Il ya 74 ans, le tirailleur d’origine guinéenne Addi Bâ Mamadou, surnommé » le terroriste noir » par les naizis, était exécuté à Epinal. Le film « Nos patriotes » retrace une partie de sa vie.
Le 18 décembre 1943, un certain Addi Bâ Mamadou, « le terroriste noir », comme le surnommaient les nazis et leurs alliés, était exécuté à Épinal. Malgré un parcours hors norme, le résistant d’origine guinéenne tombait dans l’oubli. Et ce n’est qu’aux alentours des années 2010 que de justes hommages lui étaient rendus, notamment dans la biographie romancée Le Terroriste noir, de Tierno Monénembo (éd. Seuil).
Nos patriotes vient compléter ce tableau en montrant comment cet engagé volontaire au sein du 12e régiment de tirailleurs sénégalais a rejoint la Résistance, est devenu chef du premier maquis des Vosges et a réussi à se faire accepter comme l’un des leurs par les « montagnards ».
De l’ombre à la lumière
Le long-métrage du réalisateur français Gabriel Le Bomin a le mérite de ne pas céder à l’hagiographie. En peignant un personnage impulsif, cédant à ses envies de meurtre ou de plaisir, il éclaire les zones d’ombre du héros, interprété avec subtilité par l’acteur belge d’origine congolaise Marc Zinga.
Le film, qui met en lumière le courage d’un oublié de l’Histoire, pourrait être comparé dans son projet à Indigènes, de Rachid Bouchareb, qui se focalisait, lui, sur des combattants d’origine maghrébine.
Le film, qui met en lumière le courage d’un oublié de l’Histoire, pourrait être comparé dans son projet à Indigènes
Reste une interrogation : pourquoi avoir choisi de fictionnaliser le récit et inventé certaines scènes, comme celle qui introduit l’histoire, le mitraillage de tirailleurs sénégalais par les nazis pour tourner un simple film de propagande ?
Les documents mis au jour par les historiens, notamment Étienne Guillermond (Addi Bâ, résistant des Vosges, éd. Duboiris), suffisaient à réaliser un film poignant.