C’est quoi une « démocratie médiatique » ?(Une contribution de Me Mohamed Traoré)
Le retour à l’ordre constitutionnel signifie très clairement qu’il faut préserver aussi les acquis en terme d’État de droit et de démocratie. La liberté d’expression, la liberté de la presse, la liberté d’opinion, la liberté de manifestation, la liberté d’association et le libre exercice par les partis politiques de leurs activités font partie des acquis à préserver à tout prix.
Il n’y a pas de démocratie sans médias libres. La liberté des médias ne se limite pas à leur reconnaissance administrative à travers un agrément qui n’est qu’une simple feuille de papier, et leur existence effective sur le terrain.
La liberté des médias se mesure surtout à leur capacité à critiquer y compris les pouvoirs publics, à dénoncer, sans entrave et sans crainte de représailles.
L’un des des mérites des pouvoirs publics réside dans leur capacité à supporter les critiques objectives et à prendre les mesures adéquates en cas de dénonciations basées sur des faits tangibles. Le Général Lansana Conté ne disait-il pas » Je n’ai pas peur des critiques » ?
Quelle est cette société où l’on préfère s’en prendre au dénonciateur au lieu de vérifier et de lutter contre le fait dénoncé ?
La seule crainte que les médias doivent avoir, c’est celle de subir les sanctions prévues par la loi lorsqu’ils commettent des fautes avérées, des fautes objectives. Les sanctions contre des fautes qui n’existent que dans l’imagination ou qui dépendent des humeurs du « Prince » sont par définition arbitraires.
Dans le processus de construction d’un État de droit, d’une véritable démocratie et d’une conscience citoyenne, quel est l’apport d’une radio ou une télé dont l’essentiel ou l’ensemble des programmes est consacré à des banalités ? Est-ce ce genre de médias que l’on veut pour notre pays ?
Me Mohamed Traoré, Ancien bâtonnier