Mercredi 22 avril, alors qu’il se prononçait sur des sujets d’actualité, le ministre d’État en charge de la Justice, Me Cheik Sako s’est montré de passage « vengeur ». Disons qu’il a répliqué à des critiques essuyées ces derniers jours par son gouvernement, la justice guinéenne et même sa personne. Tout en se défendant, le ministre de la Justice a épinglé le député Ousmane Gaoual, votre quotidien en ligne, Guinéenews et Espace FM.
C’est avec Bah Oury, le vice-président de l’UFDG que Cheik Sacko a commencé. Ça ne lui a pas plus quand ce dernier a déclaré sur une télévision française que « la justice guinéenne a prononcé des peines de mort dans le dossier de Womey», cette « contrevérité » de l’opposant a poussé Cheik Sako à faire une mise au point sur la décision rendue par la Cour d’assises de Kankan sur ce dossier épineux. Le ministre de la Justice a donc dû rappeler que la peine de mort n’a été prononcé que dans le réquisitoire du procureur. Pour sa décision, la Cour a préféré infliger la réclusion criminelle à perpétuité à 11 des 26 accusés. Les 15 autres ont été acquittés. « C’est très grave. En matière de justice, il faut savoir de quoi on parle. Sur le plan judiciaire, il (Bah Oury) s’est trompé. Mais je pense qu’il est quelqu’un d’intelligent, il va se rectifier », dira-t-il.
L’acteur Sydia Touré
Le président de l’UFR a eu tort de qualifier « d’intellectuellement malhonnête » la démarche du gouvernement, qui a consisté à se rendre chez le chef de file de l’opposition en vue de ramener les opposants à la table de négociation. C’est du moins l’avis du ministre de la Justice, qui s’est dit tout de même surpris par les propos « de ce leader qui aspire à être président de la République.» Dent pour dent. Cheik Sako dira donc que l’ancien Premier ministre « s’est comporté comme un acteur de films de série B ». « J’espère qu’il va remuer sa langue plusieurs fois avant de sortir des choses comme cela », a émis le Garde des Sceaux, persistant que sa démarche était bien honnête.
Gaoual appelé à la modération
Le député Ousmane Gaoual et membre de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG) s’est également prononcé sur cette visite de la délégation gouvernementale chez Cellou Dalein. Gaoual n’aurait pas apprécié les déclarations de l’Ambassadeur des Etats-Unis sur cette démarche du gouvernement. Alors voici la réponse de Cheik Sako : « C‘est un jeune député pour lequel j’ai beaucoup de sympathie, mais je pense que sa pensée a été plus loin que ce qu’il voulait dire. Je lui demande (à Ousmane Gaoual) tout simplement d’être modéré notamment quand il a affaire à nos partenaires et aux diplomates dans notre pays. Dans un pays, on ne s’attaque pas à un diplomate comme il l’a fait ». Selon Cheik Sako, le seul tort du diplomate américain aurait été le fait de saluer la visite des ministres chez Cellou Dalein et d’appeler l’opposition à répondre à la main tendue du gouvernement.
Le surprenant Guineenews
L’autre sortie illégale pour le ministre de la Justice, est celle du célèbre prisonnier Mohamed Diallo alias Junior sur deux médias locaux dont votre quotidien en ligne. Il est inacceptable pour Cheik Sako qu’un présumé criminel en prison puisse avoir des discussions sur la procédure judiciaire avec des journalistes. Le ministre de la Justice s’est dit surpris par cette interview de Guineenews, un « journal en ligne » qu’il respecte pourtant.
Et Espace fait pire
Le passage de Junior sur Guinéenews avait coûté cher au chef pénitencier, qui a été suspendu. En plus, une information a été ouverte. Mais c’était sans prévoir une deuxième sortie médiatique du même Junior chez nos confrères de Espace FM, dans leur émission « Les Grandes Gueules « . Mais là, ça fait mal au ministre de la Justice. Au point de sanctionner le directeur de l’Administration pénitentiaire et d’aller jusqu’à saisir la HAC, pour que celle-ci se prononce sur le respect ou non de la déontologie du métier par ces journalistes. « Trop c’est trop. Je veux bien que les journalistes fassent leur travail, et je serai le premier à les défendre. Mais que des journalistes qui se respectent se prêtent à ce jeu, là c’est très graves », a riposté Cheik Sako, qui dit avoir appris que ces journalistes d’Espace ont des « amis » parmi les ministres. Alors, contre Espace, Me Cheik Sako a solennellement rappelé la solidarité gouvernementale à ses collègues. Espace aussi appellera-t-elle la solidarité journalistique à ses confrères ?
Lu sur guineenews.org