Le Premier ministre guinéen était l’invité de RFI ce matin. Mamadi Youla, s’est prononcé sur le récent accord-cadre signé entre la Guinée et la Chine, avant de donner son avis sur le mini-remaniement gouvernemental et l’ouverture tant attendue du procès du massacre du 28 septembre.
Cet accord, précise-t-il d’entrée de jeu, n’est pas exactement un accord de troc.
«Ce n’est pas juste qu’on envoie des minerais contre payement, contre marchandise ou contre investissement dans des infrastructures. Mais ce sont des projets qui vont faire l’objet d’études. Evidement, ces financements seront faits par des entités chinoises. Donc, des banques chinoises généralement garanties par Exim Bank-Chine selon les modalités classiques d’intervention de la Chine aujourd’hui dans des investissements de ce type. Les conditions sont des conditions qui sont à mi-chemin entre les conditions du marché et les conditions appelées consessionnels.
Question de la journaliste : Comment la Guinée compte-t-elle rembourser, si la croissance à deux chiffres attendue, n’est pas au rendez-vous ?
«Un certain nombre de projets ont été identifiés, ce sont des projets économiquement viables, qui vont générer des revenus et créer donc de la richesse. Le principe est que ces revenus vont servir essentiellement à alimenter les flux de remboursement des dettes qui seront contractées pour financer les infrastructures dont nous parlons aujourd’hui», répond le Premier ministre.
Mais ces milliards vont servir à quoi, concrètement ?
«Ils vont servir à financer des projets: la route nationale numéro 1, la réhabilitation d’une université. Il y a aussi l’amélioration des infrastructures dans la ville de Conakry, ça coute cher tout ce qu’on perd comme temps dans les embouteillages. Donc il ne s’agit pas de financer des éléphants blancs comme on dit, il faut financer des projets qui permettent de contribuer à la croissance économique de la Guinée», explique Mamadi Youla.
Changeant de chapitre, notre consoeur a demandé l’avis du Premier ministre par rapport au dernier mini-remaniement gouvernemental et les nombreux commentaires ayant suivi la nomination de Bantama Sow.
«C’est quand même une des prérogatives du Chef de l’Etat, bien entendu, en accord avec son Premier ministre, de revoir les performances du gouvernement… Je ne commenterai certainement pas ces rumeurs et le fait d’être un proche du Chef de l’Etat, pour moi ne peut que faciliter son travail», réagit-il.
Invitant l’affaire du 28 septembre dans cet entretien, notre consoeur a rappelé au PM que le ministre de la Justice avait promis l’ouverture d’un procès avant fin 2017.
A sa question de savoir ensuite si Mamadi Youla confirme cela, celui-ci répond : Le préparation se poursuit, l’instruction se poursuit. Nous espérons justement que le procès pourra être ouvert avant la fin de cette année…
Monsieur le Premier ministre, à quand auront lieu les élections communales ?
«On avait tendance à croire que la balle était toujours dans le camp du gouvernement, mais vous comprenez bien qu’il y a plusieurs acteurs qui interviennent et qui sont, pour certains, des acteurs indépendants. Aujourd’hui, je me réjouis, il y a aucun élément de blocage… », lance le PM.
Pourtant, il manque 200 milliards pour organiser les élections locales, est ce qu’on les reporte à l’année 2018 ?
Effectivement, se ravise le premier ministre, la question du financement est sur la table. Le glissement du calendrier a certes introduit quelques difficultés de ce point de vue. Mais, lance-t-il, nous restons confiants que ces questions seront surmontées afin que ces élections soient organisées le plus tôt possible.
Un décryptage de Thierno Amadou M’Bonet Camara