3 Octobre 2017. La nuit fut longue. Et même très longue à la résidence du gouverneur de la ville de Conakry. Préalablement interdite par le général Mathurin Bangoura, la dernière manifestation de l’opposition républicaine [le 4 octobre dernier] s’est finalement tenue avec une modification de l’itinéraire. Joint par MEDIAGUINEE pour comprendre ce qui s’est passé ce jour tard la nuit, le ministre d’Etat, conseiller personnel du Président de la République, Tibou Kamara a bien voulu nous édifier. Les faits sont bon à mâcher…
« Lorsque le principe de manifester a été retenu mais pas sur l’itinéraire [Tannerie-Bonfi] qui était prévu par l’opposition, le gouverneur [de la ville de Conakry, le général Mathurin Bangoura, ndlr] s’étant prononcé uniquement que sur ça, le président [de la République] m’a demandé avec le gouverneur d’aller trouver une solution. Et la solution qu’on a trouvée avec le gouverneur, c’est de maintenir la liberté de manifester de l’opposition et de l’inviter dans l’esprit de la concertation qui prévaut entre l’opposition et le pouvoir depuis l’accord politique et de l’inviter à changer l’itinéraire [Tannerie-Aéroport-Bambéto- Hamdallaye]. Donc, c’était un peu tard que cette consultation a été menée à partir de la résidence du gouverneur de la ville de Conakry, général Mathurin Bangoura qui était présent à toutes les étapes. Quand finalement avec l’opposition nous sommes convenus d’un nouvel itinéraire, donc l’interdiction sur l’autre itinéraire n’avait plus sa raison d’être puisque l’interdiction ne portait que sur l’itinéraire qu’ils nous ont soumis. Et l’itinéraire dont on est convenu finalement et qui a été accepté par toutes les parties, la manifestation pouvait avoir lieu. Mais comme c’était un peu tard, c’était difficile de donner l’information à tout le monde à la fois d’où le besoin qu’on a eu de faire une déclaration à travers les médias publics. Pour qu’avant le matin, l’information soit relayée à tous les niveaux même si déjà de bouche à oreille elle avait commencé à circuler. Ce qu’il ne faut pas surtout oublier, c’est qu’on était déjà dans une logique de confrontation. Entre l’interdiction sur l’itinéraire initialement prévu par l’opposition et la volonté de celle-ci de manifester malgré tout. Donc, comme on n’avait pas besoin du moment que l’itinéraire sur lequel on ne voulait pas a été annulé et que les autres aussi pouvaient manifester, ce n’était pas nécessaire d’aller à une confrontation. Donc, il n’y a pas eu de désaveu dans la mesure où cet itinéraire qui était prévu et sur lequel porte l’interdiction n’a pas été suivi par l’opposition, il n’y a pas eu de désaveu parce que le gouverneur lui-même a été impliqué dans la décision. C’est d’ailleurs à sa résidence que nous avons finalisé les discussions que nous avions entamées avec le président sur son instruction pour trouver une solution. Parce qu’il a vu que le gouverneur n’avait pas de problème à ce qu’il y ait la manifestation, mais c’est sur l’itinéraire où il a estimé qu’il avait un risque en cas de manifestation qu’il a pris une décision d’interdiction. Donc, la décision n’est pas tombée par-dessus la tête du général Mathurin comme je l’ai entendu dire. Deuxièmement, je dis qu’il n’y a pas eu de désaveu parce que l’opposition n’a pas marché sur l’itinéraire qui était prévu et sur lequel porte l’interdiction. Il n’y a pas eu de désaveu parce que le gouverneur a été pleinement impliqué dans la décision. Il n’y a pas eu de désaveu parce que le chef de l’Etat, c’est le garant du fonctionnement régulier des institutions mais plus encore de la paix sociale dans le pays. Il est au-dessus de nous, il peut décider à travers nous, comme il peut décider au-dessus de nous. Et après, nous, nous appliquons sa décision. Où est le problème ? J’aurai parlé de désaveu si sur l’itinéraire où il y a eu l’interdiction, c’est là où il y a eu la marche. Là, il y aurait eu un grand désaveu. Mais s’il n’y a pas eu tout ça et finalement chacun a fait une concession pour qu’on parvienne à une solution de compromis et que tout se passe normalement au point qu’aujourd’hui, la vie a pris son cours normal, qu’est-ce qui peut choquer dans ça ? Comme je l’ai dit, les gens n’ont pas toujours la bonne information. Sinon, c’est à sa résidence que tout ça a été fait après une explication qu’on a eu avec le président sur les tenants et les aboutissants de tout ça. Voilà ce qui s’est passé… ».
Mamadou Savané
in mediaguinee.org