en question au risque de voir, dans les années à venir, d’autres Etats emboîter le pas aux pays cités plus haut et qui ont décidé de quitter le navire CEDEAO. Ce serait alors un coup dur voire fatal porté au projet d’intégration régionale défendu bec et ongles par ses pères fondateurs que sont Gnassingbé Eyadema du Togo, Ahmed Sekou Touré de Guinée, Félix Houphouët-Boigny de Côte d’Ivoire, Leopold Sédar Senghor du Sénégal, Moussa Traoré du Mali, etc.
Mohamed BAH