Le chroniqueur et journaliste sportif, Amadou Diouldé Diallo, a marqué son passage la semaine dernière sur les antennes de la radio « Lynx Fm» par un coup de gueule qu’il a poussé contre la gestion du football guinéen. Votre hebdomadaire décrypte les propos du trublion des milieux sportifs guinéens. Sans commentaire. Lisez.
Comment se porte le sport en Guinée, M. Diallo ?
Si c’est le sport dans son ensemble, il faut dire qu’il se porte très mal parce qu’il n’y a pas des infrastructures où les jeunes peuvent justement s’exprimer. Aujourd’hui, il n’y a aucune infrastructure de standing ni à Conakry ni à l’intérieur du pays. Donc le sport se porte très mal.
Et le stade de Nongo où est ce qu’on en est ?
Le stade de Nongo, je reviens encore là-dessus est un don de la Chine.
Antonio l’a privatisé ?
Non ! Ce n’est pas Antonio, c’est l’Etat qui l’a privatisé, qui l’a fait un bail de 33 ans.
Pourquoi on ne joue pas là-bas ?
Je vous explique. Le stade de Nongo est un don de la coopération chinoise. Une enveloppe de 50 millions de dollars. Dans cette enveloppe, le stade d’une capacité 50 019 places, un stade de dernière génération mais dans l’enveloppe de 50 millions, il n’y avait pas la clôture, le parking et les toilettes publiques. En 2008, les Chinois ont procédé à la remise provisoire des clés au gouvernement guinéen, Lansana Kouyaté était Premier ministre.
La FIFA a dépêché une délégation qui est venu faire l’inspection et qui a donc homologué le stade mais sous réserve de la réalisation de la clôture du parking et les toilettes publiques. Depuis 2008, c’est ce que l’Etat guinéen a été incapable de faire bientôt 10 ans. Au finish, l’Etat s’est désengagé. Et il a dit nous faisons un bail de 33ans avec Antonio Souaré pour que le stade sorte du portefeuille de l’Etat et maintenant un privé va le gérer. Ça aussi, c’est une première en Guinée.
Est-ce que ce privé-là (Antonio) qui avait prévu d’inaugurer son centre sportif de Yorokoguiya en avril, maintenant, nous sommes en Octobre, il est incapable de finir son centre sportif, on ne comprend pas ?
Non il a fini. Le problème, il souhaitait que l’inauguration de CIS médias, sa radiotélévision et le centre sportif de Yorokoguia que les deux se fassent en même temps sous la présidence de Issayatou, le 16 mars 2017. Issa Ayatou n’a pas été reélu. Donc, il y a cet aspect. Mais le centre sportif de Yorokoguia est aujourd’hui l’un des meilleurs sinon le meilleur de l’Afrique de l’Ouest.
Est-il opérationnel ?
C’est qu’il y a un mixage à Yorokoguia. Il y a le centre mais il y a également un hôtel de cinq étoiles.
Pourquoi le stade de Nongo a été privatisé ? Pourquoi jusqu’à présent, il n’est pas opérationnel ?
Les travaux se poursuivent parce que le temps que le stade a mis sans être utilisé, il y a eu de dégâts au niveau des vestiaires au niveau même de la pelouse. Il faut reprendre systématiquement la pelouse. Aujourd’hui, Antonio a mis de l’argent. Les Chinois sont en train de travailler pour rendre le stade opérationnel mais beaucoup de dégâts ont été enregistrés.
Est-ce que la Guinée peut tenir la CAN 2023 ?
Non ! Moi je suis maintenant pessimiste parce que la CAN je rappelle d’abord qu’elle nous a été donnée gré à gré. La CAF a violé ses propres statuts parce que ce n’était un appel à candidature. Nous étions allés pour la CAN 2021 qui a finalement été attribuée à la Côte d’Ivoire. Le président Issa Hayatou a dit, c’est une nation de football. Vous ne pouvez pas rentrer bredouille puisque vous êtes venus, on vous donne la CAN 2023 pour que vous vous aussi vous organisez une coupe d’Afrique des nations. Maintenant, on a mis un comité en place, c’est tout.
Et le cahier des charges ?
Le Cahier des charges de la CAN, c’est le troisième au monde après la coupe du monde et l’Euro. Maintenant, on est plus à 16. On est à 24. Même à 16 est-ce que la Guinée allait tenir ? Nous sommes à 24. Il faut donc 6 stades sans compter les stades d’entrainement, des cliniques de dernières générations et que les télécommunications soient performantes. Il faut avoir des hôtels, il faut avoir des routes, il ne faut pas rêver. Je partais vers Sonfonia, aujourd’hui, ce sont des ordures qui ornent la route de prince. On vient jeter les ordures sur la chaussée pendant ce temps Alpha se promène, il est en train de vendre des illusions aux Guinéens.
