Quand l’État parle la langue du peuple !
L’initiative du ministère de l’Énergie, de l’Hydraulique et des Hydrocarbures de tenir une conférence de presse en langues nationales est une démarche aussi pertinente que nécessaire. Elle mérite d’être saluée et encouragée, car elle permet aux citoyens de mieux comprendre les réalités et les enjeux des secteurs stratégiques que sont l’eau, l’électricité et le carburant. Informer la population dans une langue qu’elle maîtrise, c’est lui donner les moyens de s’approprier les défis du secteur, d’en mesurer les implications et, le cas échéant, de réagir avec discernement en période de crise.
Il est un secret de polichinelle que les Guinéens, quand ils sont régulièrement informés des causes, des effets et du contexte d’un problème, savent faire preuve de patience et de résilience. Cette approche pédagogique et transparente du ministre Aboubacar Camara et de sa cellule de communication est donc un bel exemple à suivre. Toutefois, pour maximiser son impact, il est impératif d’exploiter pleinement les canaux de communication de l’État : la télévision nationale, les radios rurales et communautaires doivent relayer ce message en boucle, afin qu’il atteigne même les foyers les plus reculés.
Si seulement les promoteurs du Programme Simandou 2040 pouvaient s’inspirer de cette méthode ! Les populations concernées comprendraient enfin le programme dans toute sa complexité et son importance. Hélas, au lieu d’une communication pédagogique et inclusive, nous avons droit à une cacophonie digitale animée par des influenceurs dont l’expertise en gestion minière et ses retombées sur les populations à la base se limite à la danse du popotin sur TikTok ou des élucubrations sur Facebook. Entre les délires des Makossa-Makosso, les poses suggestives d’Eudoxie Yao et les pitreries de Bibiche, difficile de distinguer un projet d’un programme… à supposer qu’eux-mêmes en soient capables ! À croire qu’ils sont plus doués pour semer la confusion que pour éclairer les esprits.
Si l’État veut éviter que des enjeux aussi importants et déterterminants soient réduits à des vidéos burlesques, il est temps de privilégier une communication sérieuse, accessible et respectueuse de l’intelligence collective.
Par Abdoulaye SANKARA