L’affaire Koula est partie pour occuper le débat public cette semaine, avec l’audience prévue ce lundi au Tribunal de Première Instance de Dixinn. Bah Oury, on le sait, lors de la dernière audience, avait particulièrement reussi à ramener ce procès au coeur des débats en citant plusieurs responsables de l’UFDG qui, selon lui, ont pris part à une reunion de planification de sa mort. Ce dimanche, 22 octobre, nous avons reçu Alpha Boubacar Bah, Responsable de la Communication de l’UFDG. Avec lui, nous avons évoqué plusieurs facettes de cette affaire politico-judiciaire.
La nouveauté dans l’affaire
Bah Oury arrive au tribunal le lundi 09 octobre et annonce une nouveauté. Selon lui, à la veille, il y a eu une réunion qui préparait son assassinat. A cette réunion, ont participé Alpha Boubacar Bah, Bano Sow, Ousmane Gaoual, Amadou Diouldé Diallo, Hadja Halimatou Dalein Diallo, Cellou Dalein, Sékou Fadiga. Je vous rappelle que Ousmane Gaoual était à l’extérieur du pays et n’est revenu que deux mois après. Bano Sow était en France, il est revenu un mois après l’événement. Sékou Chérif Fadiga était là, mais il n’a pas participé à quelque chose qui soit liée à quoi que ce soit.
On prend cette fameuse réunion et on dit tout de suite qu’elle a existé, sans enquêter, sans écouter l’autre partie. Amadou Diouldé Diallo n’est pas un militant de l’UFDG, c’est un journaliste. C’est vrai qu’il est très critique envers Alpha et Bah Oury mais il n’est pas militant de l’UFDG.
AlsenyAissata, n’était même pas avocat de l’UFDG, il n’y avait rien entre nous… Comment un avocat peut-il participer à une réunion où on parle d’assassinat. Comment nous pouvons organiser une réunion pour préparer l’assassinat de quelqu’un comme Bah Oury, et quand même avertir les autorités administratives et sécuritaires ?
L’indifférence des autorités face au risque que représentait la venue de Bah Oury à la réunion de l’UFDG malgré son exclusion
Lorsque votre confrère de Guineematin, qui était dans son véhicule, lui pose la question chez lui d’abord, en disant ceci : Et si on vous refusait l’accès ? Bah Oury a repondu en disant : Seul Dieu sait ce qui va se passer. A partir de là, si on était dans un Etat normal, où il y avait la justice, où les autorités étaient soucieuses de la paix sociale, on devait l’arrêter tout de suite. Parce qu’il a menacé de venir et de faire quelque chose que seul Dieu saurait.
Nous, nous avons écrit aux maires de Dixinn et de Ratoma et à la Gendarmerie de Hamdanllaye pour dire attention, il a menacé de venir, venez nous protéger. C’est ce qu’on pouvait faire. Les deux maires répondent positivement, transmettent la requête au gouvernorat et au ministère de la Sécurité pour qu’on nous envoie des renforts, personne ne bouge… Celui qui ne doit pas être là, devait être empêché d’être là pour éviter tout problème, ils ne l’ont pas fait. Ce qui arriva, malheureusement, arriva.
Alpha Boubacar Bah dénonce la conduite des premières enquêtes
Le soir même, les enquêtes démarrent, on s’est félicité de l’accélération, on était convaincu que ça pouvait nous impliquer parce que ça s’est passé chez nous, entre nous, mais ça ne pouvait pas aller pour nous inculper parce qu’on ne se reproche de rien. Le président Cellou répond le soir même à la convocation de Balla Samoura, c’est lui qui était chargé de l’affaire, parce que c’était dans sa zone. Il entend sous PV Bah Oury, Cellou et tous les autres qui étaient là.
Le lendemain, on reconvoque Cellou, il reçoit un SMS pour lui dire que Balla Samoura ne s’occupe plus de l’affaire, c’est Gabriel Diawara qui s’en occupe désormais. Pourquoi on retire le dossier à celui qui est le patron de la zone de Conakry, on le donne à son subordonné qui est à Matam ? Peut être que c’est ce dernier qui pouvait faire mieux le travail qu’ils voulaient faire. C’est une question qu’on se pose.
Une reconstitution de la scène du crime, pas impartiale, selon Alpha Boubacar
Le jour de la reconstitution de la scène, tout le monde vient, y compris le président. Chacun est placé là où il était hier (jour du crime). Bah Oury arrive seul, mais avec Gabriel Diawara, dans la voiture de ce dernier. Il ne se place nulle part, il reste du côté des gendarmes, il ne vient avec aucun de ses accompagnateurs. Pourquoi vient-il avec les enquêteurs, pourquoi les autres ne viennent pas ? Il n’y a pas eu la volonté de faire un bon travail. Après la reconstitution, Diawara dit : vous qui êtes de là jusqu’à tél niveau, vous êtes tous suspects, et on les convoque, c’est terminé.
Une procédure judiciaire dénoncée
Le 06 mai, nos avocats portent plainte contre Bah Oury, pour agression, pour violation de domicile, on envoie toutes les vidéos qui avaient été faites par les médias, les jeunes gens qui avaient été identifiés, qui accompagnaient Bah Oury, 26 noms ont été fournis, aucun n’a été entendu ou inquiété.
La plainte contre Bah Oury, le juge dit on rejette. On porte plainte contre le commandant de la gendarmerie de Hamdallaye pour non assistance, là aussi ils disent qu’ils ne sont pas les mieux placés.
On porte plainte contre Gabriel Diawara pour qu’il explique comment il peut faire une reconstitution sans l’autre partie, comment il peut ne pas convoquer les autres. Entre-temps, quelqu’un qu’on a arrêté, dit qu’on a fait extorsion d’aveux parce que Diawara la torturé, menacé et isolé. Il l’a entendu sans ses avocats et l’a mis en contact avec le général Baldé qui, lui aussi lui a promis des choses et que Diawarra a motivé son assistance à Algassimou Keita, sur des questions ethniques… Nous portons plainte contre Gabriel pour qu’on l’entende sur ces accusations de Algassimou, on refuse. De l’autre côté, toutes les personnes dénoncées par M. Bah Oury, sont tout de suite convoquées et entendues.
Cité par Bah Oury, Alpha Boubacar Bah, va-t-il comparaître ?
Je suis prêt à répondre à toute convocation de la justice. Dans le cas échéant, si cette justice ou injustice guinéenne décidait de me retenir, je suis moralement et psychologiquement prêt. Mais dans cette procédure, il y a eu une violation flagrante de l’article 390 du code de procédure pénale qui stipule qu’au plus tard à 72 H de l’ouverture du procès, la partie civile ou le ministère public doit fournir la liste de tous ses témoins. Les accusés aussi… Cette fois-ci, ce qu’on fait, c’est la partie civile vient deux mois et demi après l’ouverture du procès, dénoncer et dire tel et tel doivent être convoqués.
Décryptage de Thierno Amadou M’Bonet Camara