On vient d’avoir 20 milliards de dollars non?
Attendez que vous ayez ces 20 milliards en question, c’est de la parole. Moi j’attends le concret, même dans ça est-ce que vous avez entendu parler de stade là-bas ? Les Chinois sont les plus grands constructeurs de terrains au monde à supposer que vous ayez 20 milliards. Je crois trois (3) milliards décaissables maintenant. Est-ce qu’on a prévu des stades dedans ?
Le COCAN là même si vous regardez comment il a été mis en place, c’est une structure bancale. On a mis des gens qui ne maîtrisent rien en matière de sports.
On a mis un comité, moi j’étais de ceux qui étaient favorables à ce que Souleymane chérif soit le président du COCAN, parce que c’est la plus grande valeur marchande footballistique que nous avons dans ce pays. Mais ça, je dis encore, c’est la discrétion du Chef de l’Etat. Moi, je ne discute pas les actes constitutionnels du Chef de l’Etat lorsqu’il a pris un décret. Je reste respectueux de ce point de vue. Il a mis un COCAN en place, mais ça ne suffit pas. On a donné un siège au COCAN. Ce n’est pas le COCAN qui va jouer. Ce sont les infrastructures et à ce niveau-là, elles n’existent pas. Je ne vois pas la Guinée, en tout cas, sous le régime d’Alpha Condé, dans la capacité de réaliser tous ces stades-là.
Sur les 20 milliards que les Chinois ont donnés, dans les 3 milliards décaissables, c’est là où on a parlé de l’assainissement et d’autre peut être dans les 17 milliards qui restent dans cette prévision. Peut-être il sera question de construire des stades.
Si vous me dites qu’Alpha Condé s’occupe des mines et des voyages à la Magellan, je prends. Mais si vous me dites qu’Alpha Condé aime le sport particulièrement le football, je ne prends pas parce qu’il est des traditions citoyennes républicaines dans tous les pays du monde que la finale de la coupe nationale soit présidée par le Chef de l’Etat. Je ne vous l’apprends pas vous le voyez partout dans le monde. Dites-moi en 7 ans si vous avez vu Alpha Condé au stade présidé une finale de coupe nationale.
Dites-moi avec tout ce qu’on a dit sur le stade de Nongo, est-ce que vous avez vu Alpha Condé aller le visiter? Le football, c’est une religion des temps modernes, ça mobilise des millions et des millions. Quand nous sommes en difficulté comme ça il y a un stade qui n’est pas opérationnel, l’Etat doit créer un fonds d’urgence pour rendre opérationnel au lieu de le donner à un privé.
Ça va être la priorité de Bantama Sow
Aujourd’hui, le stade de 28 septembre, je sonne encore l’alerte. Il est de 1964. Si ce n’est pas les relations, la FIFA peut fermer le stade du 28 septembre. Il n’est plus dans les normes. Et le danger de 1964 à maintenant est-ce qu’on a pensé à une inspection pour voir les résistances des matériaux. Les Russes qui ont fait le stade, je pense qu’il serait bon de les faire appel et leur dire voyez les résistances des matériaux pour ne pas que demain qu’un drame s’y produise. Parce que le stade ne répond à aucun critère, à aucune norme aujourd’hui c’est ça la vérité.
Le Syli national a été tenu en échec en Tunis par la Libye, les chevaliers de la méditerranée. Comment avez-vous analysé cet échec ?
C’est un problème mental. J’ai toujours dit que les joueurs que nous avons, ce sont des joueurs produits de la déperdition scolaire. Par conséquent dans la nouvelle technologie du football aujourd’hui qui veut que ce soient des intellectuels, des universitaires, qui sont allés à l’école, les meilleurs exemples ce sont les Etats Unis, les plus grands Athlètes des Etats-Unis sortent des Universités, ce sont les Etudiants pour la plupart. C’est à l’école qu’ils sont décelés. Vous bénéficiez des bourses et d’autres avantages lorsque vous êtes sportifs à l’Université. Ils font même des prospections et du recrutement même en Europe mais à condition que vous ayez le Bac.
Donc, on n’a pas de centre de formation, on n’est toujours en retard par rapport à l’actualité. Le centre de formation de Dian Mbar avec Patric Vierra et ses partenaires, ce n’est pas moins de 15 millions d’Euros le chiffre d’affaire par an. Aujourd’hui, le centre de formation de Sol Beni en Côte d’Ivoire à part Didier Drogba tous les autres footballeurs ivoiriens que vous voyez là sont sortis de ce centre.
