On est loin de la période d’obscurantisme, où il ne fallait jamais attendre que l’expert économiste, Dr Ousmane Kaba, vous donne une lecture objective de l’économie guinéenne sans que son souci ne soit de savoir si ses analyses arrangent ou pas le pouvoir en place. Alors que le régime d’Alpha Condé vient d’annoncer avec pompe la signature d’un accord avec Chinalco pour la relance de Simandou, notre expert explique que là encore, on a vraiment raté le coaching.
L’ancien ministre des finances estime que la Guinée n’a pas dansé pendant qu’on l’applaudissait dans ce projet. « Nous avons raté le coaching déjà. Le cycle s’est déjà renversé. Parce que dans les années 2012, 2011, 2010 les chinois ont beaucoup démarché pour qu’ils puissent avoir un minerai de fer en Guinée puisque c’est eux qui sont les grands acheteurs du fer dans le monde. Ils ont acheté 63% du milliard de fer commercialisé », dit-il avant de deplorer que c’est seulement maintenant qu’on leur donne ce qu’ils cherchaient depuis longtemps alors que ça n’a plus que peu de valeur de nos jours.
En tant que principal acheteur de fer dans le monde, la Chine s’est retiré un peu du marché. C’est ce qui a fait chuter le prix du métal sur le marché international, a expliqué l’honorable député. « Le prix qui a atteint 139 dollars la tonne est maintenant à moins de 40 dollars la tonne. Alors que dans le projet simandou, le seuil de rentabilité était de 76 dollars la tonne. Le prix ayant baissé, le projet n’est plus rentable », explique-t-il.
Pour l’ancien président de la commission finances avant d’être détrôné pour avoir « manqué du respect » au Fama du RPG Arc-en-ciel, il ne faut surtout pas penser que ce projet rapporterait tout de suite de l’argent et des emplois à la Guinée. « En tant qu’expert, je peux vous dire que la Guinée ne peut pas avoir l’argent du fer dans les 5-6 prochaines années », dit-il. « Je ne pense pas qu’à l’état actuel du marché international du fer, que des investissements puissent se réaliser rapidement sur simandou », soutient Dr Ousmane Kaba.
Il a donné ces explications chez nos confrères de la radio parlementaire.
Fatoumata Traoré