🚨 Incertitude de la transition guinéenne : Un calendrier impraticable ?
La Transition n’a pas de durée fixe inscrite dans le marbre… », dixit Ousmane Gaoual Diallo, ministre guinéen des Transports et porte-parole du gouvernement. Pour ainsi dire, le ministre porte-parole du gouvernement vient de porter haut officiellement ce que le Premier ministre, Amadou Oury Bah, avait déjà laissé entendre quelques jours après sa prise de fonction, à savoir qu’il était objectivement impossible de tenir la date du 31 décembre 2024 comme fin de l’actuelle transition, selon l’accord dynamique conclu entre l’État guinéen et la CEDEAO. Le dynamisme de cet accord risque bien de se révéler au petit matin du 1er janvier 2025, car, à moins de mentir à soi-même (d’autres sont passés champions dans cet art), il est quasi impossible d’organiser d’ici la fin de l’année un référendum constitutionnel, des élections communales, législatives et présidentielles. À ce jour, trois ans après, le Conseil national de la transition (CNT) est incapable de présenter au peuple guinéen la simple mouture d’une Constitution, même si leurs émoluments et primes de session tombent régulièrement depuis ces années. Voilà des conseillers qui n’ont apparemment pas l’air de vouloir que cette transition finisse de sitôt, en tout cas pas au soir du 31 décembre prochain.
Et dire qu’au sein de ce CNT sont représentées toutes les sensibilités du pays, de la société civile aux partis politiques les plus irréductibles comme le RPG/Arc-en-ciel, l’UFDG et l’UFR, en passant par les médias dont l’une des représentantes est l’épouse d’un membre du tristement célèbre FNDC. Aucun de ces groupes cités plus haut n’a élevé la voix, protesté ou boycotté des sessions du CNT afin que la mouture de la Constitution – que l’on dit déjà prête – soit rendue publique, traduite dans les différentes langues et vulgarisée bien avant même la campagne référendaire. Comme pour dire trivialement que l’argent est la seule chose autour de laquelle les humains se mettent d’accord. Pendant ce temps, au CNT toujours, on y nomme et remplace des conseillers appelés à d’autres fonctions, comme cette nouvelle ministre qui cède sa place à une autre inconnue dans le respect du genre, histoire de dire que pour la fin de la transition parlementaire, ce n’est pas demain la veille. De toutes les façons, pour sûr, ces conseillers s’en accommodent. Et très bien même ! La preuve !
Quasi impossible, car pour pouvoir tenir les quatre scrutins, qui sont d’ailleurs l’ensemble des élections connues d’une République (référendaire, communale, législative et présidentielle), il faudrait se résoudre à reprendre l’ancien fichier électoral, l’ancien code électoral et des partis politiques, l’ancienne Constitution, toutes choses qui avaient pourtant justifié le coup d’État militaire du CNRD sous les acclamations nourries des militants de l’UFDG d’Élhadj Cellou Dalein Diallo uniquement, et peut-être, dans une moindre mesure, ceux de l’UFR de Monsieur Sidya Touré. Un retour en arrière qui prouverait également que les raisons qui ont prévalu au changement de régime ne se justifiaient pas alors ! D’où l’obligation pour le CNRD de continuer dans sa refondation et son changement institutionnel…
Ainsi donc et in fine, cette transition enclenchée le 5 septembre 2021 ne pourra pas prendre fin au soir du 31 décembre 2024, malgré l’horloge également dynamique de l’Ambassade des États-Unis en Guinée. Le CNRD aura alors bon don de dire, comme l’a fait subtilement hier le ministre porte-parole du gouvernement, Ousmane Gaoual Diallo, que la CEDEAO n’a pas souscrit à ses engagements de financement arrêtés lors de l’accord dynamique conclu avec l’État guinéen. Cette CEDEAO des incapables avait en effet promis, outre sa propre participation financière, de mobiliser tous les autres partenaires financiers internationaux (Union européenne, Francophonie, États-Unis, Union africaine, etc.) en vue de trouver les 5000 milliards 812 millions 456 mille 661 Francs guinéens, soit plus de 522 millions d’euros, y compris la quote-part de la Guinée, pour couvrir les 10 étapes de son chronogramme pour un retour à l’ordre constitutionnel voulu par cette communauté internationale.
La fameuse communauté internationale était plus orientée financièrement sur sa guerre en Ukraine pour avoir un regard pour « un petit pays oublié loin là-bas aux confins du continent africain ». Et cette inutile CEDEAO était plus préoccupée à voir comment bombarder les pauvres populations nigériennes et à organiser des opérations de subversion au Mali ainsi qu’au Burkina Faso, pour répondre aux desiderata du locataire de l’Élysée qui confond goumin personnel aux affaires de l’État, mais ceci est une autre histoire. Dans un cas comme dans l’autre, les militaires du CNRD pourraient utiliser cet argument fondamental pour justifier une prorogation de la transition qui n’est plus d’ailleurs d’actualité, passant désormais comme un fait consommé.
Le tout aujourd’hui est de savoir comment les « libérés du 5 septembre » (l’UFDG), pour reprendre l’expression d’un activiste de l’ancien régime, et le RPG/Arc-en-ciel, désormais dans une alliance contre nature, vont réagir face à cette réalité incontournable. Il se murmure que l’intifada va reprendre pour contraindre désormais le CNRD à passer la direction de la Transition à un pouvoir civil. Acculé, comment fera le CNRD qui a perdu assez de son aura auprès des populations fatiguées par la cherté de la vie, les délestages intempestifs du courant électrique, la restriction des médias, les emprisonnements des dignitaires de l’ancien régime pour corruption par le fait d’un procureur spécial dont l’incompétence notoire se le dispute avec une haine qui ne se justifie pas juridiquement ainsi que l’exil volontaire de politiciens has-been mais fortement soutenus par leurs militants, etc.? Un CNRD toutefois soutenu par la communauté internationale, en première ligne la France qui manœuvre à ne pas perdre ce pays comme avec la Centrafrique, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et peut-être bien le Tchad et le Togo ! Voilà un condensé dont bien maligne la « Mmah Touré » (junkie qui se dit prédicatrice) qui saura prédire la finalité ! Wait and see !
Par Abou Maco (Journaliste consultant)