Un homme fume une cigarette dans un lieu public à Manille, capitale des Philippines, le 13 octobre 2016. (Photo : AFP/NOEL CELIS)
Les gens qui fument un paquet de cigarettes par jour développent en moyenne 150 mutations supplémentaires dans leurs poumons chaque année, d’après une nouvelle étude qui contribue à expliquer pourquoi les fumeurs sont plus exposés au cancer des poumons.
D’autres organes sont également touchés. L’étude montre qu’un paquet par jour conduit à environ 97 mutations dans chaque cellule du larynx, 39 mutations dans le pharynx, 23 mutations dans la bouche, 18 mutations dans la vessie et 6 mutations dans chaque cellule du foie par an.
« Avant aujourd’hui, nous avions une large gamme de preuves épidémiologiques reliant la cigarette au cancer, mais maintenant nous pouvons observer et quantifier les changements moléculaires dans l’ADN à cause de la cigarette », a expliqué Ludmil Alexandrov, co-auteur du Laboratoire national de Los Alamos, dans un communiqué.
Les résultats de l’étude ont été publiés dans le journal américain Science.
Les cigarettes contiennent plus de 7 000 produits chimiques, dont plus de 70 sont connus pour causer le cancer. Bien que des études précédentes aient associé la cigarette à des risques accrus pour 17 types différents de cancer, y compris du cancer des tissus qui ne sont pas directement exposés à la cigarette, on ne savait pas encore vraiment comment fumer provoquait le cancer.
Pour cette étude, les chercheurs ont observé plus de 5 000 tumeurs, comparant les cancers des fumeurs aux cancers des personnes qui n’avaient jamais fumé.
Ils ont découvert des empreintes moléculaires particulières de dégâts d’ADN, appelées « signatures mutationnelles », dans l’ADN des fumeurs, et ont compté le nombre de ces mutations particulières dans différentes tumeurs.
L’étude a révélé au moins cinq processus distincts de dégâts de l’ADN liés à la cigarette.
Le plus répandu d’entre eux est une signature mutationnelle déjà découverte dans tous les cancers, qui « semble accélérer la vitesse d’un réveil cellulaire qui subit prématurément une mutation de l’ADN », ont-ils observé.
La cigarette fait au moins six millions de morts chaque année et, si la tendance actuelle persiste, l’Organisation Mondiale de la Santé prédit plus d’un milliard de décès liés au tabac au cours de ce siècle.