‘‘La SMB ne nuit pas à l’environnement’’. Telle est la quintessence d’une communication qui nous a été envoyée après les récentes émeutes de Boké. Une communication qui reflète bien la défense de la société minière. Quels sont ses arguments ? ‘‘Le transport de bauxite par la société se fait des mines vers les ports de Katougouma et Dapilon sans nuire à qui que ce soit ni impacter négativement l’environnement. En perçant sa première route minière, qui fait 50 mètres de large et 23 kilomètres de long, la SMB avait pris soin qu’elle ne traversât aucun village. À dix kilomètres du port, pour éviter toute forme de nuisance, la route bifurque et s’éloigne de Katougouma. Elle est pavée sur ses six derniers kilomètres. Le transport de minerai par les camions de la société n’empoussière donc pas ce village, encore moins les autres plus éloignés. Pas plus que la bauxite elle-même, car elle est humide’’, dit la communication avant d’ajouter.
l’assèchement des rivières dans les zones environnantes n’est nullement lié à l’activité de la Société minière de Boké
‘‘Les autres routes minières non plus ne traversent aucun village, elles les contournent assez loin. A fortiori, aucun camion ou engin de la société ne passe à travers la ville de Boké. Toutes les opérations se passent à des dizaines de kilomètres. Les activités de la SMB n’ont aucun impact physique ou chimique sur l’environnement. Ce n’est pas le cas d’autres compagnies minières opérant en Guinée. En plus de dégrader fortement la nature sans reconversion possible, elles utilisent des produits polluants pour la nappe phréatique’’, accuse-t-on.
Par ailleurs, ‘‘l’assèchement des rivières dans les zones environnantes n’est nullement lié à l’activité de la Société minière de Boké, mais à leur étiage quasi-nul en saison sèche. C’est d’ailleurs un phénomène saisonnier constatable sur la plupart des cours d’eau guinéens. La SMB n’utilise de l’eau à aucune phase de sa production ; la bauxite est extraite sur une faible profondeur, transportée via la route minière jusqu’au port de Katougouma ou de Dapilon et évacuée vers la Chine’’.
‘‘Quant à la poussière qui se dépose sur les frondaisons bien loin de son périmètre, et dont on dit qu’elle empêche les arbres fruitiers de produire des fruits à Coréra, elle est due, précise la communication, au trafic intense sur la route qui joint Kanfarandé à la Guinée-Bissau. Cette route est publique, elle est constamment empruntée par des motos, des taxis, des minibus et des camions. De grosses bennes l’empruntent également pour se ravitailler en granit à la carrière de Kassongoni voisine, qui a alimenté la SMB au départ et alimente encore plusieurs projets, dont la CBG et de nombreux privés’’.
Enfin, ‘‘pour soulager les populations, et en conformité avec son plan de gestion environnemental et social, la SMB dédie gracieusement des citernes à l’arrosage de la route qui va de Baralandé à la carrière de Kassongoni. Ce tronçon est pourtant très éloigné de sa concession’’.
les personnes que nous avons interrogées à Diakhabya (Dapilon) et à Baniré (Dabis) sont unanimes qu’elles sont victimes d’envolées de poussière générée par les activités de la SMB
Guinee7.com, comme d’habitude, est allé au-delà de la communication faite par la société en interrogeant des villageois mais aussi des spécialistes. Le constat est alarmant, c’est le moins qu’on puisse dire.
Selon un spécialiste de l’environnement qui connait bien cette zone, contrairement à ce qui est défendu plus haut, ‘‘que les routes ne traversent pas les villages n’empêche pas la poussière de se déplacer dans un milieu ambiant. Si l’air est en mouvement, la pollution par la poussière peut être régionale’’. D’ailleurs les personnes que nous avons interrogées à Diakhabya (Dapilon) et à Baniré (Dabis) sont unanimes qu’elles sont victimes d’envolées de poussière générée par les activités de la SMB.
Pis, à Natampou vers Malapouya la poussière sur les anacardiers saute aux yeux (photo). ‘‘Ces plantes ne donnent plus’’, se désole un habitant.
Un villageois de Djoumaya rappelle dans un rapport que nous avons pu consulter qu’ ‘‘au départ, l’appréhension était positive. Nous avions même prié pour la réalisation de ce projet. Après compensation, certains ont même acheté 4 à 5 parcelles. Maintenant, à part la compensation, le projet ne réalise aucune bonne action en faveur des populations riveraines. Les gens ont abandonné leurs activités champêtres au profit du projet. La production de la localité a sensiblement baissé. Cela signifie que la famine s’annonce très proche de nous. Notre point d’eau qui est la principale source d’approvisionnement en eau potable de Djoumaya en toutes saisons est en voie de tarissement suite aux activités de la SMB. Il présente un aspect trouble en saison hivernale. Le SNAPE (Service national d’aménagement des points d’eau, NDLR) vient de passer ici pour l’installation d’un forage à Djoumaya’’.
Selon nos sources, ce forage, tout comme celui de Banirè ont été installés. Banirè (vers Dabis) est traversé par le Batafon. Les villageois nous renseignent qu’ils ont perdu deux rivières suite à l’exploitation minière de la SMB.
les forages résolvent le côté social. Mais pas le côté de l’écosystème
Des rivières qui tarissent sont légion dans la zone. Selon un Environnementaliste, membre d’une mission d’enquête dans la zone, ‘‘à Diakhabya, dans le district de Dapilon, Sous-préfecture de Kolaboui, trois rivières sur six ont tari suite aux activités de la SMB. Il s’agit de Wouba, Kolaboui et Kaboni. Tintimakhouré est la seule rivière intarissable. Morbaya, Karamôkhôkoron sont à régimes irréguliers’’.
La société fait des forages pour soulager des populations. ‘‘Mais les forages résolvent le côté social. Mais pas le côté de l’écosystème. Les espèces qui vivaient dans ces rivières disparaissent avec elles. Ne l’oublions jamais’’, enseigne notre spécialiste.
Par ailleurs, la machine ‘‘Vermeer’’ en activité d’extraction du minerai sur la mine 041 de Dioumaya (Malapouya) cause, selon des spécialites, deux problèmes à l’environnement : la poussière et le vacarme.
Quid de la gestion des ordures ? L’environnementaliste que nous avons rencontré déplore la ‘‘mauvaise politique de gestion des déchets solides’’.
‘‘Des ordures sont visibles partout sur le sol du port de Katougouma ; les traces ou les emballages contenant des huiles usagées ou tout autre objet souillé sont visibles par endroits. Abandon à même le sol des huiles de vidange et autres hydrocarbures dans des emballages ouverts. Cela est une non-conformité’’, conclut-il.