C’était écrit. Tout le monde l’a su. Tout le monde l’a vu. Tout le monde l’a lu. Tout le monde l’a compris. Et moi, je ne fais que répéter après le vrai auteur : Le troisième anniversaire de l’Appel de Daoukro vient d’avoir lieu ce dimanche 17 septembre 2017. On a vu accourir tout le monde. Le RDR a envoyé une délégation de 25 personnes, cinq fois plus que prévu. Au point qu’on a dû trouver de toute urgence de nouvelles chaises pour faire asseoir tout ce beau monde. Un afflux et une considération hors-normes pour un PDCI qu’on a auparavant publiquement présenté comme un allié trop gourmand!
Au fond, demandons-nous: pourquoi l’Appel de Daoukro intéresse-t-il encore le RDR, alors même que la quasi-totalité de ses dirigeants, y compris le président Alassane Ouattara en personne, ont laissé entendre depuis des mois qu’ils n’ont jamais rien promis au PDCI-RDA pour 2020?
Quelques jours plus tôt, les 9-10 septembre 2017, Ouattara tenait son congrès du RDR. Auparavant, il a d’abord pris la précaution d’en écarter Guillaume Soro. Le seul à pouvoir lui dire la vérité en face, dans ce parti. Alors, le roi Ouattara a littéralement anesthésié le RDR. Au mépris du règlement intérieur de ce parti. Il s’est permis de nommer le Bureau alors qu’il a refusé d’en être le Président ! La scène était digne des anciennes dictatures totalitaires. Il a dégommé qui il voulait. Nommé ses faire-valoir habituels: Dagri Diabaté, Amadou Gbon Coulibaly, Kandia Camara… Que du menu fretin, pour ne lui faire aucun ombrage, au monarque Ouattara.
Le Président de la République, usant et abusant de sa position dominante, a donc démoli le RDR, devant ses propres camarades médusés et soumis. J’ai suivi le congrès: les militants de base n’ont rien compris au jeu de Ouattara. A l’unanimité, la presse ivoirienne a reconnu à son tour que Ouattara a dribblé tout le monde: Soro, les thuriféraires du RDR (Amadou Soumahoro dit Cimetière, Cissé Bacongo le mangeur, Adama Bictogo le golden boy, Hamed Bakayoko le roi de la nuit, en particulier), et même les militants de base de son parti qui le croyaient enfin de retour à l’administration de la Case. Non: Ouattara a préféré mettre le RDR sous coma artificiel. Henriette Dagri Diabate est une présidente sans pouvoir.Amadou Gbon ne fait que ce que Ouattara lui dit.. Et quant à Kandia Camara, elle a chaudement pleuré à l’annonce de sa nomination: elle ne sait même pas ce qu’elle peut en faire.
C’est donc un RDR complètement démobilisé qui se tourne à présent vers le PDCI-RDA, selon les instructions de Ouattara lui-même.
Il a juré à haute et intelligible voix qu’il n’y a aucun problème entre lui et le Président Bédié. Il a juré sur ses propres mânes qu’il aurait le parti unifié houphouétiste avant la fin de l’année 2017. Et c’est là qu’on a compris pourquoi Ouattara a refusé le poste de Président du RDR. C’est qu’il vise plus haut! Il veut commander le parti unifié du RHDP. Non, mais, je rêve ou quoi! N’est-ce pas le RDR qui a renversé le PDCI-RDA en 1999, après que Ouattara ait promis de rendre la Côte d’Ivoire ingouvernable pour Bédié? » Je frapperai ce pouvoir et il tombera « . Et vlan ! Bedié tomba.
N’est-ce pas le même RDR qui, profitant amplement de la rébellion de Soro et ses compagnons, s’est mis pendant 8 ans en embuscade contre le régime FPI de Gbagbo, jusqu’à la présidentielle 2010 qu’il n’a gagnée au second tour que grâce au soutien du PDCI-RDA? Qui a oublié que le RDR a contribué à empêcher Bédié d’être qualifié en 2010 en lui volant au passage dans le nord quelques voix!? Deuxième trahison.
N’est-ce pas le même RDR qui une fois au pouvoir, s’est mis à dire que le PDCI-RDA mange trop et en demande trop? En 2014, le Président Bédié a lancé l’Appel du 17 septembre à Daoukro. Ouattara était assis et a entendu tout le discours. Il l’a même applaudi à s’en arracher la peau des mains. Qu’a dit Bédié? IL a appelé au soutien de la candidature unique de Ouattara à l’élection présidentielle 2015, dès le premier tour, à la stricte condition que le RDR accepte qu’en 2020, ce soit un candidat issu du PDCI-RDA qui bénéficie du soutien de tous les partis du RHDP, comme candidat unique dès le premier tour de la présidentielle à venir. Ils étaient tous là, les pontes du RDR (Ado, Soro, Gon, Amadou Soumahoro, etc.). Aucun n’a bronché. Ouattara a applaudi son cher aîné et les choses se sont passées ensuite comme promis.
Une fois réélu, Ouattara et le RDR se sont à nouveau mis à détricoter l’Appel de Daoukro. Amadou Soumahoro, Cissé Bacongo, Hamed Bakayoko, Amadou Gon, et tous leurs seconds couteaux, se sont succédé sur toutes les tribunes du pays pour dire deux choses: d’abord, que le RDR n’avait jamais promis de rétrocéder la candidature unique en 2020 au PDCI-RDA; de deux, que le RDR était assez fort pour rester à son tour 40 ans au pouvoir comme ce fut le cas du PDCI-RDA d’Houphouët à Bédié. Qui ne les a pas vus, lus et entendus? Troisième trahison en cours ! Sans oublier les limogeages méprisants de nombreux cadres du PDCI-RDA par le monarque Ouattara!