Toute-puissance du CNRD : la digue UFDG va-t-elle céder ?
Qu’on se le dise honnêtement, l’onction UFDG avait été la caution la plus précieuse au coup d’état du 5 septembre 2021,
Le Colonel Mamadi et ses hommmes ne s’étaient pas trompés en misant sur l’ambiance de révolution que pouvait leur offrir l’Axe, supposé être le fief de l’UFDG dans la capitale,
Le tombeur d’Alpha Conde, cauchemar à la fois de l’Axe dit de la démocratie et de l’UFDG, devenait logiquement mais très brièvement l’ami du CNRD et de Mamadi Doumbouya,
Heureusement où malheureusement, une fois l’euphorie de la « libération dissipée, les contingences tactiques du pouvoir ont vite contraint le Colonel, promu entre-temps général, de se passer des bains de foules d’une envergure dont seuls les « militants » de l’Axe ont le secret,
Les pas de danse du président de l’UFDG, Cellou Dalein Diallo, ainsi que l’enthousiasme débordant des cadres et militants du parti, ont fortement contribué à asseoir la légitimité de la junte qui venait de s’emparer du pouvoir,
À la décharge de l’ufdg et de son président, auxquels une partie de l’opinion reproche aujourd’hui le fait d’avoir applaudi un coup d’état, il faut préciser que la chute d’Alpha Conde signifiait la fin de onze années de persécution de tueries et privation de libertés (détention de militants et cadres du parti, assignation à résidence de CDD, mise sous scellés du siège du parti…),
D’ailleurs, CDD a, à plusieurs reprises, indiqué et assumé avoir appelé la communauté internationale à soutenir la junte en raison du contexte et des enjeux du coup d’état du dimanche 5 septembre 2021 ( troisième mandat; profession de foi du président de la transition d’en finir avec les pratiques du passé et de mener une transition inclusive et apaisée…),
Hélas, la suite de l’histoire est une succession de démonstrations de la toute-puissance du CNRD, de son président surtout, à écraser tout ce qui pourrait résister à la marche ascendante de « la vision du président »,
En effet, plus que sous le régime d’Alpha Conde, l’UFDG paie un lourd tribu à tenir son rang de meneur du camp « pro-démocratie »,
Mamadi Doumbouya joue parfaitement la logique qui voudrait que Cellou Dalein et ses militants soient les principaaux obstacles à sa volonté présumée de se maintenir au pouvoir au-delà du chronogramme de la transition,
Plus de deux ans après avoir cassé l’élan d’Alpha Conde dans son troisième mandat, Mamadi Doumbouya semble n’avoir de compte à rendre à personne en ce qui concerne les limites de son pouvoir et la durée de la transition,
L’UFDG c’est bien le David national qui veut se mesurer au Goliath Doumbouya.
CDD cristallise à lui tout seul la voix que le CNRD ne veut plus entendre en Guinée,
Les autres éléphants ou éléphanteaux de la scène politique guinéenne, à la différence de Sydia Toure : Bah Oury, Lansana Kouyate, Lounceny Fall, Faya Mullimono, soit les manifestants du 28 septembre 2009 contre les velléités de confiscation du pouvoir par Dadis Camara, sont tous en odeur de sainteté auprès du CNRD et de son président,
A l’inverse, CDD fait figure du vilain petit canard qui met les cailloux dans les chaussures du Général de Corps d’armée,
L’homme au 43% du suffrage lors du premier tour de l’élection présidentielle de 2010 porte la croix de tous les démocrates du pays face à la volonté résolue de Mamadi Doumbouya de donner au pays ses seuls initials comme homme providentiel. Il ne peut y avoir deux capitaines dans le même pays,
Alors que le Général est passé de président de la transition à président de la république, y compris dans le vocabulaire de Bah Oury, son tout récent premier ministre,
Alors que de la fin de la transition en décembre 2024 il ne semble plus être question ; alors que le FNDC dissout fait désormais pâle figure devant l’éternel ; alors que la Saison Baracuda de l’émission Mirador de la radio FIM Guinée est désormais dans le brouillard ; l’UFDG vient de voir se volatiliser ses couleurs dans plus de 120 mairies dirigées par ses cadres dans tout le pays, au bénéfice de délégations spéciales minutieusement désignées par le CNRD,
Last but not the least, CDD est contraint à l’exil depuis deux ans, menacé d’une procédure judiciaire fondée sur un dossier certes vide de subsistance, mais suffisamment efficace pour l’éloigner du terrain politique Guinéen,
Que va donc faire CDD face à la volonté affichée et fièrement assumée par le Général Mamadi Doumbouya de ne pas souffrir la moindre contradiction dans sa volonté de « refondation » de la Guinée et des Guinéens ?
Une chose est certaine, ni la confiscation de la maison de CDD, ensuite sa démolition, ni son exil forcé, ne semblent assurer un doux et paisible glissement du calendrier de la transition au CNRD,
Malgré l’artillerie déployée par d’anciens cadres de l’UFDG contre le parti et son président, soutenus et encouragés par le pouvoir, la digue UFDG tarde à céder,
Tant les militants et cadres du parti font la tranquille démonstration qu’il s’agit là de l’organisation guinéenne de loin la plus solide et la mieux organisée de tous les temps,
En réalité, CDD n’est qu’un élément du système UFDG dont il tient et sa force et sa légitimité,
Dans tous les cas, si la digue UFDG venait à céder face au mastodonte CNRD, la vague qui en résulterait emportera plus que les Talibés.
Par Titi SIDIBÉ BABATITI