Le chef de l’armée gambienne Ousman Badjie a réaffirmé ce mercredi son « soutien inébranlable » à Yahya Jammeh. Celui-ci, pressé de quitter le pouvoir à la suite de sa défaite à la présidentielle, a saisi le même jour la Cour suprême de nouvelles plaintes contestant les résultats de l’élection de décembre.
Dans un message publié mercredi 4 janvier par le quotidien pro-gouvernemental Daily Observer, le chef de l’armée gambienne, le général Ousman Badjie, a réitéré son soutien et celui de ses hommes à Yahya Jammeh, défait à l’élection présidentielle du 1er décembre alors que le chef de l’État briguait un cinquième mandat.
Le général Ousman Badjie a renouvelé « l’assurance de la loyauté et du soutien inébranlable des forces armées gambiennes » au président ainsi qu’aux autorités, a-t-il écrit, en félicitant aussi Yahya Jammeh pour son « engagement personnel » envers l’armée.
À l’occasion de la visite de la délégation des chefs de l’État ouest-africains le 13 décembre, le général Badjie avait déjà exprimé son soutien au président gambien, au pouvoir depuis 22 ans. Il était arrivé aux discussions en portant sur son uniforme un badge de Yahya Jammeh, affirmant qu’il soutenait « le commandant en chef, le président Yahya Jammeh ».
Le président de la commission électorale en exil
Le chef de l’armée gambienne a par ailleurs plusieurs fois réitéré ses critiques contre la Commission électorale indépendante (IEC) et son président, Alieu Momar Njie, à l’origine selon lui d’ »erreurs inacceptables ».
Ce dernier a fui la Gambie pour le Sénégal. Le président de la CEI dont les locaux ont été fermés durant deux semaines, craignait pour sa sécurité.
Il a quitté le pays « après avoir appris que les autorités gambiennes complotaient contre lui et son équipe », a indiqué mardi à l’AFP un membre de sa famille.
Recours devant la Cour suprême
Le parti de Yahya Jammeh, l’Alliance patriotique pour la réorientation et la construction (APRC), a déposé mardi 03 janvier deux nouvelles plaintes auprès de la Cour suprême gambienne.
Selon des copies de ces documents obtenus mercredi par l’AFP, le camp présidentiel estime que les résultats ont été falsifiés dans deux régions, privant ainsi le président gambien d’une « victoire bien méritée ».
L’APRC avait déjà saisi la Cour suprême le 13 décembre dernier pour contester les résultats de l’élection présidentielle. Le recours doit être examiner le 10 janvier, soit neuf jours avant l’expiration du mandat de Yahya Jammeh.
Escalade
L’issue de la crise post-électorale gambienne est toujours incertaine alors que le président nouvellement élu Adama Barrow doit être investi le 19 janvier.
Trois radios privées ont été fermées le 1er janvier sans explications par des membres de l’Agence nationale du renseignement (NIA), sur ordre de leur chef. L’une d’elles, Afri Radio, a rouvert mais elle ne diffuse plus que de la musique. Les deux autres, Teranga FM et Hilltop Radio, demeurent toujours silencieuses.
Par ailleurs, au moins cinq sympathisants de l’opposition ont été brièvement détenus ces derniers jours par la NIA pour avoir porté ou vendu des T-shirts prônant un changement de régime, selon des sources de sécurité et des militants libérés.
La Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), tout comme les Nations unies et la communauté internationale, maintiennent la pression sur Yahya Jammeh. Même si elle privilégie un transfert pacifique du pouvoir, l’organisation régionale n’exclut pas un recours à la force militaire pour déloger le chef de l’État si celui-ci demeure au pouvoir au-delà de son mandat.