L’entreprise américaine Alcoa et llaglo-australienne Rio Tinto-Alcan toutes les membres du consortium Halco Mining Inc. qui cogérent la compagnie des bauxites de Guinée (CBG) se sont retirées de la construction de la raffinerie de Kabassa pour des raisons économiques, dit-on. C’est ce qu’indique une lettre que l’américaine Alcoa a adressée au gouvernement guinéen dont Guinéenews© s’est procuré copie. Dans la première publication de cet article, vous auriez pu lire que le groupe Halco s’est retiré de la construction de la raffinerie de Kabassa au lieu de Alcoa se retire de Halco Mining Inc. Désolé pour les inconvénients.
Selon le contenu de ladite lettre, ce retrait d’Alcoa et de Rio Tinto Alcan n’est nullement lié au gouvernement guinéen mais plutôt aux contraintes économiques et à la réorganisation interne entamée par la direction de la compagnie pour se positionner sur le plan stratégique.
Ironiquement, ce départ de Halco se fait au moment où la SFI (sociéte de finance internationale), une filiale de la banque mondiale a annoncé un prêt de près 200 millions de dollars américains à la CBG pour permettre à l’entreprise minière de procéder à l’extension de l’usine. Cette extension devrait permettre à la compagnie des bauxites de Guinée d’augmenter non seulement sa capacité de production de la bauxite cuite mais aussi de renouveler ses équipements et pénétrer les marchés chinois.
Justement, Rio Tinto-Alcan veut profiter de cette occasion , essaye de prendre le contrôle du conseil d’administration de la CBG afin de « saboter » ou « empêcher » le projet d’extension et de construction de la raffinerie d’aluminium, a-t-on appris. Et la Guinée, qui n’a tiré aucune leçon pratique de la saga de Simandou, semble lui faciliter la tâche en acceptant aveuglement cet autre état de fait au détriment des populations guinéennes, a-t-on appris de sources minières généralement très crédibles.
Selon ces sources, l’extension de la CBG permettra à l’entreprise d’approvisionner les marchés chinois en bauxite. En réussissant à pénétrer les marchés chinois, cela créerait une sorte de compétitivité directe entre la bauxite produite par la CBG en Guinée et celle extraite des mines de Rio Tinto en Australie sur les marchés chinois puisque les Chinois se ravitaillent à partir des mines australiennes détenues par l’anglo-australienne. Cependant, la valeur ajoute bénéfique à la Guinéen ne sera réellement possible qu’en construisant la raffinerie conformément à l’accord signé entre les partis depuis 1963, et réitère en 2005.
» Lorsque Rio Tinto-Alcan prendra le contrôle de l’équipe managériale de la CBG, il n’y aurait aucun doute que ses dirigeants gèlerons le projet d’extension tout comme ils ont fait pour le cas de Simandou pour ne pas que les marchés chinois soient inondés de bauxite, ce qui pourrait logiquement réduire le prix du minerai sur le marché mondial… », estiment nos sources qui s’interrogent si la Guinée va-t-elle continuer à se faire berner par Rio Tinto et jusqu’à quand ?
« En fait, Alcoa dans son retrait de la CBG, a fait preuve de fair-play avec notre pays. Ses dirigeants n’ont pas voulu faire des problèmes avec la Guinée. Mais il vous souviendra que lorsque GAC (global alumina corporation) était en train de faire sa raffinerie à Sangarédi, le groupe Halco Mining Inc. avait annoncé un projet d’extension de la CBG. Mais c’est Rio Tinto qui a tué ce projet. Et manifestement, lorsqu’ils acceptent l’extension de la CBG (phase 2) celle-ci bloquera leur projet d’extension qu’ils sont en train de développer à Weipa, en Australie dont la production démarrera en 2019 (phase 1) « , nous affirme un spécialiste des questions minières qui a requis l’anonymat.
» Le vrai impact n’est pas lié à leur projet en Australie mais, c’est relatif à celui de la CBG dont la production, une fois l’extension terminée, sera destinée aux marchés chinois et qui pourront créer une valeur ajoutée importante pour la Guinée. Mais ce rêve ne sera possible qu’en empêchant Rio Tinto-Alcan de prendre le management de la CBG en vue d’éviter le blocage de cet autre projet… », lâche-t-il.
Malgré nos multiples tentatives, l’anglo-australienne n’a retourné ni nos appels téléphoniques ni nos courriels. De même, aucun officiel guinéen n’a voulu se prêter à nos questions, du moins pour l’instant.
La CBG a été fondée par le gouvernement guinéen et les partenaires de Halco Mining Inc. en 1963. La Guinée détient 49% des actions, et les partenaires de Halco Mining Inc. possède 51%. Ceux-ci comprennent Alcoa (22,5%) ; Rio Tinto-Alcan (22,95%) ; et Dadco (5,10%). Elle exploite la mine de Sangaredi avec environ 2400 employés. Elle exporte 15,2 millions de tonnes de bauxite par an son permis d’exploitation est valide jusqu’en 2038.
Nous y reviendrons.