Quand l’humanité transcende les ordres : Des leçons de courage !
C’est dans l’émission « Religions du monde » de RFI (Radio France Impérialiste) que j’avais capté une phrase marquante prononcée à l’époque par un pasteur de l’Église protestante de France : « Monsieur le Préfet, vos gendarmes ont le devoir de rechercher les Juifs, mais ils n’ont pas l’obligation de les trouver. » Cette déclaration, empreinte de sagesse et de courage, rappelle l’importance de l’humanité face à l’inhumanité des ordres, soulignant que le respect de la vie humaine doit toujours primer sur l’obéissance aveugle.
Il est essentiel de préciser ici, pour ceux qui l’ignoreraient ou l’auraient oublié, que cette citation s’inscrit dans le contexte de la Seconde Guerre mondiale, une période sombre durant laquelle les Juifs étaient activement traqués et déportés vers les camps d’extermination nazis.
Dans le même esprit, j’ai également entendu le témoignage poignant d’un prêtre qui a sauvé un Juif simplement parce qu’il voyait en lui un être humain avant tout, peu importe qu’il appartienne à ce peuple que certains appellent « déicide », accusé d’avoir tué Dieu. Cet acte de bravoure transcende les préjugés et démontre que, même en des temps troublés, certains ont choisi de suivre la voix de leur conscience plutôt que celle de la haine et du fanatisme.
Feu le capitaine Thomas Sankara déclarait :
« Un militaire sans formation politique et idéologique est un criminel en puissance. »
Cette phrase exprime sa conviction que les militaires doivent posséder une conscience politique et idéologique pour éviter de devenir de simples instruments de répression ou d’oppression. Il souligne ainsi l’importance, pour un soldat, de réfléchir aux ordres qu’il reçoit, plutôt que de les exécuter mécaniquement.
À l’heure où, un peu partout en Afrique de l’Ouest, des militaires tiennent les rênes de l’État, il est impératif que leurs subordonnés – les soldats et les forces de sécurité, notamment ceux chargés de rétablir l’ordre public lors de manifestations politiques – interrogent leur conscience d’humains avant de céder aux ordres de la hiérarchie leur demandant de tirer sur les populations civiles. La parenthèse douloureuse des événements du 28 septembre 2009 en Guinée est encore là pour nous rappeler les conséquences tragiques de l’obéissance aveugle.
Ces exemples et récits nous enseignent qu’il est possible, même face aux ordres les plus cruels, de faire preuve de compassion et de dignité. Peut-être devrions-nous méditer sur ces leçons de courage pour comprendre que la véritable bravoure consiste à protéger la vie humaine, quelles que soient les directives imposées par l’autorité.
Par Abdoulaye SANKARA