Dans un entretien accordé à laSynthese.net suite au mouvement d’insurrection armée dans la journée du vendredi 6 janvier 2017, un militaire ayant requis l’anonymat, a révélé que le Président se fait tromper par les généraux de l’armée. Ils lui font croire que tout va bien alors que c’est faux.
L.S : Bonjour, pouvez-vous nous dire ce qui se passe exactement avec les militaires à Bouaké ?
Nous avons pris les armes ce vendredi pour revendiquer un certain nombre de chose que l’Etat nous doit. La principale, c’est la prime de l’ECOMOG qu’on doit depuis plusieurs années après la crise post-électorale. On nous avait promis que, si on enlevait le président Laurent Gbagbo, au lieu que les nigérians viennent, et qu’on leur donne cet argent, on allait nous le remettre. Et c’est ce que nous avons fait, nous avons chassé Laurent Gbagbo du pouvoir en avril 2011 et jusque-là, rien n’est fait pour nous payer cette prime. A côte de ça, nous avons souhaité que nos salaires soient revalorisés et que nos grades soient revus. Ils nous ont fait la promesse de régler toutes ces questions et on ne voit rien de tout ça. Nous avions manifesté une première fois, le pouvoir a dit de se calmer et que les choses allaient suivre leur cours. Mais rien ne pointe à l’horizon et on ne peut pas rester sans rien faire car c’est un droit pour nous et un devoir pour l’Etat.
L.S : A combien s’élèvent ces primes dites d’‘‘ECOMOG’’ ?
A la vérité c’est une forte somme d’argent car elle varie entre 5 et 9 millions de FCFA par personne. Certes chacun va de son montant mais ce qui est sûr, c’est que ces primes varient.
L.S : Mais qui sont les bénéficiaires de ces primes d’ECOMOG ?
Les bénéficiaires sont tous les ex-combattants, qui ont fait la rébellion, et qui sont aujourd’hui réintégrés dans l’armée ivoirienne (militaires) depuis la fin de la crise post-électorale. C’est donc ces militaires, que nous sommes, qui revendiquent ces primes et autres avantages qu’on nous a promis. Et c’est un droit pour nous.
L.S : C’est donc les militaires issus de la rébellion qui doivent bénéficier de cette prime ?
Non, ce ne sont pas seulement les militaires venant de la rébellion. C’est l’ensemble des militaires issus des anciennes forces rebelles et des anciennes forces armées de Côte d’Ivoire car il avait été décidé qu’on ne fasse pas de discrimination en privilégiant un groupe et laisser un autre groupe. Seulement que pour les militaires issus de la rébellion, ce sera un peu plus vu qu’ils ont combattu pour le pouvoir en place.
L.S : Alors pendant combien de temps allez-vous rester hors des casernes et libérer les corridors ?
Nous sommes dans les rues jusqu’à ce que les autorités décident de nous rencontrer pour nous dire avec exactitude quand nous allons bénéficier de nos primes. Cette fois-ci, nous sommes déterminés à aller jusqu’au bout de notre mouvement. Et nous allons avoir gain de cause.
L.S : On aurait appris que des forces spéciales sont en route pour Bouaké. Que va-t-il se passer si elles arrivent ? Serait-ce un affrontement ou qu’allez-vous faire ?
C’est vrai qu’on a entendu dire que des forces spéciales sont en route pour Bouaké, en provenance d’Abidjan pour nous déloger. Ce sont des rumeurs pour moi. Mais si c’est vrai aussi, ce ne sera pas bon du tout car ça risque d’aller à l’affrontement et ça peut détruire le pays. Dans tous les cas, si elles arrivent et que nous pouvons discuter, nous allons discuter car entre nous corps habillés, si on s’attaque, ce ne sera pas bien. Parce que le plus souvent, c’est la population qui paie le lourd tribut.
L.S : D’où vous proviennent vos armes ?
Nous avons pris nos armes dans les différents camps de Bouaké. Ce sont pour la plus part des kalachnikovs et quelques RPG 7.
L.S : Mais vous avez bloquez tous les corridors. Aucun véhicule n’entre ni ne sort, ne pensez-vous pas que cela paralyse tout dans la ville et peut déranger l’économie du pays ?
Nous sommes là pour réclamer nos droits et non faire du tort à qui que ce soit. Et nous ne les avons pas pris contre les populations. Nous sommes sur les corridors, et dans la ville. C’est vrai que ça dérange mais nous pensons à l’intérêt des populations. Car des gens peuvent s’infiltrer pour voler et nous ne voulons pas avoir cela sur notre conscience. C’est pourquoi certains sillonnent la ville, surtout le quartier des affaires en tirant pour dissuader les éventuels voleurs des biens des populations. C’est donc une sorte de sécurité que nous faisons.
L.S : Que va penser le président Alassane Ouattara de votre mouvement quand on sait qu’il avait régler un de vos problèmes dernièrement ?
Après tout c’est le président de tous les ivoiriens, c’est donc notre papa. Et il sait que nous ne sommes pas là pour détruire le pays. Nous sommes conscients qu’il y a des investisseurs qui arrivent et les ivoiriens veulent la paix. Notre souhait, c’est que le gouvernement nous appelle pour qu’on trouve ensemble un terrain d’entente. Nous ne voulons pas paralyser les choses car ça ne nous arrange pas. Nous ne voulons donc pas inquiéter les civils car, il peu les ivoiriens sortaient d’une grave crise et nous ne voulons pas leur faire revivre cette situation de troubles. Nous voulons la paix pour nos frères et pour ceux qui vivent en Côte d’Ivoire, surtout à Bouaké. Le véritable problème, c’est que les généraux ne disent pas la vérité au Président, ils font croire que tout va bien, alors que c’est faux. Donc parfois nous voulons dire au président ce qui ce passe réellement sur le terrain. C’est donc le moyen de se faire entendre directement par le président afin de trouver une solution à nos problèmes.
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