Activement recherché, cet ex-sous-officier de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP) proche de François Compaoré est accusé d’être l’instigateur d’une récente tentative de déstabilisation contre les autorités burkinabè.
Il s’est taillé une place de choix dans le club des personnes les plus recherchées au Burkina. Pointé du doigt par les autorités comme le « cerveau » de la tentative de déstabilisation des institutions qui aurait été fomentée mi-octobre par plusieurs éléments de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP), l’adjudant Gaston Coulibaly est toujours en fuite et activement recherché par les services de sécurité burkinabè.
Présent à Ouagadougou début octobre, l’ancien gradé du RSP est depuis introuvable. « Il a disparu de la circulation quand ses complices ont été arrêtés sur le pont de Nazinon [à 140 km au sud de la capitale, NDLR] », explique un officier des renseignements. Identifié comme le chef du groupe après les aveux et les relevés des appels téléphoniques des individus interpellés, son signalement a été donné à toutes les forces de sécurité du pays.
Un militaire « calme, qui ne posait pas de problèmes »
Malgré les importants moyens déployés pour le localiser, tout laisse penser que le principal suspect a eu le temps de quitter le pays. A-t-il rejoint le Bénin ? Possible. C’est en tout cas dans ce pays limitrophe que cet ex-membre du Groupement des unités spéciales (GUS), l’une des trois composantes de l’ex-RSP, s’était installé après sa mise en disponibilité par l’armée, aux lendemains de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 contre le régime de Blaise Compaoré. Il y aurait alors retrouvé l’homme dont il a assuré la sécurité pendant plus d’une décennie : Francois Compaoré, l’influent frère cadet du président déchu.
Selon l’un de ses anciens frères d’armes du RSP, interrogé par Jeune Afrique, l’adjudant Gaston Coulibaly, personnage imposant d’une cinquantaine d’années, était un militaire « calme, qui ne posait pas de problèmes et qui n’a jamais été impliqué dans une quelconque affaire ». Après la fronde populaire née de l’assassinat de Norbert Zongo, le 13 décembre 1998, il avait été affecté à la sécurité de François Compaoré.
Mis en disponibilité par l’armée
Il y restera plus de dix ans, jusqu’à ce que son commandement décide de renouveler le personnel dédié à la sécurité des personnalités du régime. Il regagne alors le GUS, au sein du RSP. Après l’insurrection populaire d’octobre 2014 – durant laquelle il aurait continué à défendre son ex-patron -, il obtient sa mise en disponibilité de l’armée en 2015.
Libéré de son treillis, l’ancien ange gardien de François Compaoré prend la direction du Bénin pour y lancer une « affaire » de vente de véhicules. « Il avait plusieurs activités plus ou moins claires, comme ce soi-disant business de voitures, selon l’officier cité plus haut. Mais nous pensons qu’il s’agissait de couvertures et qu’il continuait en réalité à travailler pour François Compaoré ».
L’ombre de François Compaoré
Après la chute brutale de son aîné, ce dernier s’était en effet réfugié au Bénin avec son épouse et sa belle-mère Alizéta Ouédraogo. Bien que très discret depuis bientôt deux ans, le frère honni continuerait à y séjourner ponctuellement, lorsqu’il n’est pas en voyage à Paris (pour voir ses enfants), à Abidjan (pour voir son frère), ou ailleurs dans la sous-région. « Cela ne surprendrait personne que François Compaoré se cache derrière tout ça, explique un haut-gradé. L’adjudant Coulibaly a assuré sa sécurité pendant dix ans. Ils ont tissé des liens solides et ont gardé de bons rapports. »
Enfin, les importants montants qu’aurait offerts le « cerveau » supposé de cette tentative de déstabilisation interrogent. Selon une source proche de l’enquête, l’adjudant Gaston Coulibaly aurait distribué entre 200 000 et 300 000 francs CFA à certains membres du complot et promis plus encore, ainsi que d’autres récompenses, en cas de succès de l’opération.