jeune Afrique révèle le contenu de cette étude de 66 pages sur laquelle planchent les pays membres. Globalement, le Maroc est le bienvenu mais son adhésion à ce marché commun doit se faire d’une façon progressive.
« Pour ce qui est de l’adhésion à part entière du Maroc à la Cedeao, de la Tunisie en qualité d’observateur et de la Mauritanie comme membre associé, le sommet a mis en place un comité composé des présidents togolais, ivoirien, ghanéen, guinéen et nigérian pour adopter les termes de références et superviser l’étude approfondie des implications de cette adhésion ». Voici ce qu’ont convenu les chefs d’État africains à l’issue du 52ème sommet de l’organisation régionale, réuni le 16 décembre à Abuja.
Jeune Afrique a pu accéder à l’étude d’impact soumise aux chefs d’État qui ont participé au sommet d’Abuja. Elle est globalement positive pour le Maroc, mais soulève un certain nombre de freins et de contraintes, essentiellement liées au décalage entre l’économie marocaine et celle de certains pays de la région. En voici les principales conclusions.
Craintes de déséquilibre
Tout d’abord, côté procédure juridique, rien n’empêche l’adhésion du Maroc à ce regroupement régional. Il suffit d’un acte additionnel au traité fondateur qui n’exclut pas la possibilité d’adhésion d’un nouveau membre.
Ensuite, en cas d’acceptation du Maroc, les questions relatives à la libre circulation des personnes et des biens, le droit de résidence et d’établissement, la monnaie unique ainsi que les aspects techniques de tout genre, exigent un délai de transition.
Sur ce point, le Maroc « prendra en compte les préoccupations économiques des pays de la zone en leur permettant de protéger leurs secteurs fragiles », a assuré à Jeune Afrique une source diplomatique, qui avance l’idée d’appliquer une méthode comparable à celle à l’oeuvre dans le cadre de l’accord d’association Maroc – Union européenne (UE). En clair, les 15 pays de la zone Cedeao pourront accéder librement au marché marocain, sans réciprocité automatique, et ce, pendant le temps que souhaite la Cedeao.
Questions de compétitivité
Sur le plan économique, l’adhésion du Maroc serait globalement bénéfique, notamment dans les secteurs de l’agriculture et de l’industrie, dans lesquels le royaume a réalisé des avancées.
« Le marché de l’élevage et des produits laitiers semble offrir une opportunité lucrative pour les États-membres actuels de la Cedeao en raison de tarifs d’importation relativement bas. Cependant, il reste beaucoup à faire au niveau des pays de la zone pour que leurs exportations dans ce secteur puissent être compétitives », indique l’étude.
Au niveau industriel, en raison des différences de développement entre le Maroc et d’autres pays de la zone, il est nécessaire de mettre en place des mesures de mise à niveau pour les industries des États-membres.
D’après nos sources diplomatiques, le royaume est prêt à participer à la réalisation des grands projets identifiés par la Cedeao, à la mise à niveau de l’agriculture et à la co-localisation dans l’industrie.
Etude d’Impact Sur Les Implications de l’Adhésion Du Maroc à La Cedeao by jeuneafrique on Scribd
Sahara occidental, facteur de division
Du point de vue politique, l’étude d’impact souligne certes que le Maroc joue un grand rôle dans la région, notamment dans les domaines de maintien de la paix et de lutte contre le terrorisme. Mais elle attire aussi l’attention des chefs d’État de la Cedeao sur la nécessité d’anticiper la manière de traiter la question du Sahara occidental. Car « elle constitue un potentiel facteur qui pourrait créer des divisions entre les États membres actuels dans le cas où le Maroc deviendrait membre ».
Enfin, l’étude d’impact relève que la demande d’adhésion du Maroc pourrait inciter d’autres pays à le faire. De fait, la Cedeao devrait réexaminer de plus près ces pré-conditions d’adhésion.
Pour résumer, si rien n’empêche l’acceptation du Maroc au sein de la Cedeao, il faudra des mesures transitoires accompagnés d’une mise à niveau de certaines économies de la région pour bénéficier équitablement du marché commun.