Vous pouvez faire l’école du primaire jusqu’au Bac en étant au centre de sol béni donc vous avez les deux formations académique et footballistique. Le football de rue, ce n’est l’affaire de personne et les problèmes de nos joueurs ceux qui partent d’ici, qui se débrouillent pour aller dès qu’ils ont un nom là-bas s’ils reviennent leurs problèmes, c’est de battre le pavé dans le quartier. Si vous voulez c’est comme Aimé Cessaire ‘’Le Cahier d’un retour au pays natal’’.
Figurez-vous la plus part de la génération de Titi exception fait de Titi qui a toujours été très sérieux et de Morlaye Soumah (Colo Vaty) la plus part d’entre eux avaient des studios dans les quartiers. Quand ils descendaient de l’avion, ils partaient dans ces studios avec des jeunes qui écument les quartiers pour leur trouver si vous voulez les princesses du jour. C’est delà qu’ils partaient à l’internat.
Il y en a qui sont partis ici avec des princesse à Monastir, des joueurs qui envoient des jeunes filles avec même la délégation ?
Je ne vous contredis pas. C’est pour dire que le fait existe mais tout ça, c’est du fait que ce sont des analphabètes ou des semi analphabètes que nous avons. Un joueur qui est sorti du centre de formation qui a passé toute sa vie là et devenir ce qu’il est, ne peut pas faire des choses comme ça. Mais jusque-là, nous sommes joyeux. Voyez le match aller ici, on a pris deux buts en deux minutes simplement parce qu’on a mené deux zéro. On pense que le monde est fini et puis on relâche. L’entraineur procède à des remplacements, et puis voilà on prend les buts. Ici, à l’hôtel de l’indépendance, on était obligé de mettre des gendarmes même dans l’ascenseur parce qu’il y a des joueurs qui prenaient des filles avant leur arrivée qui étaient à l’hôtel de l’indépendance. Mais à un palier supérieur. Généralement, l’équipe était au deuxième étage. Donc les filles sont-là. Les gens descendent manger, il y a une petite détente après le dîner, le temps pour rejoindre les chambres vous rejoignez la fille là-haut et puis vous descendez dans votre chambre après tout ça, c’est passé ici.
Même au Maroc, on a vu des filles que des joueurs avaient envoyées qui étaient à l’hôtel, là avant le match. Si vous me dites que je n’ai pas la preuve mais c’est bien plausible. (…) Si vous me dites que des choses comme ça se sont passés en Monastir d’abord il y a des étudiantes guinéennes à Monastir, il y a des étudiants qui sont là qui disent, c’est l’occasion pour moi de faire le petit coco pour avoir 50 Euros avec tel joueur. Ils ont poussé le scrupule jusqu’à prendre des filles ici envoyer. S’ils n’ont pas rendu sur le terrain, la preuve est là.
Les médecins disent une chose, qu’un homme en état d’érection, le 2/3 de richesse du sang vont dans le pénis.
Quel est votre regard par rapport au coaching de l’entraineur ?
Moi je dis, nous avons besoin d’un entraineur de haut niveau mais là aussi puisque l’Etat n’est pas bon payeur, Michel D. est resté ici 10 mois sans salaire. Or, pour avoir un entraineur de haut niveau, il faut payer. Tant que nous restons dans cette orthodoxie financière que la fédération dépend du ministère que le ministère écrive au ministère des Finances, on ne s’en sortira pas parce que toute la mafia, tous les détournements, c’est-à-dire c’est un réseau. La fédération fait sa liste, elle dépose au ministère mais après, regardez la dernière fois pour Séoul. J’aurais appris que le directeur du cabinet de la présidence de la république, Ibrahima Kalil Kaba a même pris des gens à Kankan qui n’avaient même pas de passeport, pour les mettre dans la délégation comme supporteurs pour aller à Séoul.
Qu’est-ce qu’il faut faire ?
Il faut qu’il y ait obligatoirement des centres de formations. Abédi Pélé était venu ici pour nous proposer un centre. On n’a dit non. On a notre fierté guinéenne. Il n’a qu’à aller faire un centre au Ghana, s’il avait mis ce centre-là à l’époque, on ne serait pas là. Il faut des centres de formations. Ça c’est un. Deuxièmement, il faut que l’Etat accepte de libérer en tout cas pour le football les dépenses de football que ça ne relève plus du ministère des Sports qu’on donne la ligne de crédit. Le budget de la fédération, on domicile cet argent dans le compte de la fédération et que la fédération gère. Et que le ministère des Sports ait un pouvoir de contrôle de l’activité de la fédération par rapport au budget qui lui a été alloué. A un moment ici, dans les délégations sportives, c’était le trafic de visa.
