Présent au 32ème colloque international du CRÉDAF à Lomé, le Directeur des impôts, accompagné d’une forte délégation, a refusé lors de cette rencontre de passer inaperçu de par sa prestation dans les travaux de groupes.
Makissa a bien pu imposer ses points de vue par la force de ses arguments et la pertinence des sujets qu’il a défendus. Des points de vue qui ont figuré en gras dans le rapport final du colloque.
Au sortir de ces retrouvailles entre des responsables des structures de mobilisation des recettes des pays membres du CREDAF, le Directeur des impôts de la Guinée a bien voulu se prêter aux questions de notre envoyé spécial.
Avec lui, il est revenu sur le colloque. Il a aussi évoqué des réformes qu’il a initiées dans son service sous le leadership de son ministre Mohamed Lamine Doumbouya.
Lisez !!!
Mosaiqueguinee.com : Monsieur le Directeur, vous avez participé au colloque du CREDAF à Lomé, quel enseignement vous en tirez ?
Makhissa : Le gouvernement s’est inscrit dans un processus d’amélioration des finances publiques pour permettre à l’Etat de gagner en efficacité dans la gestion de la transparence budgétaire. C’est pourquoi, le ministère du budget fait des réformes, son cheval de bataille. Ces réformes concourent à une meilleure compréhension de certains processus. Ce colloque du CREDAF permet aux Etats qui ont pris part à ces différents travaux, d’échanger des informations, mais aussi des processus de réformes pour une meilleure compréhension dans le cadre de l’harmonisation de nos pratiques.
Il faut reconnaitre que les sujets qui ont été débattus, sont aujourd’hui au centre des réformes dans chaque Etat. Cela part des dépenses fiscales jusqu’à la gestion des titres de transfert mais aussi des réformes fiscales, telles que la collecte et l’amélioration des méthodes de collecte des recettes fiscales.
La mobilisation des recettes fiscales qui est transcrite par transmission de toutes les administrations, constitue aujourd’hui pour nous, une priorité.
En Guinée, un forum dans ce cadre a été organisé par le ministère du budget. Ce forum a été suivi par les ateliers sur la fiscalité immobilière mais aussi par la prise en charge du secteur informel.
Ces travaux vont permettre de comprendre comment est ce que ces reformes fonctionnent dans ces Etats, et voir dans quelle mesure on pourra les adopter chez nous, ce qui fait qu’on va dépêcher un voyage d’étude au Togo pour comprendre comment est ce que le pays a réussi à mettre en place l’office togolais des recettes qui relie les impôts et les douanes .
C’est une réforme qui a fait ses preuves. Elle joue sur la mentalité des contribuables mais aussi sur leur comportement à jouer efficacement sur la mobilisation des recettes dans leurs pays
Je sors de ce colloque très réconforté mais aussi avec une vision qui va nous permettre dans les jours à venir, d’amorcer d’autres élans de réformes dans notre pays, en plus de ce qui a été mené dans le cadre de la sécurisation des droits de timbres sur les véhicules d’importation mais aussi sur la vente des vignettes.
Mosaiqueguinee.com : Il y a des recommandations qui ont été faites parmi lesquelles, l’identification des contribuables. Comment comptez-vous l’appliquer en Guinée ?
Makhissa : Pour ça, nous sommes très en avance par rapport aux autres pays. On a réussi dans les cinq communes de Conakry, à identifier de façon cartographique, 50 mille contribuables qui y vivent actuellement.
Dans les autres pays, on n’est pas encore arrivé à ce stade. Certes, l’identification se fait, mais en passant par la mise en œuvre de ceux qui sont agrées mais aussi par la prise en compte du secteur informel.
Nous, on a anticipé avec la cartographie des cinq communes qui va s’élargir aux 33 préfectures de la Guinée.
On a réussi déjà à identifier 20 mille qui existaient avant dans le répertoire, nous allons partir loin.
Nous sommes en train de faire basculer ces 50 mille contribuables en professionnels vers la fiscalité immobilière. Nous pensons qu’avec la maitrise de cette table contribuable, nous réussirons aussi à cerner les 50 mille contribuables dans le cadre de la taxe foncière. Cette identification est partie des actions mais aussi des locaux qui existent….
J’ai demandé à mon collègue de la banque mondiale et de l’union européenne, de nous accorder un financement pour une étude que nous voulons mener pour mieux évaluer les dépenses fiscales et de voir comment est ce que nous allons les contenir parce que ça reste une problématique transversale dans tous les pays.
Aussi dans les recommandations vous avez interpellé les bailleurs de fond à revoir leur collaboration avec vous.
C’est une priorité pour nous parce que depuis de longues années, nous travaillons avec ces bailleurs de fonds. Nous sommes habitués à leurs relations. Le constat est qu’il y a souvent des juxtapositions de missions mais aussi de rapports qui se multiplient et qui ne sont pas accompagnés forcement par une assistance.
Pour moi, il est important que les bailleurs de fonds acceptent de revoir leur base. D’ailleurs, ça a été une remarque qui a été reconnue et défendue par les bailleurs de fonds mais pas de façon très convaincante parce qu’il ne s’agit pas pour eux de venir poser le diagnostic en permanence sans mesures d’accompagnement. On veut le diagnostic, mais nous voulons aussi être accompagnés pour régler définitivement les problèmes pour ne pas qu’ils reviennent sur la table.
Les bailleurs de fonds l’ont compris, c’est pourquoi, dans leur mode de fonctionnement, ils avaient un département public et privé, donc toutes les gestions de nos Etats étaient en partie confiées à ce département privé et sont aujourd’hui introduites dans le public et qui vont revoir leur mode de fonctionnement pour savoir dans quelles mesures ils pourront de façon efficace et pérenne accompagner dans les études, dans l’exécution de ses études mais aussi dans le financement de ses études pour que les Etats puissent réduire leur dépendance financière sans pour autant sortir du partenariat.
Entretien réalisé par
ML Cissé, de retour de Lomé