Malgré son potentiel et la promesse du Président Condé de valoriser les produits locaux, l’artisanat guinéen a toujours du mal à sortir la tête de l’eau. Pour tenter de valoriser ce secteur, l’Etat guinéen a créé l’Office National de Promotion de l’Artisanat, un service peu connu du public, relevant du Ministère du Tourisme, de l’Artisanat et de l’hôtellerie. Après près de deux ans passés à la tête de cet office, l’actuel Directeur, Kaba Diakité, a accordé une interview exclusive à la rédaction de Mosaiqueguinee.com. Avec lui, nous parlons non seulement de ce que ce service offre aux artisans, mais aussi et surtout des acquis de sa gestion, les perspectives et les difficultés rencontrées par les artisans.
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Mosaiqueguinee.Com : Vous êtes là depuis près de deux ans, peut-on savoir ce que vous avez pu apporter à cet office ?
Kaba Diakité: D’abord j’aime beaucoup ce secteur parce qu’on y trouve des personnes sincères et dévouées. Dès mon arrivée, je n’ai pratiquement rien trouvé sur place sur le plan logistique. Je suis ici dans un petit bureau au ministère et nous sommes en train de nous battre pour équiper un autre endroit où l’office était avant. J’ai pu me battre pour obtenir ce local et je suis en pleine réfection dudit local où l’office va déménager très prochainement.
Mosaiqueguinee.Com : Quel rapport existe-t-il entre l’Office National de Promotion de l’Artisanat et l’Office Guinéen du Tourisme (OGT) ?
Kaba Diakité: Les rapports entre les deux offices sont des plus bons, nous évoluons sous la même tutelle, qui parle de tourisme parle forcément d’artisanat. Nous sommes en train de réfléchir sur comment mettre des synergies ensemble pour pouvoir relancer le secteur du tourisme. Qui parle de relance du tourisme, parle forcément du développement et de la promotion de l’artisanat. Donc nous sommes obligés de travailler ensemble et c’est notre credo.
Mosaiqueguinee.Com : Qu’est ce que votre office apporte aux artisans en termes d’accompagnement ?
Kaba Diakité: Nous accompagnons les artisans dans le domaine de la formation et dans le domaine de la promotion de leurs produits parce que si le produit n’est pas acheté, il est appelé à disparaître.
Sur le plan local, nous organisons des expositions, des foires, pour les (artisans Ndlr) mettre en exergue et emmener le public guinéen à aller découvrir ce que nos artisans savent réellement faire et ce qu’ils produisent.
Sur le plan international aussi, nous assistons aux foires qui se passent dans la sous-région et le rôle de l’office est d’acheter des espaces d’exposition, des stands et aider les artisans Guinéens à être présents sur ces lieux d’échanges et de commerce.
A côté de cela aussi, nous les identifions. Nous avons récemment mis en place la carte professionnelle sécurisée des artisans.
A chaque fois qu’il y a une opération de deguerpissement pour agrandir les routes par exemple, les artisans en pâtissent. C’est un problème à notre niveau parce que c’est des personnes qui sont là, qui payent des taxes, qui donnent de la formation à d’autres jeunes. Quand on les chasse sans leur donner un autre endroit où s’installer, c’est un autre problème. Nous nous battons pour trouver des espaces à aménager, où les réunir. Ce projet existe au sein du ministère. L’office que je dirige se bat aussi auprès des institutions de financement.
Mosaiqueguinee.Com : Peut-on avoir une idée sur ce que l’artisanat apporte à l’Etat guinéen par an ?
Kaba Diakité: C’est énorme ! Nous n’avons pas des statistiques mais si nous nous approchons du ministère du Budget, des Finances, de la douane ou du gouvernorat, ils pourront nous dire ce que l’artisanat apporte à l’économie nationale. Je vous assure que c’est considérable ! Aucun artisan ne peut s’installer dans un endroit sans avoir un numéro de la commune ou du gouvernorat. Les services des impôts aussi viennent leur imposer des taxes.
Mosaiqueguinee.com : Le Président a promis de faire valoriser l’artisanat local, où en est on avec cette promesse ?
Kaba Diakité: Le président de la République tient à ça et nous sommes en train de travailler dans ce sens. Déjà, nous avons lancé le projet de deux mille table-bancs dont le le financement est bouclé. Le Président a payé totalement les artisans et nous avons procédé à une méthode de sélection et j’avoue que la majorité des artisans en ont bénéficié. Ce pan de la promesse du président est bouclé et nous nous préparons à attaquer la deuxième phase qui est la rénovation de certains établissements qui souffrent de dégradation.
En ce qui concerne le consommons guinéen, il a dit qu’il veut que nous arrivions à interdire ne serait-ce qu’au niveau de la commande publique, l’importation de meubles. Pour y arriver, il faut préparer les artisans à supporter cette commande, il faut les équiper, les qualifier et nous sommes sur ce processus. Rassurez-vous que ça sera fait parce que ça fait partie des priorités du Président de la République.
Mosaiqueguinee.Com : Avez-vous les moyens de vos politiques ?
On veut tellement faire, mais les moyens nous manquent. C’est à nous de nous battre pour trouver les moyens idoines pas forcément du côté de l’Etat, mais aller auprès des institutions, auprès des partenaires pour chercher des fonds et développer ce secteur. Nous nous inspirons aussi de ce qui a réussi chez nos frères Sénégalais, Burkinabé… pour pouvoir en faire autant en Guinée.
Pour l’instant, nous nous battons et nous remercions beaucoup la Présidence de la République, les ministères des Finances et du Budget qui ne cessent de se battre pour mettre à notre disposition des moyens idoines pour rehausser ce secteur qui est un secteur porteur.
Mosaiqueguinee.Com : Auriez-vous un dernier message ?
L’artisanat est un métier noble ! (…) Soutenir ce secteur c’est soutenir réellement un développement durable, c’est soutenir l’économie sociale par excellence.
Interview réalisée par Thierno Amadou M’Bonet Camara .