La dégradation poussée des infrastructures routières en Guinée suscite assez de critiques au sein de la population. Pour comprendre ce qui explique cette dégradation et les solutions qu’il faut apporter, la rédaction de votre site Mosaiqueguinee.com a reçu ce dimanche 06 novembre 2016, Monsieur Sâa Yolande Camara, Directeur national de l’entretien routier.
Nous vous proposons une première séquence de l’interview !
Mosaiqueguinee.com: Quelle différence existe-t-il entre la Direction nationale de l’entretien routier (DNER) et le Fonds d’entretien routier (FER) ?
Sâa Yolande Camara : Comme son nom l’indique, la direction nationale de l’entretien routier a pour mission l’application de la politique du gouvernement en matière d’entretien routier sur les routes nationales, préfectorales et communautaires, les voiries urbaines, les ouvrages de franchissement mais également d’assurer le suivi des différents projets. En fait, c’est la direction technique qui conçoit tous les projets, lance les appels d’offre, passe les marchés en recrutant les entreprises techniquement capables de faire les travaux, et suit l’exécution de ces travaux sur le terrain.
Quant au Fonds d’entretien routier, sa mission c’est de collecter des ressources et financer ces opérations que je viens d’énumérer. Donc je peux dire que c’est le Ministère de l’Economie et des Finances en miniature. C’est dans le soucis d’alléger le payement que ce fonds d’entretien routier a été créé pour que, dès que les entreprises travaillent, automatiquement, dans les 72 heures qui suivent, ou les sept jours qui suivent, que les factures soient payées.
Mosaiqueguinee.com: Depuis quand êtes-vous nommé à ce poste, et qu’est ce qu’on peut mettre à votre actif depuis votre prise de fonctions ?
Sâa Yolande Camara : C’est depuis le 30 mai 2016, que je suis mis à ce poste aussi honorifique et stratégique.
Mosaiqueguinee.com: Et qu’est-ce que vous avez pu faire depuis?
Sâa Yolande Camara : Ce que j’ai pu faire, c’est à l’actif de la première responsable de ce département, Madame la ministre des Travaux Publics, parce que nous travaillons sous sa direction. Dès notre arrivée, nous avons fait le diagnostic pour savoir ce qui va et ce qui ne va pas. On s’est aperçu qu’il fallait élever le niveau de qualification du personnel. Nous avons conçu des modules de formation pour que chaque lundi, les cadres de la direction soient formés dans le domaine de l’entretien routier parce que c’est un secteur sensible.
La deuxième chose, il fallait évaluer le budget de la Direction. Chaque fois nous sommes interpelés pour dire « vous faites du mauvais travail et deux mois après, vous revenez sur les mêmes faits ». Donc il fallait savoir qu’est ce qui nous emmène à ça. Et à ce niveau nous avons interpellé ce qu’on appelle le Laboratoire national du bâtiment et des travaux publics avec lequel nous avons travaillé de façon très étroite pour pouvoir définir un plan de travail, un plan d’intervention sur tous les chantiers qui étaient en cours. Ce plan a été conçu et il a été retenu que « les résultats de tout contrat, de tout chantier qui va maintenant être lancé, soient certifiés par ce laboratoire, comme ça se fait ailleurs ». Même s’il y a des bureaux d’études qui ont la responsabilité de suivre ces travaux, nous allons mettre ce laboratoire au cœur de toutes nos activités.
La troisième opération, on a déployé sur l’ensemble des chantiers en cours, les cadres qui, jusqu’ici, n’étaient pas affectés. Nous avons procédé à la relance des chantiers qui étaient en souffrance. Nous avons réactivé des dossiers que nous jugeons très importants.
Mosaiqueguinee.com: Quels sont ces dossiers, Monsieur le Directeur ?
Sâa Yolande Camara : Il y a des contrats dans le cadre du cantonnage. Le cantonnage c’est l’ensemble des opérations qui consistent à maintenir et à remettre une route en état. On a signé une centaine de marchés. Aujourd’hui, ces entreprises sont sur le terrain pour que quand il y a un petit trou qui se crée, ou quand un arbre tombe, que ces entreprises puissent intervenir automatiquement, dégager les herbes, débroussailler afin qu’il y ait une visibilité le long de nos routes.
En plus, comme c’était en pleine saison de pluies, il ne fallait pas accepter que les routes se coupent. Donc Madame la Ministre nous a instruit de procéder à un lancement rapide des marchés de l’an passé. Nous avons lancé notamment les tronçons Mali-Labé, Mali-Tougué et Dabola-Faranah. L’objectif de lancer ces marchés était de permettre aux entreprises qui avaient ces marchés, de maintenir la mobilité des personnes parce que c’est sont des axes très sensibles. Je ne peux pas tout citer, mais il y a un travail de titan qui a été fait.
Même dans la voirie de Conakry, nous avons procédé au lancement de travaux avec des entreprises qui étaient là pour se battre avec nous afin de maintenir la fluidité des personnes et des biens. La météo même a certifié que depuis 1962, il n’avait jamais plu à Conakry comme cette année. Malgré cette pluie, nous sommes parvenus à maitriser un peu la situation.
A suivre !!!
Interview réalisée par Thierno Amadou M’Bonet Camara