En attendant qu’elle soit libre et indépendante, il faudrait bien que l’on sache les résultats de cet audit qui a été engagé en janvier 2013 et qui a couvert toute l’étape jusqu’au mois de décembre 2015.
L’audit, c’est parce que Antonio Souaré a dit j’ai pris la fédération mais il faut bien que je sache. Je ne veux pas être comptable de ce que je n’ai pas géré. Il faut que j’ai une situation claire. Donc, l’audit a été commandité, les conclusions lui ont été remises, il a envoyé la conclusion à la FIFA. Maintenant, on attend la réaction de la FIFA pour savoir qui a fait quoi durant cette période. Ceux qui ont géré que ce soit le président ou qu’il ait des complices au nom du comité exécutif ou de la comptabilité et tout, ils vont répondre. Vous savez, c’est ce qui a fait partir tout l’empire de Blater. Si vous êtes en activité et que vous êtes incriminé par l’audit, vous allez cesser toute activité au niveau de la fédération jusqu’à ce que votre innocence ou votre culpabilité soit établie.
Mais est ce qu’il y a déjà des personnes soupçonnées dans ça ?
L’audit ne cite pas quelqu’un. On fait un travail après, c’est sur la base des analyses des pièces comptables et des signatures pour dire qui était là à telle période, qui a engagé telle dépense où sont les justificatifs. C’est par rapport à ça les gens sont interpellés.
Selon les informations que nous avons recueillies au tour de cet audit de son contenu c’est que la plupart qui gérait avec Salifou sont tous impliqués dans ces dossiers et qui sont avec Antonio, puisqu’Antonio n’était pas à l’époque dans la gestion. C’est le seul qui ne sera pas éclaboussé dans cette affaire ?
C’est la justice qui va le prouver.
Et si c’est le cas, toute l’équipe actuelle va partir
Les gens seront suspendus mais à la justice de prouver l’innocence ou la culpabilité de quelqu’un.
Ils seront suspendus par la FIFA
Les audits ne citent personne. Ce sont les analyses comptables qui vont déterminer ceux qui ont géré. Moi, je ne cite personne parce que je ne suis pas la justice. Si vous êtes suspendu, votre culpabilité est établie, la FIFA va vous poursuivre. Maintenant c’est à vous de prendre des avocats pour vous défendre. Si votre innocence est prouvée, il n’y a pas de problème, si vous êtes suspendu vous serez réhabilité. Maintenant, si vous êtes coupable, vous risquez avec remboursement à l’appui, voilà le problème.
Un mot sur l’actualité politique en Guinée. Quel regard portez-vous sur tout ce qui se passe ?
Alpha est en train de gagner son pari de mettre hors d’état de nuire l’opposition. Il avait dit que l’opposition cessera d’exister. Les gens ont pensé qu’il allait tuer les opposants, non ! Il ne les tue pas mais il les réduit au silence ou des promesses non tenues, des engagements ou des cooptations ou de la corruption, l’un dans l’autre en tout cas, il est en train réussir son pari.
Je pense qu’aujourd’hui la solution, c’est la fermeté de Cellou Dalein. Il faut qu’il cesse de rencontrer Alpha. Il ne devait d’ailleurs pas le rencontrer parce qu’il n’a rien à gagner avec lui. Vous ne pouvez pas rencontrer quelqu’un qui cherche à vous abattre simplement parce que si vous lui rencontrez, il tire profit de votre rencontre.
Ça lui fait une image. Là, il tire profit pendant ce temps, tous les engagements qu’ils prennent, il n’honore rien.
Il faut qu’il sorte de tout ça, pour être radicale et d’autres aussi qu’Alpha utilise parce qu’il connait la proximité de Cellou avec ces gens-là qui étaient pratiquement sur les carreaux qui avaient même quitté ce pays et que, maintenant, Alpha utilise pour dire non comme tu es proche de Cellou va le voir, essaie de faire le rapprochement. Eux, ils font de Cellou leur fonds de commerce pour se rapprocher d’Alpha et bénéficier des avantages matériels, financiers et même administratifs. Et ça aussi Cellou, malheureusement, il tombe dans ce piège-là.
Il faut qu’il reste radical, plus jamais qu’il rencontre Alpha Condé qu’il continue opposant. Alpha l’a même largué. Alpha a dit moi je n’ai jamais rencontré Lansana Conté.
Une synthèse d’Alpha Amadou Diallo (Le Démocrate)
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